Calcium
Le calcium est primordial durant la croissance des nouveaux tissus cellulaires, notamment la paroi qu'il rigidifie. De ce fait, il assure une bonne résistance mécanique de la plante. Il intervient aussi dans le métabolisme et dans la formation du noyau cellulaire. Le calcium est également essentiel à la valorisation de l'azote. Lorsque les productions sont relativement faibles, il faut miser sur la qualité, et le calcium joue un rôle encore plus important. En effet, une bonne nutrition calcique offre à la plante une résistance naturelle à la moisissure en préservant l’intégrité de la cellule durant le transport et le stockage. Le calcium favorise aussi la croissance des jeunes racines en synergie avec les autres éléments.
Description
Le calcium est l'élément chimique de numéro atomique 20, de symbole Ca.
C'est un métal alcalino-terreux gris-blanc et assez dur. Il n’existe pas à l’état de corps pur dans la nature et c’est le cinquième élément le plus abondant de la croute terrestre.
Identification de la carence : symptômes
Les racines sont les premières victimes d’une carence en calcium : les principales ne se développent pas correctement, au profit de petites racines latérales.
Le calcium se déplace peu et lentement dans la plante. Les symptômes visuels de la carence seront donc localisés. On peut ainsi observer des tâches jaunâtres/brunes sur les feuilles et notamment sur le feuilles jeunes, touchées en premières. Les bords des feuilles peuvent être irréguliers et des fissures allongées peuvent apparaître au milieu des feuilles.[1]
Dans le cas d’une carence sévère, la floraison est compromise et les bourgeons foliaires prennent un aspect brûlé et meurent. Les fruits peuvent être rabougris et les semences ont un taux de germination plus bas.
Facteurs aggravants une carence en calcium
- La sécheresse
- La nature du sol : sols acides, sols sableux ou légers (favorisent le lessivage), sols riches en sodium ou en aluminium[1]
Solutions préventives contre la carence en calcium
- Choisir des variétés plus efficaces pour l’extraction de calcium.
- Réduire l’utilisation d’engrais à base d’ammonium.
- Inspectez le champ de manière régulière et retirez les fruits avec des symptômes.
- Ajoutez des matières organiques (fumier, paillis organiques, compost) au sol.
Solutions curatives contre la carence en calcium
Le plus important est de faire des analyses de sol régulièrement pour choisir les amendements et les quantités que l’on va apporter.
Des fertilisants calciques peuvent être appliqués à la semence, ou en foliaire. Dans le cas d’une fertilisation foliaire, il faut prêter attention au stade de développement du fruit. Si celui-ci n’est pas encore complètement recouvert, il y a un risque de dégénérescence.
Appliquer des substances riches en calcium telles que du calcaire algal, de la farine de basalte, de la chaux calcinée, de la dolomite, du gypse ou de la scorie de chaux.
Elément central de la fertilité des sols et des plantes
Corriger l'acidité du sol
La gestion du pH est très importante pour la fertilité du sol. Les plantes absorbent les nutriments dont elles ont besoin dans des tranches d’assimilation qui sont bien connues et qui n’aiment pas les extrêmes. Connaître le pH de sa parcelle donne une indication sur la stratégie de chaulage à adopter : redressement ou entretien.
2 notions sont à prendre en compte dans le choix de l’amendement :
- Les unités de valeurs neutralisantes (UVN) : C'est le potentiel du produit à compenser l’acidité. Lorsqu’une molécule de carbonate de calcium (CaC03) entre en contact avec une molécule d’eau, cela donne un élément Ca2+ et un élément HCO3-. HCO3- va se lier à la charge positive d’un ion H+ et en réduire la concentration dans le milieu. La valeur neutralisante d’un amendement calcique simple correspond au pourcentage de CaO présent dans le produit (45% de CaO dans le mélange apporte 45 unités de valeurs neutralisantes). Les apports de magnésium ont une valeur plus élevée que le CaO : environ 40% de plus qu’une unité calcium. Dans ce cas, le coefficient correspond à 1,4 unités de valeurs neutralisantes. C’est donc bien la base qui accompagne le calcium qui fait remonter le pH. Si l’on veut apporter du calcium sur un sol à pH alcalin, on va donc privilégier du calcium avec une valeur neutralisante plus faible.
- La solubilité carbonique : Cela correspond au potentiel du produit à se solubiliser dans l’eau et nous donne une indication sur sa rapidité d’action. Cet élément ne concerne que les carbonates. Pour les chaux vives, on parle de réactivité.
- > 50% : action rapide (carbonates pulvérulents), pour des situations où le redressement est urgent (pH<5,8). Point de vigilance : ces produits peuvent avoir un impact sur l’activité biologique du sol, ils ne sont donc à utiliser que lorsque le besoin de redressement est fort.
- Entre 20% et 50% (carbonates broyés) : rapidité d’action moyenne (entretien pour pH >6).
- < 20% (carbonates grossiers) : quand le pH se rapproche de 7.
Chaulage et fertilité chimique : redressement ou entretien ?
L’acidité du sol a un impact direct sur la disponibilité des éléments nutritifs du sol.
- Un pH inférieur à 5,5 est synonyme de forte acidité et de risque de toxicité aluminique. En-dessous de ce seuil l’aluminium est solubilisé et peut être absorbé par les plantes, ce qui peut impacter le rendement. Il s’agit donc d'un seuil de redressement.
- Un pH compris entre 5,8 et 6 : seuil limite entre le redressement et l’entretien. En-dessous de 6, les courbes d’assimilation de certains éléments (Mo, Cu, Bo) sont réduites.
- Un pH compris entre 6 et 7 : l’assimilabilité de la plupart des macro et oligo-éléments est optimale. Il s’agit d’une stratégie d’entretien.
- Lorsque le pH monte au-dessus 7,5 : les courbes d’assimilation du manganèse, zinc, magnésium, cuivre, potassium commencent à décroitre.
Les interactions entre les éléments sont importantes à prendre en compte dans la réflexion. Le calcium peut avoir des antagonismes avec le potassium, le magnésium et/ou le phosphore. Une concentration trop élevée en Ca peut réduire la biodisponibilité du P. On constate le même phénomène avec K et Mg : si un de ces éléments ne respecte pas un ratios correct, la plante va préférentiellement prendre l’élément en excès dans la rhizosphère. C’est également le cas entre la potasse et la magnésie : on peut avoir des blocages en cas d’excès de K, même si le sol est bien pourvu en Mg. C’est quelque chose que l’on peut tout à fait régler par des apports foliaires avec du sulfate de magnésium qui est bien assimilé par les feuilles, contrairement au calcium qui se rapporte plutôt au sol. Par ailleurs, le bore est nécessaire pour l’assimilation du calcium dans la plante. Si l’on constate un déficit dans l’assimilation du Ca, on peut apporter du Bo pour aider la plante à transporter le Ca. Les analyses de sève nous permettent d’observer ces phénomènes et de préconiser des apports foliaires si besoin.
Effet sur la structure et la battance
Le chaulage a un effet sur la structure du sol en provoquant la floculation des argiles et en renforçant le complexe argilo-humique. En apportant des bases, on piège des H+ qui ne sont plus disponibles pour se lier aux charges négatives de la matière organique et des argiles. L’amendement va rendre des sites disponibles pour se lier aux ions Ca2+ et Mg2+ qui vont servir de ponts entre les molécules organiques et argile.
Le résultat est la formation d’agrégats qui améliorent la stabilité structurale, l’aération et la réserve utile du sol. Les apports calciques vont aider en particulier à structurer les sols limoneux battants à faible taux d’argile ou de matière organique. Un sol mieux structuré a une capacité à retenir l’eau plus importante, et donc potentiellement de meilleurs rendements derrière.
Quand on travaille moins le sol, on peut avoir une décalcification qui s’opère en surface. Cela se produit souvent sur des exploitations en début de transition vers le semis direct lié à un manque d’activité biologique induit un manque de brassage de l’horizon de surface par les vers de terre. Dans ce cadre, des apports adaptés d’amendements basiques peuvent avoir leur rôle à jouer.
Aspect économique
Une étude faite par l’UNIFA en collaboration avec Terrena sur une rotation de 4 ans a comparé des parcelles avec maintien d’un pH proche de la neutralité et des parcelles ayant un sol acide dans des exploitations en polyculture-élevage de l’Ouest de la France. Les résultats ont montré un gain de productivité de +6% et de rentabilité de +61 €/ha/an pour les parcelles avec un chaulage adapté. Cela démontre l’intérêt d’avoir un pH correct sur l’aspect rendement et sur la marge finale.
Sources
Le calcium est un élément central de la fertilité du sol et des plantes - avec Bastien Lamothe et Anthony Frison, AgroLeague
Annexes
Sources
- Omafra, Gestion du sol, fertilisation, nutrition des cultures et cultures de couverture :http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/hort/soil_fruit.htm#Calcium
- Canna, Guide des carrences: calcium : https://www.canna.fr/info-courier_calcium
- Unifa, Le rôle des éléments nutritifs : https://fertilisation-edu.fr/nutrition-des-plantes/le-role-des-elements-nutritifs/autres-elements.html
- Plantix, Carence en calcium : https://plantix.net/fr/library/plant-diseases/700003/calcium-deficiency
- ↑ 1,0 et 1,1 Billeco. Nutrition des plantes. https://www.billeco.fr/post/document-a-telecharger-sur-les-oligos