SCEA Le Bourgidou
Exploitation maraîchère en ACS, agriculture de précision et utilisation de LiFoFer
Guillaume Bouet du Bourgidou
L'exploitation de Guillaume Bouet est en Agriculture de Conservation des Sols (ACS) avec une forte volonté d'innover et d'optimiser leurs pratiques. Soucieux de toujours avoir une longueur d'avance, ils mènent des recherches et des essais notamment sur les variétés et l'amélioration de la vie microbienne. Ils cherchent également à se passer des produits phytosanitaires en adoptant une réflexion au cas par cas. Ils utilisent une serre bioclimatique pour les fraises et pratiquent une irrigation raisonnée et pilotée. Leur gestion partagée des tâches garantit une production efficace et diversifiée. Ils mettent aussi un point d'honneur sur le bien-être de leurs salariés.
Contexte
- Nom : Guillaume BOUET (chef d’exploitation) / Benjamin VALETTE (second)
- Localisation : Lansargues (Hérault)
- Nom de l’exploitation : SCEA Le Bourgidou
- Production : Maraîchage/Grandes cultures
- SAU : 250 ha
- UTH : environ 50
- Cultures : 125 ha de melon, 56 ha de tomate d'industrie , 6 ha de fraise hors sol, 46 ha de blé
- Cahier des charges : HVE niveau 4, Global Gap dont GRASP, Demain La Terre
- Sol : argilo-limoneux à roche mère calcaire avec un pH élevé
- Climat : Méditerranéen avec des étés chauds et secs, et des hivers doux. Risque de fortes précipitations avec d’importants cumuls en automne et hiver
Spécificités
- Guillaume est le gérant de l'entreprise, tandis que Benjamin en est le second. Ensemble, ils gèrent les différentes cultures et la commercialisation des produits agricoles.
- Guillaume se concentre principalement sur la culture et la vente des melons. Benjamin s’occupe des fraises, tomates et blé. Leurs rôles sont interchangeables puisqu'ils maîtrisent le fonctionnement global de l'entreprise, ce qui permet à l'un de prendre le relais de l'autre en cas d'absence.
- Les décisions stratégiques sont prises en commun, assurant une gestion cohérente et partagée des tâches au sein de l’exploitation.
- L'atelier melon représente la part la plus importante en termes de tonnage et de chiffre d'affaires, avec un revenu de 3,5 millions d'euros, mais la culture de fraises prend de plus en plus d'importance, générant également 3 millions d'euros.
- La société pratique également la location de terres à des particuliers et céréaliers pour cultiver du melon (reliquats azotés importants pour les céréales et allongement de la rotation pour la culture de melon car ils trouvent des surfaces en dehors de l’exploitation)
- Les produits de l'exploitation sont commercialisés par la société de commercialisation SAS Elisée qui gère la vente des tomates, melons et fraises.
Enjeux locaux
- Gestion de l'eau dans une zone de captage prioritaire, considérée comme vulnérable selon la directive Nitrates. Cela impose des restrictions pour limiter la pollution par les nitrates.
- pH de l'eau très élevé, ce qui complique la fertilisation et l’irrigation, car cela réduit l’efficacité des engrais et perturbe l’absorption des nutriments par les cultures.
Historique de l'exploitation
- Fin des années 90 : installation de Guillaume BOUET sur l’exploitation familiale qui cultivait majoritairement des pommes, du raisin et des asperges. Lors de son installation, Guillaume bascule son exploitation vers du maraîchage : arrachage des vignes et pommiers, et mise en place de tunnels pour la culture du melon notamment.
- 2009-2014 : passage de 15% de l’exploitation en agriculture biologique. Puis déconversion pour des questions de débouchés.
- 2013-14 : formation au non-labour avec Sarah Singla et conversion de l’exploitation en ACS en raison de la présence d’une semelle de labour et d’une mauvaise fertilité du sol. L'ACS a permis une meilleure migration de l'eau et une amélioration de la vie microbienne, contribuant à restaurer un environnement propice aux cultures. Des couverts végétaux sont mis en place entre chaque culture.
- 2018 : chute de la serre accueillant la culture de la fraise et mise en place d’une serre multichapelle avec ordinateur bioclimatique
- 2022 : introduction et investissement dans la culture de la tomate industrielle. La tomate industrielle est une culture qui demande peu de main d'œuvre et qui permet de mieux être valorisée que du blé dur.
- 2023 : essais de l’usage de LiFoFer sur les cultures de l’exploitation pour améliorer la vie microbienne.
- 2025 : changement du pilotage de la fertilisation: usage de LiFoFer sur l’ensemble de l’exploitation, passage aux engrais organiques, analyse de sève systématique
Objectifs globaux
Depuis son installation il y a une trentaine d’années, Guillaume Bouet, et depuis plusieurs années pour Benjamin Valette, ils ont l’ambition de sans cesse innover, être en avance sur leur temps sur les pratiques agricoles qui permettent de répondre aux problématiques de l’exploitation. Tout l’enjeu est de conserver un modèle économiquement viable et durable sur le long terme grâce à l’anticipation des problématiques liées au dérèglement climatique, réglementation, etc… Pour atteindre cet objectif, de nombreux essais (notamment variétaux) sont mis en place régulièrement sur l’exploitation, les maraîchers participent à de nombreuses formations et échanges mais aussi effectuent de nombreuses recherches bibliographiques. Selon eux, le changement doit venir des agriculteurs pour qu’il puisse être opéré.
Système actuel
Rotation et assolement
Les rotations sont différentes entre les cultures de plein champ et celles sous tunnels. La rotation plein champ mise en place est : melon - tomate industrielle - blé dur (1 ou 2 ans). Les cultures de tomate et de blé dur permettent d’allonger la rotation pour faire revenir le melon tous les 3 à 4 ans. La rotation intègre des couverts végétaux après chaque culture semés en hiver. Il permet d’améliorer la structure du sol et d’apporter de l’azote en fonction de la composition.
Sous tunnels, la rotation est composée uniquement de melon suivi d’un couvert végétal.
Amendement organique
L'exploitation rachète les déchets verts provenant de la déchetterie de Montpellier, incluant des matières brutes telles que la tonte de pelouse et des résidus d'arbustes, qui sont ensuite criblées. Ces déchets ne sont pas analysés avant leur utilisation. Les maraîchers en apportent sur leurs terres chaque année à raison de passages à 3 t/ha mais plusieurs fois dans l’année à cause de la réglementation du label HVE.
Travail du sol
Les maraîchers pratiquent l’agriculture de conservation des sols (ACS) sur toute la surface cultivée en travaillant superficiellement sur 10 centimètres de profondeur et en implantant des couverts d’interculture, comme le radis fourrager, la phacélie, sorgho fourrager dans des différents mélanges d’espèces selon leurs besoins chaque année.
Ils effectuent des analyses de sol chromatiques par bloc de culture pour voir l’activité biologique et la compaction des sols. Ils se sont rendus compte qu’il y avait une compaction non pas mécanique mais à cause d’un déséquilibre entre le magnésium et le calcium. Une analyse de sol a été effectuée une année pour voir les caractéristiques propres à chaque parcelle.
Biostimulants
L’intérêt pour la LiFoFer est né grâce à Xavier Dubreucq, qui a présenté Isabella Tomasi, experte en lactoferments pour les vergers de kiwi en Italie, à Guillaume et Benjamin. Curieux, ils ont voulu tester cette méthode sur les melons. Ils ont ensuite collaboré avec Rémi Thinard de Symbiotic Agroécologie, spécialisé dans les biofertilisants, pour piloter leurs cultures grâce aux analyses de sol et de sève. Leur approche consiste à croiser les informations techniques et bibliographiques, en restant curieux et sans préjugés.
L’usage de LiFoFer a pour but de restaurer la vie microbiologique des sols par l'ensemencement de bactéries et de champignons. L'objectif est de réduire le stress des plantes et de favoriser leur adaptation plus rapide face aux stress climatiques. Après des essais, ils ont décidé de produire eux même leur LiFoFer dans la ferme.
En raison des coûts élevés des cultures, comme les melons (plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’hectare) et les fraises (plusieurs centaines de milliers d’euros par hectare), ils ne peuvent pas se permettre de prendre de risques. Avant d'introduire cette nouvelle pratique, ils ont effectué des essais à échelle progressive : d'abord sur 10 mètres de melon, puis sur un tunnel, un bloc de tunnels, et enfin, une fois les essais précédents validés, ils les étendent à l’échelle de l'exploitation et puis également pour les autres cultures.
Ils font également des apports de lactoferments au sol composés de melons fermentés. Les melons non commercialisables sont découpés puis fermentés avec de la farine, de céréales et d’autres composants qui vont former un lactoferment. Ce lactoferment a aussi pour but d’augmenter la vie microbienne.
L’exploitation a mené plusieurs essais avec la LiFoFer, notamment sur les plantations de melons sous serre. Ces essais ont été réalisés fin juillet avec une récolte prévue fin septembre-début octobre. L’année dernière, un fort stress thermique a affecté les cultures, mais la zone traitée avec LiFoFer en foliaire n'a pas subi de stress, ce qui a montré les effets bénéfiques de ce produit.
D’autres essais ont également été réalisés avec la LiFoFer au goutte-à-goutte sur des fraises d’été hors sol, dans un sol inerte. Bien que des problèmes d’oïdium aient surgi en raison du changement d’hygrométrie entre l’été humide et sec, l’application de LiFoFer a permis d’éviter tout traitement pendant cette période.
Fertilisation
L’exploitation ajuste l'apport d'azote en fonction des besoins spécifiques des plantes : 120 à 140 unités pour les melons, et 160 unités pour les tomates, les fraises et le blé. Ces apports sont réalisés selon les résultats des tests EC (Conductivité Électrique) pour les fraises, et le pilotage est raisonné à l’aide des analyses de sève pour éviter les carences et les excès. L'EC (conductivité électrique) dans la fertirrigation fait référence à la mesure de la concentration en sels dissous dans l'eau d'irrigation. Plus précisément, elle mesure la capacité de l'eau à conduire l'électricité, ce qui est directement lié à la quantité d'ions (comme les sels minéraux et nutriments) présents dans l'eau.
Au fil des années, l’équipe a révisé la nutrition des cultures, prenant en compte les éléments antagonistes, et a mis en place différentes techniques, toujours avec une approche expérimentale. Certaines méthodes se sont révélées intéressantes, mais difficiles à appliquer à grande échelle, ce qui nécessite une constante adaptation aux spécificités de l’exploitation.
Irrigation
Guillaume et Benjamin sont en train de mettre en place un système permettant de piloter l’irrigation pour les cultures de plein champ qui prend en compte l’évapotranspiration réelle pour apporter la quantité d’eau nécessaire à la plante et éviter les excès ou les déficits hydriques. C’est un système d’intelligence artificielle avec des sondes capacitives et un logiciel de gestion de l’irrigation qui va analyser toutes les données de la plante, du sol et du climat, et ainsi ajuster en temps réel les besoins en eau des cultures. Ce pilotage permettra aussi de contrôler encore plus la maturité des melons.
Infrastructures agroécologiques
Entre 2009 et 2018, l’exploitation a planté environ une quinzaine de kilomètres de haies, contribuant à la biodiversité locale. Plusieurs essences d'arbres ont été choisies, bien que les détails spécifiques n'aient pas été précisés. Ces haies sont complétées par des nichoirs pour rapaces et des zones autour des serres qui ne sont pas fauchées, afin d'attirer davantage de biodiversité. En parallèle, des jachères et des bandes enherbées ont été mises en place pour favoriser un environnement propice aux auxiliaires. L'utilisation de buses anti-dérive, associée aux haies, permet de réduire la zone de traitement phytosanitaire tout en préservant l'écosystème. Ces pratiques ont permis à l’exploitation d’obtenir des points dans le cadre de la certification HVE (Haute Valeur Environnementale), dont ils sont au niveau 4, un indicateur de leur engagement environnemental.
Itineraire technique des cultures
Melon
Benjamin et Guillaume cultivent des melons sur trois sites de production sous tunnels. Sur les 120 hectares de culture de melons, 70 hectares sont en plein champ, dont 25 hectares en replantation, et 50 hectares sont sous tunnels. Leur organisation permet de répondre à des besoins spécifiques, tant en termes de volume que de qualité.
Le premier site, situé au Bourget, se distingue par ses tunnels chauffés. Les mottes de terre sont chauffées entre 14 et 15°C à l’aide de tuyaux d’eau chaude enterrés, permettant ainsi une production précoce. Les premières récoltes peuvent être effectuées dès le 1er mai. Les tuyaux d’eau chaude passent à 20 centimètres de la motte, de part et d’autre, afin de favoriser l’enracinement des plantes. En complément, une chenille thermique est installée sur chaque rangée de melons, et un voile de forçage recouvre les rangs périphériques pour maintenir l’humidité et la chaleur. Cette installation est enlevée tous les ans après la récolte. Ces serres chauffées permettent un gain de 15 jours de précocité par rapport aux serres froides. Cette approche est motivée par des impératifs commerciaux pour une production de melons tout au long de l’année. La première plantation a lieu le 6 février, et les serres sont chauffées jusqu'à mi-mars, en fonction des conditions climatiques.
Les plannings de plantation sont élaborés dès septembre et se poursuivent jusqu’à fin janvier. Les clients exigent un volume constant de production dans différentes périodes au long de l’année, ce qui pousse l’équipe à planifier rigoureusement. Pour assurer une production continue sans dépasser un volume de 350 tonnes de melons par semaine — une limite imposée par la capacité de leur station de triage — les plantations sont espacées tous les 5 à 10 jours. En juin, les plantations sont resserrées pour augmenter la production et répondre aux besoins du marché.
Plantation
Les pieds de melons sont plantés tous les deux goutteurs du système de goutte-à-goutte, soit à une largeur d’un mètre. Sous tunnels, les melons sont greffés sur des porte-greffes de courge pour bénéficier de la vigueur de la courge, qui démarre plus rapidement qu’un pied de melon. En effet, le melon étant plus sensible au froid du sol, la courge permet une meilleure croissance initiale. De plus, la courge est plus résistante aux maladies spécifiques du melon. Une bâche noire est également mise pour gérer les adventices et accumuler de la chaleur dans le sol pour que les melons se développent rapidement (aux alentours de 16°C c’est l’idéal).
La courge a un besoin en eau supérieur à celui du melon, ce qui peut entraîner des problèmes de stress hydrique lorsqu'elle est cultivée en plein champ notamment sur des cultures de melon précoce. Les melons ne sont donc pas greffés en plein champ. Ce problème ne se pose pas sous tunnels, où l’irrigation est maîtrisée, garantissant un apport en eau optimal pour la croissance des plantes.
En plein champ, les rangs sont bâchés par une chenille le plus longtemps possible sur les cultures de melons en raison des problématiques de pluie et de vent qui peuvent nuire à l’accroche des fruits. Pour éviter que l’humidité et la chaleur excessive ne perturbent la pollinisation, ils pratiquent le semi-débâchage lorsque les températures commencent à augmenter. Cela consiste à retirer le boudin de terre qui maintient la bâche au sol permettant ainsi la fuite de l’air chaud et favorisant la ventilation. Si l’environnement devient trop confiné et humide, les abeilles ne peuvent pas polliniser efficacement ce qui entraîne une coulure au niveau des fleurs et des fruits. Lorsque les températures atteignent des niveaux trop élevés, ils retirent également la chenille.
En fonction de la période de plantation, différents types de chenilles sont utilisés:
- Pour les plantations du 6 mars, la chenille est complètement fermée ;
- Pour celles du 15 mars, elle comporte de petites ouvertures de 4 cm de diamètre pour favoriser la ventilation ;
- Pour les suivantes, la chenille comporte 500 trous par mètre, chacun ayant un diamètre d’environ 1 cm ;
- Pour les plantations d’été, la chenille est utilisée principalement pour protéger les feuilles des brûlures dues à la chaleur et prévenir les attaques d’insectes, bien qu’elle soit retirée assez rapidement.
Conduite
- Biostimulants : A cause des exigences en nutriments du melon et de la précédente salade, un ensemencement conséquent en vie microbienne est indispensable pour rétablir rapidement l'activité biologique et redynamiser les sols. 2500 L/ha de LiFoFer pure, qui sont dilués, sont appliqués en début de culture (en tout 4000 L/ha pure sont apportés).
- En serre, l’application de la LiFoFer et du lactoferment se fait par goutte-à-goutte 1 mois et demi avant la plantation, par petites séquences pour ne pas dégrader l’engrais organique apporté juste avant. Ensuite, des doses sont appliquées par aspersion pendant la culture quand elle n’est pas couverte par les chenilles plastiques. La LiFoFer est mieux assimilée par voie foliaire que par voie racinaire, ce qui optimise son efficacité pour les cultures. Ces doses vont permettre de réensemencer directement le sol après des applications de produits phytosanitaires inévitables. Des analyses de sèves sont réalisées chaque année avec l’entreprise Symbiotik Agroécologie pour évaluer la santé des plantes, optimiser la fertilisation de la culture et garantir les récoltes.
- Taille : Le melon doit être également taillé. Deux techniques distinctes, chacune ayant un impact différent sur la plante :
- 1ère méthode : passage de disques pour couper toutes les pointes des plantes. Un stress est créé et induit un réflexe de la plante, qui réagit en produisant des fruits. Cette technique est utilisée notamment quand les plantes sont très végétatives et que le feuillage se chevauche.
- 2ème méthode : passage des roues du tracteur pour écraser les pointes sans les couper, ce qui a pour effet de les pincer. Cette approche génère moins de stress pour la plante et est utilisée lorsque le melon est moins végétatif.
- Protection fongique
- Une maladie est particulièrement dévastatrice sur la culture de melon : la fusariose.
- Un des moyens de lutte privilégié chez le maraîcher est le porte-greffe de courge avec un gène résistant. De plus en plus de variétés de melons sont tolérantes à cette maladie, mais parfois cela est insuffisant.
- Pour limiter les risques de fusariose, une rotation longue des cultures est mise en place. En plein champ, la rotation se fait tous les 3 à 4 ans en fonction de la surface disponible.
- Sous tunnels, où les melons sont cultivés chaque année, l'application de LiFoFer, de lactoferments, ainsi qu’un apport régulier de matière organique et de nombreux couverts végétaux peuvent aider à réduire le risque .
- Lorsque ces méthodes sont insuffisantes, ils ont recours au traitement phytosanitaire. Dans ces situations, ils réensemencent ensuite avec de la LiFoFer et des lactoferments pour rééquilibrer la vie du sol et favoriser la microbiologie. Les cultures précoces sous tunnels rencontrent peu de pression sanitaire, tandis que les cultures en plein champ peuvent être soumises à des pressions beaucoup plus importantes.
Récolte
Pour mieux anticiper les récoltes, ils réalisent des prévisions de production sur 4 semaines. La personne en charge de la qualité et de la traçabilité effectue des comptages deux fois par semaine sur un repère de 3 mètres, en comptant les melons de différentes tailles : "œuf", "citron", "orange" et "melon". Un melon taille "œuf" sera récolté 3 à 4 semaines plus tard. Les résultats sont ensuite enregistrés dans un tableau qui permet d’estimer les tonnages, de prévoir les volumes et d'identifier les périodes de pics de production. Cela permet de prévenir les clients sur les pics à venir et de planifier les livraisons de semi-remorques. Ce système, perfectionné au fil des années, fonctionne efficacement grâce à des ajustements constants.
La récolte des melons pour une parcelle s'étend sur une période de trois semaines. Les passages s’effectuent tous les trois jours pour les deux à trois premiers, puis tous les deux jours par la suite, pour un total d'une dizaine de passages. Après chaque récolte, les plantes peuvent produire de nouveaux fruits en bout de tige. Si le marché est favorable et que ces fruits ne viennent pas entrer en concurrence avec une autre récolte de melons, ils choisissent de relancer la plante si la variété le permet. Cela permet de récolter ces 2 à 3 fruits supplémentaires, augmentant ainsi la production sans compromettre la qualité des autres fruits déjà récoltés.
À quatre jours de la récolte, le chef de culture peut ajuster l'irrigation pour gagner ou perdre jusqu’à 4 jours. En restreignant l’irrigation, la plante accélère la maturation de ses fruits et les lâche. Cette gestion permet de contrôler à la fois le calibre du fruit et le nombre de fruits par pied. L’objectif est d’obtenir environ 5 fruits par pied, afin d’assurer des calibres optimaux et répondre aux exigences commerciales.
Fraise hors sol
Guillaume souhaitait trouver une culture qui aurait un cycle complémentaire à celui du melon, afin de mieux répartir la charge de travail et optimiser les périodes de culture. Il a donc mis en place la culture de la fraise hors sol pour diversifier ses revenus.
La production de fraises dans l’exploitation se fait selon deux types de production : en tunnel (menée au froid) et en multichapelles (menée au chaud et plus contrôlée). Tout est piloté par un ordinateur bioclimatique, y compris la fertirrigation, qui utilise des sondes de conductivité électrique (EC) et des sondes de pH pour réguler la quantité d’eau et de nutriments à apporter. En effet, l’ordinateur contrôle toutes les conditions, telles que : la température du sol et des tunnels/serres, la fréquence des irrigations et fertilisations, l’aération (ouvrants), la conductivité de la solution nutritive, le pH de l’eau et les alarmes de limites (pH, débit, température (sol, air), hygrométrie).
Les fraises en tunnel sont plantées en même temps que les autres, mais dans le but de lisser le volume de fraises à la récolte (de mars à fin juin/début juillet) afin de ne pas coïncider avec la même période de récolte, et ainsi garantir qu'elles auront la capacité logistique de récolter et commercialiser puisque les fraises au froid auront un cycle de culture plus long.
Fraise au tunnel (au froid)
- Sacs de substrat de fibre de coco servant de support pour le développement racinaire, mais les nutriments sont apportés au goutte-à-goutte et la nutrition est en continue.
- Les pieds font 2 floraisons par saison
- Les plantes peuvent être conservées pendant 2 ans mais leur production cesse fin mai et les conserver jusqu'à la repousse est plus coûteux que d'acheter de nouvelles plantes. Les maraîchers ont donc choisi de planter des nouveaux pieds de fraisiers chaque année.
- Après la récolte, les plants sèchent sur pied. Les sacs et la fibre de coco sont réutilisés l’année suivante et changés tous les deux ans. Les plantes et la fibre sont utilisées comme amendement en plein champ avant d'autres cultures.
- Variétés : 30 % Dream, 30 % Cléry, 40 % Gariguette (plus chère à vendre mais plus difficile à gérer).
- Épandage de chaux sur les tunnels pour réduire le rayonnement excessif pendant l’été.
Fraise en multichapelle (au chaud)
- Caractéristiques générales
- 0,85 ha en chaque multichapelle
- Une seule variété (Dream), menée au chaud, raccourcit son cycle
- Deux floraisons également : la première avec le bouquet puis la plante est nettoyée avant la deuxième floraison.
- Il y a des ouvrants motorisés qui régulent la température et l'hygrométrie de la serre. L'écran dans l’ordinateur bioclimatique régule le taux d'ensoleillement, l'intensité du rayonnement solaire et la température.
- Les lampes sont utilisées lors de la plantation précoce pour simuler un jour prolongé et stimuler la croissance du feuillage. Des éclairages nocturnes activés toutes les 45 minutes pendant 15 minutes maintiennent l'activité biologique des plantes permettant de cultiver des variétés moins développées et de contrôler leur gestion.
- Les plantes arrivent du pépiniériste avec le nombre d'heures de froid demandé par les exploitants déjà atteint, et le reste des heures est complété directement sur l'exploitation.
- Parfois, ils plantent des racines nues avec un bourgeon directement en frigos pour faire une saison précoce (en septembre). Ils structurent ensuite eux-mêmes leurs plantes (taille des fleurs, etc.) afin de maîtriser les périodes de production souhaitées.
- Utilisation des tuyaux pour le chauffage des fraises
- Un tuyau souple avec des trous récupère le gaz CO2 de la chaudière et l’achemine au-dessus des fraisiers. Ce CO2 est disponible pour les plantes pour faire la photosynthèse et de plus, il est réutilisé, évitant ainsi la pollution de l'environnement par davantage de CO2. Toute l’eau, qui n’est pas utilisée et qui est drainée par les plantes, est récupérée et renvoyée à la station de traitement d’eau.
- La programmation des plantations est très importante pour prévoir les récoltes. Étant donné que les conditions météorologiques peuvent varier beaucoup chaque année, une prévision précise de la date de récolte ne peut être faite que 2 à 3 semaines à l'avance. Cela permet au client d'organiser sa logistique et de planifier l'écoulement de la production vers le marché.
- Pratiques culturales
- Gestion de l'eau et nutrition
- Tests de EC trois fois par semaine pour permettre la gestion de l’irrigation et les apports d’engrais
- Analyse de sève si besoin pour adapter la fertilisation aux stades culturels plus importants
- La solution nutritive change à chaque stade de la culture. L’apport de calcium est augmenté dans la fructification pour rendre le fruit plus dur
- Chaque engrais est ajouté selon le programme accordé avec le technicien. Exemple : 250 kg de nitrate de calcium, 100 kg de nitrate de magnésie, 100 kg de NPK, 2 kg de Fer → tous mélangés dans les bacs et arrosés constamment
- Réduction du pH de l’eau avec acide nitrique (eau trop alcaline)
- Durant l’été ils replantent un hectare pour faire de la fraise d’été, en automatisé
- Utilisation des micro-asperseurs pour la fraise d’été (1 ha) en séances de 10-15 secondes chaque quart d’heure pour apporter de l'hygrométrie et faire tomber la température pendant l’été, favorisant un calibre plus grand au fruit
- Contrôle de température et luminosité
- Eau de chauffage (14°C)
- Temp. Air (20-21°C) et 19°C Temp. Sol
- Ouverture des ouvrants selon les paramètres de limites de température dans l’ordinateur
- Variété Gariguette -> ils maintiennent une température un peu plus froide (17°C) parce que la variété s’adapte mieux
- Maladies / Ravageurs
- Problématique de Botrytis cette année, due à l'humidité excessive des récentes pluies.
- Les capteurs de pluie ferment automatiquement le tunnel en cas de précipitations.
- L'humidité et la température internes créent un environnement favorable au développement de la maladie.
- Ils essaient de réguler les passages de produits phytosanitaires, en prenant en compte le niveau de dommage et en surveillant l’évolution des problématiques avant d’appliquer un traitement.
- Utilisation d'auxiliaires biologiques : Libération d'auxiliaires (prédateurs naturels) pour contrôler les populations de mouches, acariens et pucerons, avec de bons résultats en termes de gestion des ravageurs.
- Faible pression des populations de mouches : gestion efficace des déchets de production, qui sont collectés et éliminés à 5 km des cultures.
- Complémentation des lâchers d'auxiliaires au printemps et en été, en fonction de la pression des ravageurs.
- Utilisation de haies pour maintenir l'équilibre écologique, servant d'habitat pour les auxiliaires et les ravageurs
- Gestion de l'eau et nutrition
Tomate
Ils ont commencé à cultiver la tomate industrielle il y a 3 ans. Cette culture a permis de diversifier la rotation tout en consommant peu de main d'œuvre et en répondant à la problématique des lapins sur les parcelles en plein champ. L’exploitation est entièrement équipée du matériel nécessaire du semis à la récolte.
Les tomates sont achetées à un pépiniériste basé à Béziers (Casanova). Elles sont ensuite plantées tous les 15 jours en fonction des besoins du client, Panier Provençal, usine basée à Tarascon (à 70 km). Le planning de plantation est établi par l’usine en fonction de ses besoins et de ses possibilités logistiques. La première plantation commence généralement début avril et la dernière se fait début juin.
Un système de goutte à goutte est installé au niveau des rangs de tomate. La fertilisation se veut intégrée avec un apport initial de fumure de fond (déchets verts) puis un pilotage en fonction des résultats d’analyse de sève. Le désherbage se veut essentiellement mécanique grâce à une bineuse dans les cas avec le moins de pression. L’usage d'herbicides se veut rare et que dans les cas extrêmes.
Cette culture de tomate fait face à deux principaux ravageurs : le mildiou et la noctuelle. Pour remédier à cela, les agriculteurs font usage d’un fongicide pour le mildiou et d'un insecticide pour la noctuelle. Si le mildiou refait son apparition, une solution de cuivre est utilisée.
La récolte se déroule de fin juillet à fin septembre. Les tomates sont ramassées et triées à l’aide d’une récolteuse automotrice qui coupe les pieds, retire les tomates et les trient à l’aide d’un trieur optique pour ne prendre que les mûres. Des semi-remorques se chargent d'amener la récolte à l’usine dans la journée. Le rendement peut se situer entre 40 et 120 tonnes à l’hectare. Une bonne année est considérée à partir d’un rendement de 80 tonnes à l’hectare.
Blé dur
Le blé dur est cultivé sur l’exploitation pour diversifier l’assolement et permettre l’existence d’une rotation dans la culture de melon. Le semis est fait après une déchaumage et de la LiFoFer est aussi appliquée une fois sur cette culture avec un pulvérisateur.
Cependant ces dernières années, cette culture fait face aux attaques de lapin qui font grandement baisser les rendements. C’est d’ailleurs pour cela qu’une partie des surfaces de blé ont été plantées en tomate à la place.
La SCEA s’occupe de toutes les opérations sur la culture sauf la récolte, faite par un ETA, parce qu’elle tombe durant un pic d’activité des autres cultures notamment le melon. Les pailles sont restituées et le blé dur est vendu à la coopérative Arterris.
Couverts végétaux
Toujours dans cette démarche d’améliorer leur sol (structure, taux de MO, nutriments), les maraîchers mettent en place des couverts végétaux durant l’hiver. Ce sont des couverts commercialisés par l’entreprise semencière RAGT adaptés à leur contexte cultural : sol, culture suivante, intérêts agronomiques recherchés. Chaque année le mélange est réfléchi de sorte à avoir toujours un couvert le plus adapté, mais ils ont déjà utilisé le radis et la phacélie dans leurs mélanges. La méthode LiFoFer est également appliquée sur cette culture à l’aide d’un pulvérisateur.
Le couvert est semé à la suite de toutes les cultures même dans les serres après le melon et est détruit (broyé puis incorporé) généralement 1 mois avant le début de la prochaine culture.
Recyclage
Les tuyaux de goutte-à-goutte sont de polyéthylène rigide ainsi que les bâches des chenilles sont réutilisés d’une année sur l’autre et stockés dans des bâches noires anti-UV. Les bâches noires du sol ainsi que les tuyaux goutte-à-goutte souples sont changés et recyclés chaque année par l’entreprise ADIVALOR. Les équipes effectuent le ramassage des morceaux de plastique dans les champs lors de 2 à 3 passages après la culture, avec un dernier passage après le semis des céréales, si des résidus sont encore présents pour éviter toute pollution.
Autonomie énergétique
Deux installations de panneaux solaires sur les structures de stockage/commercialisation sur les deux sites principaux de production en autoconsommation permettent de couvrir 35% de la consommation énergétique annuelle. Ces panneaux ne permettent pas de couvrir plus les besoins de l’exploitation à cause de leur saisonnalité. Les besoins sont assez forts en fin hiver-printemps alors que la production est assez faible à cette période là.
Investissements
La volonté de l’exploitation n’est pas à l’agrandissement. Les investissements s’orientent dans les nouvelles technologies et techniques (essais variétaux, irrigation et fertilisation intelligente) pour être plus performants.
La volonté est de faire mieux avec les surfaces et les ateliers présents. La structure de l’entreprise est dimensionnée pour les ateliers et les surfaces exploitées, il n’y a pas d'intérêt à s’agrandir. Guillaume Bouet pense avoir trouvé un équilibre dans l’échelle de l’outil de production.
Commercialisation et Stockage
Chaque année, l’exploitation produit et commercialise 6000 tonnes de tomates, 4000 tonnes de melons et 350 tonnes de fraises.
Directement après leur récolte, les fraises et les melons nécessitent d’être réfrigérés à une température de 8°C. C’est pourquoi les maraîchers possèdent deux lieux de stockage réfrigérés: un pour les melons et un pour les fraises.
Les melons peuvent être stockés jusqu’à 5j (idéalement 2 ou 3) et les fraises 3 (idéalement 24h).
Après avoir été réfrigérés pour les melons et avant pour les fraises, les fruits sont triés manuellement et conditionnés.
Les fruits sont vendus par une autre structure, SAS Elisee, aux clients. Ce sont des grossistes, des GMS et des détaillants autour de Montpellier. Une partie des fraises sont vendues à un grossiste Suisse et le reste en France. Les melons partent essentiellement sur le marché belge et français.
Le prix de la production est toujours négocié avec les clients. Il n’y a pas de contrats particuliers, Guillaume et Benjamin le considèrent comme un “partenariat”. C’est la taille de leur structure qui leur permet de commercialiser leur production de cette manière. Cela leur permet d’être complètement indépendants mais sensibles au marché et donc à la demande. Ils en arrivent à vendre leurs melons très chers mais aussi parfois à perte car c’est une culture climato-sensible : avec un été froid les ventes chutent, avec un été chaud elles sont importantes mais la culture souffre.
Des contrôles réguliers sont effectués par ses clients. A titre d’exemple, le grossiste suisse missionne une personne tous les 15j pour vérifier que les fraises sont récoltées avec la bonne qualité, et maturité. Il vérifie le respect de nombreuses règles : aucun grignotage durant la récolte, usage de gants alimentaires, garder les plateaux de ramassage propres, interdiction de porter des bijoux aux mains, couvrir les palettes quand elles sont dehors ainsi que toute la traçabilité (étiquettes, numéro, date, poids des barquettes).
Bilan économique, social, environnemental
Guillaume et Benjamin sont relativement satisfaits de leur travail. Avec une telle exploitation, leur travail consiste majoritairement à régler les grands et petits problèmes quotidiens. Il y a 10 semaines dans l’année où ils se sentent surchargés. Cependant, ils se considèrent bien entourés et le succès de l’exploitation est le principal moteur de motivation.
Avec l’évolution de la demande des consommateurs, les tâches administratives se sont alourdies et le recrutement de 4 personnes a été nécessaire.
Ils attachent une importance toute particulière aux conditions de travail des saisonniers. Ces derniers sont recrutés via une agence d’intérim. Ils sont logés dans des logements aux normes du code du travail. Ils ont accès à un terrain de foot, de volley et un barbecue. Il n’y a pas de travail le samedi après-midi ni le dimanche. La durée de travail journalier varie entre 8 et 12h. Des congés sont possibles à peu près quand ils veulent.
Grâce à ce soin apporté, 50% de saisonniers reviennent chaque année. Les meilleurs éléments disposent aussi d’avantages spécifiques en nature (meilleur logement, prêt de voitures etc…) pour inciter à bien travailler. Ils ont très peu de soucis de personnel et les saisonniers se rendent disponibles lors des pics d’activité lorsque des heures supplémentaires sont à réaliser. Ces soins permettent à l’exploitation d’obtenir le label GRASP (Global Risk Assessment on Social Practice) de Global GAP, qui concerne des aspects spécifiques de la santé, de la sécurité et du bien-être des travailleurs agricoles.
Des techniciens et conseillers indépendants suivent de près les cultures afin d’apporter une expertise pointue en fonction des spécificités de chaque culture : Xavier Dubreucq est chargé des cultures de salade et de melon, Rémi Pecoult intervient pour les tomates d’industrie et Franck Carmelez est l’expert pour les fraises. Une technicienne indépendante suit les essais variétaux et trois autres techniciens/conseillers conseillent les maraîchers sur des pratiques agricoles comme la LiFoFer ou les lactoferments. Pour croiser toutes les informations de chaque spécialiste, des groupes sont formés pour partager et croiser leurs informations afin d’obtenir les meilleures pratiques pour chaque culture et chaque type de sol. Benjamin souligne que "ce qui est vrai dans une culture n’est pas vrai dans une autre", montrant l’importance d’adapter les stratégies agricoles aux spécificités de chaque situation.
Guillaume engage également quelques stagiaires chaque année dont notamment actuellement une alternante, Aurélie, qu’il souhaite embaucher à la suite de ses études pour le suivi d’essai et le développement d’un pôle R&D au sein de l’exploitation.
Avantages / limites des pratiques mises en place
- La conversion à l’agriculture biologique a permis d’apprendre à chercher des solutions, des nouvelles pratiques lorsqu’on est face à une problématique
- Le passage à l’ACS et les couverts végétaux a permis de restructurer le sol
- L’usage de LiFoFer est intéressant pour renouveler la vie du sol après l’usage d’une pratique qui l’a détruite (désherbage chimique)
- Les analyses de sève évitent la sur-fertilisation
- L’usage des nouvelles pratiques est chronophage et nécessite toujours plus de main d’oeuvre pour un même rendement
Réflexion sur les pratiques innovantes
Parmi les plusieurs pratiques agroécologiques dans la transition vers une agriculture durable mises en place par Guillaume et Benjamin, on peut citer :
- Agriculture de conservation des sols
- Couverts végétaux
- Amendements organiques
- Usage de LiFoFer
- Valorisation des déchets
L’activité industrielle dans la filière fruits et légumes génère une grande quantité de déchets et de sous-produits agro-industriels, excédents, restes, produits rejetés à cause du calibre, d’une couleur inadéquate ou d’autres standards de qualité, et eaux de lavage usées. On trouve dans la composition de la plupart de ces déchets ou sous-produits des composés intéressants du point de vue nutritionnel dans le cadre de l’alimentation animale ou humaine, ou dans d’autre domaines comme la cosmétique ou la médecine, ou qui constituent une bonne matière première pour l’obtention de nouveaux composés ou matériaux. Au lieu de considérer ces déchets ou sous-produits comme un problème, on devrait plutôt les considérer comme une ressource et par conséquent comme une opportunité commerciale alternative à la commercialisation de produits frais.
C’est ce que les maraîchers réalisent avec leur fraises non commercialisables! Une société, fruits rouges & co les transforme en confiture, glace, sirop, etc.
La mise en œuvre de ces mesures a un impact économique positif sur l’entreprise. D’une part, il y a moins de déchets générés, et d’autre part, l’entreprise diversifie sa production grâce à la transformation des déchets en produits avec une valeur ajoutée.
Perspectives
Guillaume ne compte pas agrandir plus son exploitation maraîchère. Il souhaite avant tout optimiser son outil de production et renforcer le confort de ses saisonniers.
Selon lui, à l’horizon 2040, il va y avoir de plus en plus de problèmes de recrutement de saisonniers à cause de la démographie des pays d’origine des saisonniers aujourd’hui. Il faut donc selon lui se préparer et faire en sorte d’améliorer le bien-être des saisonniers au maximum pour toujours les attirer car leur aide est irremplaçable.
Conseils de l'agriculteur
Selon Guillaume et Benjamin, il ne faut pas attendre les primes (de la PAC, régions, labels…) pour effectuer un changement. Ce n’est qu’un paiement unique qui ne permet pas d’avoir un revenu fixe.
Il faut aller de soi-même chercher des informations pour changer une pratique. Si l’on nous donne toutes les informations, bien souvent nous ne sommes pas convaincus et n’appliquons pas correctement le changement. La démarche de recherche est une sorte d’engagement qui nous pousse dans l’action et nous oblige à innover.
La curiosité est essentielle dans ce métier. Pour toujours être à jour dans les innovations , il ne faut jamais s’arrêter à quelque chose qui fonctionne mais toujours chercher à l’améliorer. La remise en question est indispensable. “Il vaut mieux avoir des doutes que des certitudes" nous expliquait Guillaume Bouet. Les années les plus difficiles pour lui sont les bonnes où il doit réfléchir à comment réinvestir l’argent.
La version initiale de cet article a été rédigée par Simon Delles, Tiago Brambilla Pascolati Gomes et Lucie Sabotier,
Sources et références
https://wiki.tripleperformance.fr/wiki/Couverts_v%C3%A9g%C3%A9taux
Maraîchage | Agrivalor : https://agrivalor.eu/produits-services/maraichage/
Agriculture de conservation des sols (ACS) — Triple Performance
Litière forestière fermentée — Triple Performance
MANIPULATION ET MISE EN VALEUR DES DÉCHETS ET SOUS-PRODUITS ISSUS DE FRUITS ET LÉGUMES : https://www.agrosmartglobal.eu/fr/2017/05/29/3-11-manipulation-et-mise-en-valeur-des-dechets-et-sous-produits-issus-de-fruits-et-legumes-typologie-3/