Détruire un couvert végétal

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Destruction d'un couvert végétal


Idéalement, la destruction du couvert se ferait au moment du semis, pour maximiser l’effet du couvert sur le sol et sur la biodiversité. Plus le couvert sera détruit tard, plus il produira de la biomasse aérienne et fixera du carbone et de l’azote. Les éleveurs connaissent bien ce phénomène. Au printemps chaque jour de gagné avant la récolte augmente la production de fourrage. Bien sûr, il en est de même avec les couverts.

Choix de la date

Avant de choisir le mode de destruction du couvert, il faut déterminer la date d’intervention. Celle-ci relève d’un compromis entre deux objectifs :

  • Laisser le temps au couvert de jouer pleinement son rôle : piégeage de nitrates, fixation d’azote par les légumineuses, protection du sol, ...
  • Eviter un effet dépressif sur la culture suivante : en préservant la disponibilité en eau et en azote sans gêner son implantation.

La date de destruction du couvert est essentielle et vise à faire coïncider la période de forte minéralisation avec la période d’absorption de la culture suivante.

Selon l'espèce

La date de destruction varie selon qu’il s’agit de légumineuses, graminées ou crucifères. Il faut tenir compte de la montée à graine des espèces : des espèces comme le radis fourrager, qui monte à graine rapidement après son implantation, doivent être détruites en automne. En revanche, si le couvert est composé de légumineuses, avec un rapport C/N plus bas et un cycle de développement plus long, on peut attendre pour la destruction car la minéralisation peut se faire plus rapidement.

Selon les objectifs souhaités

Plus le couvert est à un stade avancé, plus le taux de lignine augmente et moins les éléments nutritifs seront libérés rapidement :

  • Si on souhaite enrichir son sol en matière organique, il pourra alors laisser le couvert se lignifier pour avoir un rapport C/N adéquat.
  • Si on cherche à fournir de l’azote à la culture suivante, il faut attendre leur floraison pour détruire le couvert.
  • Enfin, si on veut piéger les nutriments et éviter la lixiviation d’azote (pour les bénéfices environnementaux et agronomiques ou pour respecter la réglementation), il faut attendre les symptômes de carences en azote du couvert (signe que tout l’azote du sol a été piégé). Afin de limiter les fuites de nitrates, le couvert doit être maintenu pendant les mois d’octobre et novembre (période de drainage). Le laisser plus longtemps n’est pas nécessaire pour cet objectif car l’efficacité du couvert à piéger les nitrates diminue au cours du temps.
  • Si on chercher à maximiser l'effet des racines : détruire le couvert au moment du semis maximise l’effet racines, il y plus d’exsudats racinaires et cela permet de conserver les endomycorhizes le plus longtemps possible. Leur survie estimée dans le sol sans racines n’est que de quelques semaines.
  • Si on cherche à régler une problématique hydrique :
    • Tant que le couvert est vivant, il continue à “pomper de l’eau”. Ce phénomène est bien connu des éleveurs, habitués à ensiler des ray grass au printemps par exemple. Dans des situations séchantes, le couvert vivant risque de trop assécher le profil du sol et de nuire à la culture suivante. Dans ces cas là il est important d’anticiper sa destruction pour éviter le phénomène.
    • Au contraire c’est un phénomène qui peut être utilisé pour permettre le semis de céréales de printemps sur des parcelles qui ont du mal à ressuyer. Dans ces cas là, semer dans un couvert vivant sera le meilleur moyen de ressuyer le profil pour semer plus tôt et de maximiser la portance.

Pour éviter des difficultés au moment de la destruction et permettre au couvert de se décomposer et de fournir une partie de l’azote piégé, les besoins d’azote de la culture suivante doivent être pris en compte : à besoin d’azote précoce, destruction du couvert précoce (mi-novembre). Pour les cultures dont les besoins d’azote sont plus tardifs, la destruction peut intervenir plus tard. De plus, cela est cohérent avec la directive nitrates de la majorité des départements.

Selon la restitution azotée

La période juste avant floraison est celle où la plante est la plus concentrée en éléments nutritifs, avec comme effets à court terme :

  • Apport de carbone labile (matière à haute valeur nutritive ou énergétique, non protégée et facilement dégradable par les microorganismes) pour mieux nourrir le sol ;
  • “Priming effect” : surminéralisation de la matière organique du sol après un apport de matière organique fraiche ;
  • Développement d’un pool bactérien dans le sol.

La période après floraison marque l’envoi des éléments nutritifs dans les appareils reproducteurs de la plante et l’augmentation du rapport C/N du couvert, avec comme effets à moyen-long terme :

  • Développement d’un pool de champignons dans le sol : les lignines nourrissent les champignons, ce qui favorise la stabilisation de la MO.
  • Stockage de MO stable : amélioration de la stabilité structurale du sol et de la résilience du système.

La plus grande partie de la matière organique stable vient des racines et des exsudats. Il est donc essentiel pour un système agricole d’avoir à la fois de la matière organique labile et stable.

Indicateur : le rapport C/N

Le rapport C/N est un indicateur qui permet d'apprécier l’aptitude de la matière organique à se décomposer plus ou moins rapidement dans le sol : plus le rapport C/N augmente, plus la dynamique de minéralisation est lente.

Le graphique suivant, publié dans la revue Perspectives Agricoles, provient d’une étude d’Arvalis visant à montrer l’impact du rapport C/N sur la minéralisation et sur les restitutions que l’on peut attendre du couvert végétal.

L’essai a été mené sur trois types de couverts :

  • Légumineuse en vert (C/N = 12).
  • Légumineuse + crucifère en marron (C/N = 19)
  • Crucifère en orange (C/N = 23).

On peut voir que plus le rapport C/N est élevé et moins l’azote est minéralisé rapidement.

La vesce commune restitue plus d’azote et plus vite que les deux autres.

Méthodes de calcul des restitutions azotés

Pour un couvert de féverole

  • Restitutions : C/N = 13 ; production de 3 tMS/ha avec 42% de C ⇒ 1260 kg de C/ha ; 1260/13 = 96 kg N/ha restitués.
  • Besoins : Le sol a un C/N situé entre 8 et 12. Lorsque l’apport de MO sort de cette tranche, les micro-organismes vont aller chercher de l’azote (ou du carbone, plus rare) dans le sol s’il en manque dans le couvert. Les bactéries consomment environ 30% du carbone restitué : 1260*30% = 378 kg C/ha sont ingérés par les micro-organismes du sol. En prenant un ratio pour retrouver un C/N de 10, cela donne un besoin azoté de 37,8 kg N/ha à trouver.
  • Bilan positif : 96 - 37,8 = 58 kg N/ha.

Pour un couvert d’avoine

  • Restitutions : C/N = 43 ; production de 3,6 tMS/ha ; 33% de C ⇒ 1188 kg de C/ha ⇒ 1188/43 = 27 kg N/ha restitués.
  • Besoins : Les bactéries consomment environ 30% du carbone restitué ⇒ 1188*30% = 365,5 kg C/ha sont ingérés par les micro-organismes du sol ⇒ En prenant un ratio pour retrouver un C/N de 10, cela donne un besoin azoté de 35 kg N/ha à trouver.
  • Bilan négatif : 27 - 35 = -8 kg N/ha.
Disponibilité en azote derrière un couvert de vesce en agriculture biologique (RAYNS, 1996)

Selon le stade de destruction

Agronomiquement, une destruction juste avant floraison est optimale pour un bon développement des légumineuses.

Ce graphique suivant, issu des travaux de Francis Rayns, présente l’impact de trois dates de destruction différentes pour un couvert de vesce d’hiver sur les flux d’azote dans le sol :

  • La courbe rouge représente la modalité “destruction précoce” au 26 mars. On observe un plus comparé au témoin en termes de relargage d’azote. Néanmoins, on note qu’elle reste en-dessous des deux autres modalités.
  • La courbe verte représente la modalité “destruction tardive” le 2 mai : on observe un vrai gain d’azote minéral comparé aux deux autres modalités. Le relargage d’azote de la légumineuse est optimal et le le retour sur investissement en termes de nutrition azotée de la culture suivante est meilleur.

L’approche de destruction du couvert doit toujours rester pragmatique, mais ces chiffres montrent que pour un même couvert initial, le retour en termes de relargage d’éléments est différent selon la date de destruction.

Selon la culture suivante

Culture de printemps

Le couvert doit être détruit environ deux mois avant le semis de la culture suivante, afin de laisser le temps aux résidus de se décomposer et de ne pas avoir d’effets dépressifs pour la culture suivante.

Culture d’automne

Il est possible de détruire le couvert juste avant le semis de la culture suivante sans avoir d’effet dépressif : la céréale ayant des besoins en azote plus faibles en automne. La période d’automne et d’hiver permet à l’azote du couvert d’être minéralisé et à la réserve en eau du sol de se recharger avant la montaison de la céréale.

Selon le type de sol

Le couvert met plus ou moins de temps à se décomposer selon le type de sol. Par exemple, dans un sol argilo-calcaire, les graminées et les céréales se décomposent très mal en sortie d’hiver. Le type de sol joue également sur les travaux à réaliser sur la parcelle : un sol lourd nécessite souvent une destruction précoce du couvert car le ressuyage est assez lent, tandis qu’un sol léger, battant et ressuyant correctement, supporte une destruction plus tardive.

Le tableau ci-dessous donne quelques préconisations afin de choisir le moment idéal pour la destruction du couvert en fonction du type de sol, de la culture suivante et s’il y a recours ou non au labour.


Type de sol Culture suivante
Culture d'hiver Culture de printemps Maïs, tournesol
Limon sain, craie, sable Juste avant le semis De mi-novembre à mi-décembre De novembre à février (début mars au plus tard)
Limon argileux, sol argilo-calcaire - Labour: dès le

15/11.

Non labour : entre le 15/11 et début février

Sol argileux -  Non labour : Juste avant le semis

-  Labour : Anticiper la date de destruction et de labour

-  Non labour : 15/11

- Labour : Anticiper la date de destruction et de labour

- Non labour : mi-novembre à mi-décembre

-  Labour : Anticiper la date de destruction et de labour

Tableau 1 : Dates conseillées de destruction des couverts, en fonction du sol et de la culture suivante - Arvalis.

Se référer à la directive nitrate de son département pour déterminer à partir de quelle date la destruction d’un couvert est autorisée !


De manière générale, un couvert bien développé est plus facile à détruire qu’un petit couvert, malgré un risque de bourrage plus élevé pour certains outils.

Choix de la technique

Roulage, broyage, labour, travail du sol ou encore gel, les techniques de destruction sont multiples et plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour choisir le mode de destruction du couvert.

Le matériel disponible

L’espèce (ou les espèces) du couvert végétal sont bien sûr à choisir en fonction du matériel à disposition.

En cas de non labour

Il faudra alors choisir des espèces qui peuvent être détruites autrement que par le labour, comme les espèces gélives par exemple.

La portance des sols

Si on ne peut pas accéder aux parcelles pendant l’hiver du fait de sols non portants, il faut privilégier les espèces qui peuvent être détruites par le gel ou qui peuvent être mécaniquement détruites au printemps. Malgré ces préconisations, il faut surveiller le couvert et être prêt à intervenir. C’est le cas des espèces gélives : s’il n’y a pas eu de gel avant le 31 décembre, il faudra alors envisager une destruction mécanique. Ou, encore, si vers la mi-novembre, une espèce est en floraison, il faut alors intervenir mécaniquement pour éviter toute montée en graine.


Les différents modes de destruction

Chimique

La méthode de destruction chimique du couvert d’interculture est utilisée en agriculture de conservation des sols afin de perturber le moins possible le sol.

Cette stratégie doit également prendre en compte les problématiques d’adventices de chaque parcelle (en particulier pour celles avec un historique de graminées adventives) et les homologations des produits qui ont évolué, notamment pour le glyphosate après semis.

Dans un rapport publié le 9 octobre 2020, l’ANSES a dévoilé les résultats de son évaluation comparative des alternatives au glyphosate en interculture. Il en ressort que cette molécule reste autorisée dans trois situations :

  • en non-labour avant cultures d’hiver et de printemps, à la dose de 1080 g/ha/an,
  • après un labour d’été/ début d’automne avant culture de printemps en sols hydromorphes uniquement, à la dose de 1080 g/ha/an,
  • dans le cadre de la « lutte réglementée » (présence de chardon, ambroisie…) et quelques cas de lutte d’organismes nuisibles réglementés (présence de bactéries de quarantaine ou de nématodes sur repousses de pomme de terre par exemple), à la dose de 2880 g/ha/an.


Dans les situations où il restera autorisé (en non-labour ou en labour d’été/début d’automne en sols hydromorphes), le glyphosate garde son intérêt : facile à mettre en œuvre, débits de chantiers importants, assez peu dépendant de l’humidité du sol avec peu d'impact sur la structure du sol en cas d'automne humide.


De nombreuses espèces sont sensibles à cet herbicide, en particulier les graminées (couverts, repousses ou adventices). Il est également possible d’y associer du 2,4-D pour améliorer l’efficacité de l’intervention sur les couverts de dicotylédones. Toutefois, l’emploi de ce produit entraîne un délai avant l’implantation de certaines cultures.


A ce jour, la directive nitrate peut limiter les possibilités de destruction chimique dans certains départements, en particulier sur des parcelles labourées régulièrement. Renseignez-vous auprès de votre préfecture.


Dans les situations où le glyphosate sera interdit, ou que la dose de 1080 g/ha/an pourra être mise en difficulté (notamment sur vivaces ou annuelles développées avant le semis d'une culture de printemps), le choix de l’espèce de couvert peut permettre de s’adapter en privilégiant les espèces faciles à détruire mécaniquement ou par le gel. Les couverts de graminées (seigle notamment) semblent cependant moins adaptés à ces techniques que d’autres, comme la moutarde ou la phacélie. La gestion des adventices ou des repousses restera également un problème à gérer, notamment si le couvert n’a pas pu jouer son pouvoir de compétition.

Effet de certains herbicides sur la luzerne, le lotier et le trèfle

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Mécanique

Le labour

En cas de labour, il est possible de profiter du retournement du sol pour détruire le couvert sans passage supplémentaire. Dans ce cas, la destruction du couvert ne génère rien de plus en termes de coût que la pratique habituelle sans couvert.

En revanche certaines complications peuvent survenir. Après enfouissement, des pieds peuvent repartir via leurs organes de réserve. C’est notamment le cas avec du radis ou de la navette. Des bourrages peuvent également arriver en présence de couverts très hauts comme la moutarde. Pour éviter ce problème, trois pistes peuvent être envisagées :

  • Broyer le couvert avant le labour.
  • Opter pour une espèce qui sera moins haute : on peut remplacer la moutarde par une phacélie par exemple. Le surcoût des semences de phacélie peut être « amorti » en économisant un broyage.
  • Coucher le couvert pour faciliter son enfouissement. Pour cela, diverses techniques existent : rouleaux à l’avant du tracteur, barres ou autres chaînes. Avec ces systèmes, il est préférable de retirer les rasettes pour faciliter l’écoulement de la végétation. Cela donne un labour moins esthétique mais plus pertinent d’un point de vue agronomique. Une partie des résidus est plaquée sur le flanc du labour au lieu que la totalité soit enfouie en fond de raie.

Le broyage

Broyeur

Le broyage des couverts est une technique très répandue et facile à mettre en œuvre. Le broyeur permet une meilleure disponibilité minérale, à condition de ne pas avoir de couvert avec un C/N trop élevé, il permet de réduire le volume de la végétation, ce qui facilite ensuite le travail du sol. Puisque le broyeur ne touche pas le sol, seul la portance du sol est à prendre en compte pour éviter la compaction. L’autre particularité de cette technique est de laisser 100 % des résidus en surface pour une bonne protection du sol. Cependant, le broyage est déconseillé sur des couverts de graminées puisque ces dernières sont capables de repousser après une coupe.

Certains nouveaux rouleaux « hacheurs » (lourds, pleins, équipés de lames saillantes et passés à grande vitesse) ont un mode d’action proche des broyeurs en hachant les tiges de plantes fragiles (moutarde, phacélie…).

Avantages :

  • Effet d'amorçage sur la décomposition de la MO.
  • Choix du semoir.

Inconvénients :

  • Débit de chantier faible ;
  • Coût : 40€/ha ;
  • Consommation de carburant plus élevée ;
  • Combiné : il faut de la puissance de relevage et une prise de force avant.

Le déchaumage

Déchaumeur

Utiliser un outil de déchaumage peut permettre de détruire un couvert tout en préparant le lit de semences de la culture suivante. Cette stratégie conjugue coût et débit de chantier plutôt favorables.

Les outils de ce type sont nombreux : déchaumeurs à disques indépendants, bêches roulantes, cultivateurs à deux ou trois rangées de dents ... Même s’il est légèrement grossier, le travail effectué va s’affiner au cours de l’hiver sous l’action du climat. Il va également permettre d’avoir des terres qui ressuient en surface plus rapidement au printemps.

  • Avec des outils à dents, le couvert sera plus ou moins enfoui selon la profondeur de travail. Des phénomènes de bourrage (vesce) peuvent survenir en cas de couverts très développés. Un broyage préalable peut alors être nécessaire.
    • ⚠️ Attention au bourrage (vesce) ;
    • ⚠️ Fonctionne mal sur les graminées ;
    • ⚠️ Fonctionne sur crucifères si elles ne sont pas fortement développées.
  • Les déchaumeurs à disques indépendants permettent de faire un mulchage des couverts. Les outils à grands disques sont bien adaptés, mais l’adaptation d’équipements comme un rouleau couteau améliore l’efficacité des outils à petits disques. Cet équipement est désormais disponible pour la plupart des constructeurs.
    • 👍 Ils hachent plus la matière organique ;
    • 👍 Intéressant sur des jeunes graminées ;
    • ⚠️ Difficile de faire un travail homogène sur graminées développées.
  • Les bêches roulantes sont également très à l’aise dans les couverts, y compris avec de fortes végétations.

Pour éviter toute mauvaise surprise, il faut veiller à travailler en bonnes conditions de ressuyage. Ces bonnes conditions pouvant n’apparaître que tardivement pendant l’hiver (voire pas du tout en cas d’hiver doux et humide), il peut sembler intéressant d’envisager d’autres modes de destruction moins dépendants de l’humidité du sol, comme un broyage si le couvert est sensible à ce mode de destruction. Cet aléa climatique nous montre à quel point il est important d’adapter ses pratiques en commençant par un choix d’espèces de couvert sensibles à différents moyens de destruction mécaniques, de manière à garder plusieurs cordes à son arc.

Avantages :

  • Réchauffement du sol et minéralisation.

Inconvénients :

  • Minéralisation : décapitalisation de la MO ;
  • Impact sur la structure du sol : attention aux conditions de reprise (risque de lissage).
  • Coût : environ 30 €/ha avec traction et main d’oeuvre.

Le roulage

Le roulage des couverts par des températures négatives peut fonctionner en hiver : les blessures provoquées par le rouleau amplifient les effets du gel sur les plantes. Il permet de garder le sol recouvert de résidus. Cependant, il peut occasionner des tassements du sol sous les roues du tracteur, en particulier si le sol n’est pas gelé sous le couvert. Le roulage effectué sur des petites gelées a une bonne efficacité sur de nombreuses espèces gélives, en particulier si elles sont bien développées.

A l’inverse, les couverts peu gélifs (graminées adventices ou repousses de blé) sont peu sensibles au roulage.

En l’absence de gel, les résultats d’un roulage sont décevants sur quasiment toutes les espèces, même avec un «rolo faca ». Seules certaines espèces très sensibles, comme la phacélie, seront détruites.

Assez rapide et peu coûteux, le roulage sur gel reste contraignant en termes d’organisation du travail : il faut être disponible les matinées ou les nuits où il va geler. Le gel peut également apparaître un peu tardivement, souvent en janvier ou février. Ce n’est donc pas bien adapté en vue de la mise en place de cultures de printemps précoces.

Le rouleau pinceur (FACA - DALBO et SACHO)
Comment choisir son mode de destruction 4.jpg

Il permet de coucher et de blesser un couvert végétal sans remuer le sol pour éviter les remises en germination.

Avantages :

  • Fonctionne bien sur les couverts de graminées épiées.
  • Débit de chantier important.
  • Coût abordable : 10 €/ha.
  • Forte cohérence dans une démarche de semis direct / strip till car permet de garder le sol couvert.

Inconvénients :

  • Poids : entre 4 et 6 tonnes. Peut impacter le sol si pas de gros couvert.
  • Les graminées au stade tallage ou pas encore suffisamment montées, peuvent repartir (intervention alternative pour ces espèces).
Le rouleau hacheur
Comment choisir son mode de destruction 5.jpg

Le rouleau hacheur permet de découper le couvert en petits brins. Avantages :

  • Accélération de la dégradation de la matière organique donc restitutions plus rapides.
  • Débit de chantier important.
  • Coût : 42 €/h (hors traction) : < 10 €/ha

Inconvenient :

  • Les graminées peuvent repartir de talles secondaires (ce que l’on rencontre moins avec les rouleaux FACA qui pincent).

Le cover crop

Pour une bonne efficacité, il faut qu'il soit large et lourd avec beaucoup de disques.

Des outils spécialisés

D'autres outils à vocation de destruction des couverts existent tels que :

Le gel

Laisser le couvert geler est sans aucun doute la solution idéale.

Cependant, l’apparition du gel à des températures suffisamment basses est aléatoire et parfois tardive par rapport aux objectifs de date de destruction. Cette option est donc plus pertinente dans les régions au climat continental comme le nord-est de la France ou les secteurs de montagne. Il est possible de prédire ses chances de réussite en fonction du climat local, de la date de destruction souhaitée et des espèces de couvert semées. Plus le couvert est développé, plus il est sensible au gel.

Attention : le salissement de la parcelle doit également être pris en compte. De nombreuses adventices ou repousses de blé sont assez peu gélives. Les couverts très gélifs vont disparaître dès les premières gelées blanches et stopper la concurrence sur les adventices, laissant ainsi la parcelle reverdir pendant l’hiver.

Le pâturage

Une technique qui se développe particulièrement pour les ovins. Les couverts sont semés tout de suite après la moisson et peuvent être pâturés deux mois plus tard. « Sous réserve d'avoir des espèces adaptées au pâturage des animaux, la qualité des couverts végétaux couvre leurs besoins, sans apport de concentré ni de fourrage », explique l'Idele.

La destruction des couverts à adapter au cas par cas

Destruction à l'automne

Dans le cas des intercultures courtes, la destruction du couvert (espèces estivales) doit avoir lieu avant le semis des cultures d'hiver. Possibilité de broyer ou d’écimer pour éviter la montée à graines du couvert. En fonction du développement du couvert, de la structure et de l'humidité du sol, la destruction peut se faire par roulage (+ herbicide ?) pour un semis direct ou un outil de travail du sol (déchaumeur…) afin de préparer en même temps le lit de semence. Pour ceux qui souhaitent labourer les argiles avant l'hiver, maintenez le couvert le plus longtemps possible et ne l'enfouissez pas au fond de la raie.

Destruction pendant l'hiver

Roulage du couvert

Dès que la température passera sous le 0, les espèces telles que le sorgho, le tournesol, le sarrasin,... vont geler. Leur décomposition va alors commencer et s'accroître au printemps. Pour les autres espèces, un roulage sur gel (amplifie l'action du froid) avec notamment un rouleau faca, est un bon moyen de se débarrasser de son couvert. L'optimum est de passer très tôt le matin, quand les températures sont les plus basses. L'efficacité sera d'autant plus grande que le couvert sera développé. Attention toutefois aux graminées qui sont peu sensibles au roulage.

Destruction au printemps

Déchaumeur

Plusieurs outils permettent la destruction des couverts au printemps. C'est l'état du sol qui vous indiquera la date optimale : ne pas garder le couvert vivant trop tard par temps sec, alors qu'au contraire il pourra pomper l'eau en excès par temps très pluvieux.

  • Les déchaumeurs : permettent de détruire le couvert et de commencer à préparer le lit de semence, même si la préparation sera encore grossière (possibilité d'affiner avec un outil animé).
  • Les outils types pattes d'oie : réalisent un scalpage du couvert mais peuvent lisser le sol dans certaines conditions, une reprise est alors nécessaire.
  • Le rototiller (cultivateur à axe horizontal) : est un outil animé qui donne des résultats plutôt satisfaisants (destruction et préparation en un seul passage) mais au débit de chantier plus lent. Dans le même esprit la herse rotative peut aussi s'envisager.
  • Le labour : peut s'envisager pour la destruction mais l'action du couvert sur la structure du sol durant tout l'hiver perdra de son sens.
Strip-till
  • Le broyeur : dans le cas des couverts trop développés, il peut permettre de réaliser un mulch qui facilitera le passage d'un autre outil de préparation du sol.
  • Le strip-till : peut être une solution intermédiaire avec un travail du sol uniquement sur une bande d'environ 20cm autour de la ligne de semis. Un rouleau est monté à l'avant pour coucher le couvert. Ce pourrait être un bon compromis entre couverture du sol et minéralisation/réchauffement sur la ligne.

Destruction pour un semis direct

Semis direct

La destruction des couverts végétaux est également possible sans aucun travail du sol. Dans une végétation suffisamment développée, le semis peut s'envisager en direct avec un matériel et des réglages adaptés. Le passage d'un rouleau dans le sens du semis va ensuite créer un mulch de couverture permettant d'esquiver en partie la levée des adventices. En fonction de la culture semée, des espèces présentes dans le couvert et de la pression adventices, un passage de glyphosate et/ou 2,4-D peut être réalisé.


Avantages et inconvénients de différentes techniques

Chaque mode de destruction présente ses avantages et ses inconvénients. Afin de ne pas dégrader la structure du sol, la destruction du couvert, quelle que soit la technique, doit intervenir dans les conditions optimales. Le tableau ci-dessous donne les principaux avantages et inconvénients des techniques de destruction. (Les coûts communiqués ont été établis en 2018).


Technique de destruction Avantages Inconvénients Coût moyen/ha/ intervention
Labour
  • Possible sur couvert peu développé ou gelé
  • Dégradation rapide
  • Prépare l’implantation de la culture suivante
  • Possibilité pour toutes les espèces
  • Coût élevé (70 €/ha avec main d’oeuvre et carburant compris)
  • Temps de travail important
  • Risque d’enfouir une quantité importante de résidus (si forte biomasse) en fond de labour (refuge pour ravageurs, maladies et graines d’adventices) et d’avoir des conditions de décomposition défavorables (en anaérobie), non intéressant pour l’enracinement de la culture qui suit
  • Si le couvert est bien développé : broyer avant pour éviter la formation de paquet
65 - 70 €
Broyage
  • Intéressant pour presque toutes les espèces (⚠️ au trèfle)
  • Recommandé si biomasse produite >2 tMS/ha
  • Répartition homogène des résidus du couvert
  • Dégradation rapide des résidus de petite taille
  • Déchaumage ou labour ultérieur, souvent réalisé 1 à 4 jours après le broyage ou le roulage pour permettre un desséchement des résidus et un ressuyage du sol
  • Pas ou peu efficace sur graminées ou crucifères (sauf si précèdent un labour) : risque de repousse s'il n'y a pas de travail du sol derrière
  • Coûts supplémentaires
  • Possible destruction de la faune sauvage (broyer alors du centre de la parcelle vers l'extérieur)
  • Disponibilité du matériel
50 - 55 €
Déchaumages
  • Prépare l’implantation de la culture suivante
  • Utilise le matériel à disposition
  • Bonne incorporation
  • Couverts peu développés
  • Coût et temps de travail
  • Efficacité limitée en cas de couverts très développés (broyage obligatoire)
20 - 25 €
Gel
  • Coût nul
  • Maintien des résidus en surface
  • Pas de tassement sur sols sensibles
  • Préserve les améliorations de la structure
  • Nécessité d'avoir des gelées importantes sur la région (- 6°C)
  • Choix limité des couverts
  • Possibilité de destruction précoce


0 €

Roulage + gel
  • Accélération de la dégradation du couvert
  • Pas de dégradation de la structure du sol si le sol est gelé
  • Sur graminées : dépend du stade de la graminée, sur épiée ça fonctionne
  • Faible coût
  • Technique rapide
  • Nécessité d’avoir des gelées importantes et des couverts bien développés (effet du pincement de la tige.)
  • Pénalise les sols limoneux hydromorphes où le plaquage de couvert au sol peut ralentir et limiter le ressuyage du sol au printemps
  • Disponibilité du matériel
20 - 25 €

Efficacité de différents outils en fonction du couvert en place

Très efficace :++++ Efficace : +++ Peu efficace : ++ Pas efficace : + Pour aller plus dans le détail, nous vous invitons à lire ce guide.
Couvert en place Labour Broyage Déchaumage Roulage

(sur gel)

Gel Chimique
Nyger, Sarrasin ++++ +++ +++ ++++ ++++ +++
Moutarde blanche ++++ ++++ ++++ +++ +++ +++
Radis fourrager +++ ++ ++ ++ ++ ++
Phacélie ++++ +++ +++ ++++ +++ +++
Seigle, Ray-grass +++ + ++ + + +++
Avoine épiée +++ ++ +++ ++ +++ ++++
Lentille, Vesce, Féverole ++++ selon

hauteur

+++ +++ +++ +++
Synthèse des différents outils sur les couverts

Point réglementaire

https://www.lesillon.info/2019/02/11/4199-les-regles-destruction-couverts-vegetaux.html

Pour aller plus loin

Sources

Annexes

Contribue à

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