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EARL Mousset

De Triple Performance
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Ferme en polyculture élevage, semis direct et pâturage de couverts
Arthur Mousset
Institut Agro Montpellier Haute-Vienne (département) Polyculture-élevage

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Illustration Arthur Mousset.jpg

Arthur Mousset, installé depuis 2020, a repris l'exploitation familiale de production céréalière en semis direct, en y intégrant un atelier ovin viande, tout en adaptant les pratiques agricoles aux enjeux actuels. Polyculteur-éleveur en Haute-Vienne, il nous présente son exploitation, un système intégré combinant pratiques de semis direct et élevage ovin viande. En testant différentes pratiques qui l'intéresse, il a choisi d’intégrer des méthodes agronomiques favorisant la vie du sol et l'autonomie de son exploitation. Son approche combine un système qui préserve la structure de ses sols d'origine granitique, une diversification de ses activités, l’ajout d’un atelier ovin et le maintien d’une rotation de cultures diversifiée qui concerne aussi la gestion des couverts.

Présentation de la ferme

  • Nom : Arthur Mousset
  • Localisation : Breuilaufa (Haute-Vienne)
  • Nom de l’exploitation : EARL Mousset
  • Production : Polyculture-élevage
  • SAU : 205 ha
  • UTH : 1
  • Cultures :  orge, escourgeon, blé, colza, féverole, avoine blanche, tournesol
  • Cheptel : 250 brebis et 250 - 300 agneaux
  • Cahier des charges : L’agneau du limousin
  • Sol : Sol hydromorphe qui a été drainé dans les années 1980,  limoneux avec beaucoup de cailloux, donc très usant et avec des lissages en conditions humides, ce qui rend le sol un peu trop émietté.
  • Climat : Très humide avec fortes variations, avec des saisons très sèches et des saisons très humides, ce qui a aussi un impact sur le sol hydromorphe

Spécificité

Prélèvement de terre avec 3 vers de terre sur une parcelle de féverole semée en semis direct dans un couvert de sorgho.
  • Tracteur et pulvérisateur en propre, toutes les autres équipements qu’il utilise sont partagés entre les agriculteurs de la CUMA
Arthur Mousset observant un prélèvement de terre à la bêche sur une parcelle de féverole semée en semis direct sur un couvert de sorgho.
Féverole semée en semis direct sur couvert de sorgho observé le 10 février 2025.


Déchaumeur à disque de la CUMA utilisé pour le travail du sol avant de l’orge de printemps.
Semoir de SD à disques de la CUMA.
Semoir de SD à disques de la CUMA.
Semoir à dents de la CUMA.
  • Expérimentation dans la ferme (pratiques, produits, différentes cultures, ITKs)
  • Ateliers d’élevage ovins : 250 brebis avec 250 à 300 agneaux

Historique de l'exploitation

1986 : Les parents d’Arthur Mousset sont arrivés dans la région Limousin. Son père, qui était éleveur dans les Deux-Sèvres, décide de réorienter son activité en passant de l'élevage à la céréaliculture sur une exploitation de 150 ha à Breuilaufa. Venant d'une région au sol calcaire, son père a dû apprendre à gérer le sol acide hydromorphe de la ferme, qui était drainée partiellement avant qu’il arrive. Il a dû reprendre l’investissement du drainage qui était en cours sur la ferme.

1992 : Reprise de 50 ha + CUMA entraide (investissements ensemble pour le SD) :

  • Petit déchaumeur à pattes d’oie
  • Décompacteur avec dents Michel
  • Tracteurs CUMA
  • Semoir de SD Horsch modèle Sème-Exacte (technologie de semis à la volée)

1994 : Introduction du non labour avec notamment un gain de temps en raison de la réduction d'opérations. Changements progressifs d’équipements plus adaptés au système.

2013 : Introduction d'un atelier couverts avec moutarde premièrement et d’essais de SD des couverts.

2020 : Installation d’Arthur Mousset après le départ de son père à la retraite.

  • Réflexion et remise en question du système
  • Introduction d’atelier ovin viande nourrit de manière autonome avec du fourrage produit à la ferme
  • Investissement dans un tracteur et un pulvérisateur
  • Valorisation des couverts et fourrages
  • Maintien du semis direct scrupuleusement dans les premières années, puis adaptation aux enjeux rencontrés en réalisant des travaux du sol légers.

Objectifs globaux

Depuis son installation, Arthur cherche à développer un système de production le plus durable possible. En effet, il souhaite être ouvert à l’expérimentation de nouvelles méthodes qui combinent à la fois l’élevage et les grandes cultures, en favorisant la synergie entre ses brebis et ses cultures.

Par ailleurs, son aspiration est de devenir de plus en plus autonome dans son exploitation, tant en ce qui concerne l’alimentation animale que la production de céréales. Son objectif est de créer une production plus résiliente face aux enjeux du changement climatique, tout en diversifiant ses cultures. Selon lui, cela lui permettrait de renforcer la sécurité de son exploitation et d’assurer une stabilité économique à long terme.

Système actuel

Le système actuel est composé d’un atelier d’élevage ovin viande et d’un atelier grandes cultures complémentaires. Arthur Mousset organise sa réflexion de l’atelier grandes cultures en fonction des exigences de son troupeau. Il a notamment un système de couverts pâturés par ses brebis. Pour leur implantation, il adapte les rotations en fonction des besoins de son troupeau.

Système d'élevage

Le système d’élevage est composé d’un cheptel de 250 brebis et 9 béliers, avec une production annuelle d’environ 250 à 300 agneaux. Les brebis sont élevées en plein air toute l'année et pâturent selon un système de pâturage tournant dynamique sur des prairies permanentes et des couverts.

Calendrier (cheptel et fourrage)

Calendrier Elevage Arthur Mousset.jpg

Gestion du fourrage

Le pâturage de ses brebis est géré sur 35 ha de prairies permanentes ainsi que 30 à 40 ha de couverts en automne en fonction des années. En complément, il s'approvisionne d’environ 6 t de foin par an. N’étant pas équipé pour la fenaison, il récupère gratuitement ce foin chez un de ses voisins.

Il fait parfois pâturer au fil certaines de ses cultures comme l’orge et le colza. Il réalise cela en fonction des années quand il estime qu’il y a de bonnes conditions. Il n’a pas observé de différence significative de rendement sur ces cultures lorsqu’il a réalisé cela.  Le colza a même tendance à mieux démarrer en sortie d’hiver.

Pour la gestion des surfaces pâturées, il ne réalise pas d’analyses d’herbe et estime la qualité nutritionnelle de son fourrage en fonction de l’état visuel de ses brebis. De plus, il privilégie toujours une bonne alimentation des agneaux.

Hors période d’agnelage, les brebis pâturent les prairies sur des surfaces d’environ 2 ha et tournent tous les 3 à 4 jours. Il y a donc un temps de retour d’environ 60 à 70 jours en été.

Caractéristiques des surfaces fourragères

Il a semé les prairies sur lesquelles pâturent ses brebis il y a 5 ans lors de son installation. Elles sont composées de trèfle blanc, chicorée, plantain et ray-grass. Depuis le trèfle blanc a pris le dessus. Il a aussi remarqué que la chicorée persistait bien l’été et permettait d’assurer un fourrage de qualité pour les brebis.

Les couverts qu’il fait pâturer sont du trèfle blanc et du sorgho fourrager.

Gestion des races et de la reproduction

Lors de son installation, il a acheté 250 brebis croisement Scottish mule (race rustique) et Texel (conformation) et 9 béliers de différentes races comme : Charmoise, Charollais, Suffolk, Berrichon du cher, Beltex, Texel.

Lors de la reproduction, il ne gère pas les croisements car il ne voit pas d’intérêts à garder des races pures.

La mise en lutte est réalisée naturellement sans insémination artificielle.

Avant la mise bas, une vétérinaire vient réaliser des échographies sur l’ensemble des brebis pour déterminer le nombre et le stade de développement de chaque agneau. Cela lui permet de réaliser des lots de brebis suivant le nombre d’agneaux attendus et leur stade de développement afin d’anticiper la période d’agnelage qui est une période à forte charge de travail. Cela lui permet aussi d’éviter que des agneaux perdent leur mère dans un trop grand groupe et pouvoir repérer et gérer les agneaux les plus faibles. Ceux-ci sont placés dans un tunnel et sont nourris au biberon avec de la poudre de lait. Ensuite, ils ne retournent pas à l’herbe et sont nourris à l’aliment. Si certains agneaux ne sont plus nourris par leur mère ils peuvent aussi être adoptés par d’autres brebis ou être échangés avec d’autres voisins éleveurs.

Pour le renouvellement du troupeau, il garde environ 50 agnelles par an pour remplacer les brebis réformées ou mortes, notamment à l’agnelage.

Gestion du risque sanitaire

Il essaye de réaliser le moins de traitements possible en travaillant l’immunité de ses brebis. En tout, il réalise au maximum 3 à 4 traitements par an.

  • Il réalise lui-même un traitement au Dectomax qui est un antiparasitaire avant la mise en lutte. Il estime que ce traitement est peut-être un peu trop fort car il y a un délai d’attente de 70 jours avant de pouvoir vendre la viande.  
  • Il réalise aussi 1 ou 2 traitements contre le ténias et 1 ou 2 traitements contre les strongles en fonction de l’année et des besoins du troupeau. Généralement les agneaux qui restent le plus longtemps sur l’exploitation reçoivent plus de traitements.

Il réalise des traitements locaux sur quelques brebis. Il repère souvent des boiteries, qui peuvent être dues à différents facteurs :

  • A cause de ses sols humides, il observe souvent des problèmes de piétin sur son troupeau. Cependant, il ne réalise pas de traitement car il faut faire passer les brebis dans une baignoire et c’est une procédure compliquée qui est stressante pour le troupeau.
  • Il observe aussi des myiases qui sont des infestations parasitaires causées par des mouches qui pondent des larves dans les pieds des brebis. Pour les traiter il faut réaliser des traitements localement sur les plaies, ce qui peut être compliqué pour lui à faire car cela tombe à la même période que les moissons.
  • Cette année il a aussi eu 5 cas de salmonellose qui a provoqué des avortements chez certaines brebis mais le vétérinaire n’a pas prescrit de traitement très efficace.

Lors de l'agnelage, il estime avoir une mortalité de 10 à 15%, ce qui est relativement élevé. Il pense que cela est dû à l’élevage en plein air, qui présente des conditions plus difficiles qu’en bergerie.

Commercialisation des agneaux

Les agneaux élevés sur l’exploitation sont vendus à la coopérative agricole Sicarev et sont abattus à 15 minutes de l’exploitation. Il doit vendre ses agneaux à un poids carcasse de 20kg ce qui équivaut à un poids vif de  42 à 45 kg.

De plus, il les vend en label rouge agneaux du Limousin avec un cahier des charges qu’il considère comme peu contraignant. Il faut que les agneaux soient d’une race bouchère, élevés sous la mère pendant 2 mois, nourris sans OGM et identifiés avant 7 jours.

Système de production végétale

Réflexion dans le choix de l'itinéraire technique

Arthur s’attache à adapter ses cultures et ses itinéraires techniques en fonction des conditions météorologiques, du contexte de la parcelle, du salissement… Intéressé par l’agronomie et voyant les problèmes qu’ils rencontrent tous les jours sur son exploitation, il a réalisé beaucoup d’essais depuis son installation que ce soit en implantant de nouvelles cultures (maïs, sorgho grain), des nouvelles associations (trèfle blanc nain-colza, trèfle blanc nain-blé), en changeant ses itinéraires techniques (retour à la fissuration, déchaumages à disques) ou encore en testant de nouveaux produits (Blue-N).

Actuellement, il souhaite simplifier son système de culture notamment par la prise de conscience des risques pris qui se sont fait ressentir notamment sur la campagne de l’an passé. Également, il souhaite se concentrer sur l’installation de sa femme et son développement d’un projet d’engraissement à l’herbe de bœufs Angus.

Amendements

Arthur réalise assez peu d’amendements organiques pour deux raisons : il n’en produit que très peu chaque année (entre 0 et 10 t) mais aussi car le sol de ses parcelles est riche : 3,5 à 4% de M.O.! Ces taux sont largement suffisants pour cultiver dans de bonnes conditions les grandes cultures.

Cependant, notamment avant une culture de tournesol et dans des parcelles qui le permettent, il apporte un compost  issu d’un mélange de déchets verts et boues d’épuration de la ville de Limoges. En effet, une plateforme de compostage se situe à proximité et propose cette matière gratuitement. Seuls les coûts d’épandage et de transport sont à prendre en compte : 5,5€ la tonne. L’épandage de cette matière est encadrée : impossible dans les parcelles déjà chargées en métaux lourds, jamais deux ans de suite.

Ce compost est riche en nutriments sous forme organique et minérale notamment l’azote et phosphore. Son apport permet de combler les besoins en azote du tournesol notamment.

Il aimerait essayer d’en mettre avant une culture de colza mais les fenêtres d’épandages sont assez resserrées et entrent en concurrence avec l’implantation des couverts végétaux. Arthur émet aussi quelques doutes sur le bienfait à long terme de cette pratique.

Il réalise aussi des amendements calciques sur ses parcelles pour éviter une acidification de ses sols, acidification qui est notamment liée à la nature granitique de la roche mère.

Fertilisation

Pas de suivi de PPF (plan prévisionnel de fertilisation), ni de calculs spécifiques vis-à-vis des doses apportées en engrais. La principale raison à cela est qu’il n’y a pas de réglementations spécifiques vis-à-vis de l’azote.

Cependant, ces dernières années, il y a eu changement de forme utilisée : cette année, il n’a acheté que de l’azote soufré.

Protection des cultures

L’agriculteur est confronté à des problèmes de ravenelles et de vulpin sur certaines de ses parcelles. Il essaye d’alterner les molécules chimiques pour lutter efficacement contre les adventices et ne pas développer des résistances. Il pense que c’est important de connaître les molécules utilisées plutôt que le nom des produits car une molécule peut être utilisée dans différents produits de noms différents.

Dans le cadre de sa démarche en semis direct, Arthur utilise du glyphosate pour nettoyer ses parcelles avant le semis.

Il utilise également la pulvérisation basse pression bas volume grâce à des buses spécifiques pour utiliser moins d’eau.

Après plusieurs essais non concluants d’usage de biostimulants, notamment durant la campagne dernière avec le produit Blue-N (Methylobacterium Symbioticum), bactérie fixatrice d’azote, Arthur n’en n’utilise plus du tout sur l’exploitation.

Travail du sol

Arthur est revenu sur un travail du sol profond de façon partielle sur l’exploitation ces dernières années. Après avoir expérimenté 3 ans de semis direct sur l’entièreté de l’exploitation, Arthur a constaté une dégradation de la structure de ses sols qui ont repris en masse ce qui a affecté le rendement. Pour lui, il ne faut pas être trop dogmatique et ne pas s’interdire de réutiliser des outils lorsque le sol seul ne peut pas se réparer directement.

Fissurateur de la CUMA utilisé pour les opérations de décompaction.

Zoom sur les cultures

Blé et orge d'hiver
Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct
Produits phytosanitaires Herbicide non sélectif pré-levée +Herbicide racinaire post-levée + rattrapage au printemps (hormones) + fongicide
Fertilisation 150 unités d’azote

Arthur a tenté de semer du blé sous couvert de trèfle pour la campagne 2024 sans grand succès. Le trèfle a pris le dessus même après une régulation par pâturage.

Féverole

La culture de la féverole est une culture qu’Arthur souhaite développer sur la ferme. C’est avec cette culture qu’il se tire la meilleure marge. Elle a des résultats constants autour de 35 q/ha. La féverole se développe toujours sans difficulté en semis direct. “C’est la culture qui se débrouille le mieux en semis direct, la féverole a un système racinaire agressif qui lui permet de se débrouiller très bien dans des conditions difficiles (froid et tassement)”

Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct
Produits phytosanitaires Herbicide non sélectif pré-levée + Herbicide post-levée + rattrapage au printemps (hormones)
Colza

Problème de sclérotinia. Semis de colza avec du trèfle blanc nain. Si le trèfle pousse vite, nécessité de passer à un désherbage. Semé à 4kg/ha.

Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct+ colza Alicia (floraison très précoce)
Produits phytosanitaires Herbicide non sélectif pré-levée + Herbicide post-levée + rattrapage au printemps (hormones) + fongicide
Fertilisation 150 Unités d’Azote
Avoine blanche

Il cultive l’avoine depuis 2 ans.  Il en est plutôt satisfait car c’est une culture qui ne nécessite pas de désherbage ni de fongicides. Elle demande aussi peu d’azote. Il compte continuer de développer cette culture qui ne nécessite pas d’investissements importants et a un rendement assez régulier (48 q/ha l’année dernière).

Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct
Produits phytosanitaires Herbicide non sélectif pré-levée
Fertilisation 80 Unités d’Azote
Tournesol

Le tournesol est une culture assez intéressante pour Arthur avec un rendement assez constant autour de 15-20q . L’apport de compost permet de compléter tous les besoins en azote de la culture.

Pré-semis Apport de compost (7t/ha)
Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct
Produits phytosanitaires Herbicide non sélectif pré-levée + Herbicide post-levée (hormones) + anti-limaces
Fertilisation 0 Unité d’azote
Orge de printemps

Il a commencé à cultiver de l’orge de printemps l’année dernière. Il le sème en février et cela permet de mieux gérer les décalages. Cependant les conditions de semis à cette période peuvent être compliquées sur les sols hydromorphes de l’exploitation.

Semis Semoir à disques direct John Deere ou semoir à dents direct
Produits phytosanitaires Herbicide post-levée (hormones)
Fertilisation 50 Unités d’Azote
Couverts

Concernant les couverts végétaux, Arthur sème du sorgho fourrager de la variété Piper, qui est un sorgho multicoupe. Il est globalement satisfait de ce couvert, qui lui coûte moins de 50€  de l’hectare. Il a essayé d’associer le sorgho à d’autres espèces comme le trèfle incarnat sans réel succès. Le sorgho prend systématiquement le dessus.

Il  a également essayé de semer du moha à la place du sorgho en association avec du trèfle incarnat. Cette association fournissait selon lui un fourrage plus qualitatif pour les brebis mais son prix trop élevé (supérieur à 50€/ha) ne permet pas de l’appliquer sur la ferme.

Il sème généralement ce couvert après les cultures récoltées tôt en été (sauf le colza). Il essaye toujours d’avoir une surface d’environ 40 ha de ce couvert.

Résultats constatés des nouvelles pratiques

Mise en place de couverts à destination fourragère

Le couvert de sorgho permet de fournir une alimentation riche aux brebis à un moment de l’année où les prairies produisent moins. Ce système lui permet de se passer presque totalement de fourrages d’origine extérieure. C’est la clef de son système pour avoir des brebis 12 mois dehors et être autonome sur l’alimentation.

La paille de sorgho, très ligneuse, permet également une implantation facilitée des cultures suivantes en semis direct notamment la féverole.

Semis direct

Le semis direct a permis à Arthur de limiter ses charges de mécanisation. Cependant, après 5 années de non-labour, ses sols ont pris en masse et se sont compactés. Selon lui, il n’y a pas de plantes qui permettent de vraiment recréer une structure (à part, ironie du sort, la ravenelle, principale adventice de l’exploitation qui peut avoir un système racinaire très développé). “Je pense que c’est une connerie de s'entêter à faire du semis direct”, précise Arthur. Il pense que le sol de ses parcelles n’était pas prêt pour subir ce changement. Il y a nécessité de réfléchir sur du long terme pour ce genre de transition et justement le travail du sol peut y aider.

PRATIQUES AVANTAGES LIMITES
Introduction atelier ovin viande Diversification de la production, plus résilient aux enjeux climatiques Chronophage pour la gestion des moutons
Semis direct Conservation du sol, augmentation taux M.O., augmentation de la vie du sol Peut aggraver la compaction du sol, engendre une perte de potentiel de rendement parfois, peu de conseil (aides techniques) dans la région
Couverts Protège la surface du sol, recyclage des nutriments et permet d’augmenter l’autonomie alimentaire pour les animaux Nécessite d’être semé derrière la moissonneuse-batteuse pour exploiter l’humidité du sol à une période chargée en travail

Bilan économique

Bilan social

Arthur Mousset est très satisfait de son travail quotidien, mais cela lui arrive de se sentir isolé sur le territoire. En moyenne, il estime travailler environ 40 heures par semaine, avec une surcharge de travail durant environ 10 semaines par an, notamment lors des périodes d'agnelage, de moisson et de semis.

Formations et sources d'informations

Dans la coopérative Océalia il fait partie d’un groupe de travail avec lequel il participe à des ateliers techniques et des conférences. En dehors de la coopérative, il fait partie d’un groupe WhatsApp regroupant de nombreux agriculteurs avec lesquels il peut échanger sur des sujets variés. Il s’informe aussi sur internet notamment en regardant les vidéos Youtube de Samuel Boucher en Agriculture de Conservation des Sols.

Discussion des pratiques

Arthur met en place plusieurs pratiques agroécologiques dans la transition vers une agriculture durable:

  • Semis direct
  • Autonomie fourragère
  • Allongement des rotations

Ces pratiques permettent de répondre à différents enjeux. Le semis direct améliorerait le taux de carbone (+ 7%) et son stock malgré une baisse de production en matière aérienne et racinaire du maïs.[1][2] Cette pratique permettrait d’améliorer le potassium et phosphore échangeable.[2] La vie du sol serait également moins perturbée avec notamment plus de bactéries, bactéries fixatrices d’azote, de champignons et de vers de terre favorisant une bonne structure du sol.[3][4][5] Enfin, cette pratique présente d’autant plus de succès pour les parcelles qualifiées comme “propres”, soit avec une faible pression des adventices.[6] Le semis direct est un levier majeur en agriculture de conservation permettant de limiter l’érosion et réduire les charges en carburant.[6] Sa réussite est favorisée par l’association de plusieurs leviers tels que les couverts (semis direct sous couvert) et/ou l’allongement des rotations.


L’autonomie fourragère permettrait d’avoir un système d’élevage financièrement intéressant . Il réduit les coûts de mécanisation et pousse à optimiser la productivité en quantité et en qualité des fourrages. Elle permet de limiter la dépendance aux fournisseurs extérieurs et donc aussi à la volatilité des prix de l’aliment.[7]

Cependant, la mise en place de cette pratique nécessite une meilleure gestion de la surface pâturée en intégrant de nouvelles pratiques comme le déprimage, l'adaptation des surfaces fourragères aux besoins du troupeau notamment les protéines.[8]


L’allongement des rotations fait partie intégrante d’un système de culture innovant robuste avec des résultats économiques satisfaisants. Les motivations à la diversification sont diverses[9]:

  • Des nouveaux débouchés
  • Adaptation à de nouvelles politiques
  • Gestion des adventices (d’autant plus en TCS)
  • Réduire l’utilisation de produits phytosanitaires
  • Avoir un système de culture moins sensible aux aléas liés au changement climatique
  • Réduction du temps de travail sur l’année
  • Améliorer la fertilité des sols, structure…

En revanche, ces rotations doivent être réfléchies en amont, et peuvent dépendre du précédent cultural.[9] Si celles-ci sont bien mises en place, les rotations peuvent conduire à des augmentations de rendement qui ne peuvent être compensées par l’utilisation d’engrais .[10] Enfin, les parcelles en rotation culturale présentent une diversité et richesse spécifique supérieures ayant une influence sur le cycle des nutriments et favorisant une meilleure résilience face aux stress biotiques (maladies) et abiotiques.[11][12]

Perspectives

Arthur Mousset vise à se concentrer sur la bonne implantation des couverts végétaux, soulignant qu'il ne faut pas être trop dogmatique sur certaines pratiques, comme le recours à la fissuration du sol, qui peut être envisagée de manière plus flexible en fonction des conditions spécifiques de chaque exploitation.

Dans les prochaines années, avec sa femme qui commence également à s'impliquer dans les travaux de la ferme, il envisage d'introduire un atelier bovin de viande, tout en augmentant sa superficie en reprenant la parcelle d'un voisin qui prendra sa retraite.

Conseils de l'agriculteur

À son avis, il dirait que pour ceux qui cherchent à tester de nouvelles pratiques, il vaut mieux se fixer un objectif précis et ne pas vouloir tout faire en même temps, mais avancer petit à petit pour bien réaliser les choses fondamentales.


La version initiale de cet article a été rédigée par Simon Delles, Tiago Brambilla Pascolati Gomes et Marie Folie,


Sources et références

  1. Eric Scopel, Antoine Findeling, Enrique Chavez Guerra, Marc Corbeels. 2005. Impact of direct sowing mulch-based cropping systems on soil carbon, soil erosion and maize yield. Agronomy for Sustainable Development, 25 (4), pp.425-432. https://hal.science/hal-00886259/
  2. 2,0 et 2,1 Dridiger V.K., Ivanov A.L., Belobrov V.P., Kutovaya O.V. 2020. Rehabilitation of Soil Properties by Using Direct Seeding Technology. Eurasian Soil Sc. 53, 1293–1301. https://doi.org/10.1134/S1064229320090033
  3. Werner J., Urs Z., Thomas A., Brigitte D., Marcel Van der Heijden. 2011. Un travail du sol réduit protège les vers de terre. Recherche Agronomique Suisse 2 (10) : 432–439
  4. AgroLeague, https://www.agro-league.com/semis-direct
  5. Bazaya B.R., Sen A., Srivastava V.K. 2009. Planting methods and nitrogen effects on crop yield and soil quality under direct seeded rice in the Indo-Gangetic plains of eastern India. Soil and Tillage Research, 105 : 27-32. https://doi.org/10.1016/j.still.2009.05.006
  6. 6,0 et 6,1 Jérôme Labreuche, ARVALIS. 2006.https://www.arvalis.fr/sites/default/files/imported_files/326_1281900530722807656.pdf
  7. https://www.web-agri.fr/fourrage/article/164096/plus-d-autonomie-fourragere-oui-mais-pas-a-n-importe-quel-prix-
  8. https://www.isagri.fr/ressources/articles/autonomie-fourragere-elevage-bovin-ovin
  9. 9,0 et 9,1 Terres Inovia, https://www.terresinovia.fr/-/allonger-les-rotations-et-diversifier-les-systemes-de-culture
  10. Bullock, D. G. 1992. Crop rotation. Critical Reviews in Plant Sciences, 11(4), 309–326. https://doi.org/10.1080/07352689209382349
  11. Yu, T., Mahe, L., Li, Y., Wei, X., Deng, X., & Zhang, D. 2022. Benefits of Crop Rotation on Climate Resilience and Its Prospects in China. Agronomy, 12(2), 436. https://doi.org/10.3390/agronomy12020436
  12. Venter Z.S., Jacobs K., Hawkins H.J. 2016. The Impact of crop rotation on soil microbial diversity: A meta-analysis. Pedobiologia. 59 : 215-223. https://doi.org/10.1016/j.pedobi.2016.04.001
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