Haney Test
Le Haney Test, du nom de son développeur Rick Haney de l’USDA (United States Department of Agriculture), est une méthode innovante, reconnue aux USA qui gagne en popularité auprès des mouvements de l’agriculture régénérative. Il n’y a pas meilleure analyse pour évaluer l’état de santé de son sol, de manière simple, économique et précise. Il mesure des indicateurs clés en relation avec la biologie du sol et la nutrition des plantes.
Cette analyse permet :
- De mesurer les niveaux de nutriments présents dans le sol,
- D’évaluer l’activité biologique et la qualité organique de celle-ci.
- D'identifier les facteurs limitants pour débloquer l’activité biologique.
- De mesurer l’azote relargué par la parcelle pour adapter ses doses d’azote.
- D'établir un profil complet des macro et oligo-éléments disponibles pour la culture.
Grâce au Haney Test, on peut obtenir une vision globale de l’état de santé et de fonctionnement d’un sol, permettant de prendre des décisions de fertilisation, tout en améliorant la fertilité des sols grâce à une panoplie d’indicateurs .
Comprendre ses sols avec les indicateurs clés du Haney Test
Évaluation du potentiel d’activité biologique
En activité, les micro-organismes du sol respirent et émettent du CO2. C’est cette respiration microbienne qui est mesurée pendant 24h sous des conditions contrôlées pour établir l’activité biologique. La respiration du sol, mesurée en ppm de CO2 grâce au test Solvita, indique le potentiel d’activité biologique de celui-ci :
- Une respiration élevée montre une forte activité des micro-organismes, essentielle pour la décomposition de la matière organique et la libération des nutriments.
- À l’inverse, sur des sols dégradés, la respiration est souvent inférieure à 50 ppm de CO2, indiquant un manque d’activité biologique. Dans ce cas-là, il convient d’essayer de comprendre le pourquoi du comment de la faible respiration. Regarder les autres indicateurs qui peuvent être limitants sur l’analyse, se rendre sur la parcelle, échanger avec le producteur permet de trouver les solutions pour débloquer ces sols.
Biodisponibilité des minéraux
Pour mesurer la disponibilité des macro et micro-nutriments, le Haney test simule l’activité de la racine qui relargue des acides faibles pour solubiliser les nutriments. Ce processus est reproduit avec une solution d’extraction utilisant des acides organiques qui simulent l’action des exsudats racinaires des plantes, cette solution est le H3A. Il est composé d’acide citrique, oxalique et acétique. Cela permet une évaluation de la biodisponibilité des nutriments pour les plantes et la biologie du sol.
Il y a des corrélations fortes entre biodisponibilité H3A et analyses de sève, ce qui nous permet de déterminer les facteurs limitants pour les cultures avec plus de précision.
Azote organique soluble à l’eau
Cet indicateur est crucial pour comprendre la quantité d’azote facilement disponible pour les micro-organismes.
- Un sol riche en azote organique soluble soutient une vie microbienne active, favorisant un meilleur cycle des nutriments et une meilleure fertilité du sol. Les micro-organismes ont besoin d’azote labile pour leurs fonctions cellulaires et métaboliques.
- Si le Haney Test présente des valeurs faibles, il est intéressant d’apporter une fumure organique riche en azote ou de pratiquer des cultures de couverture avec plus de légumineuses, elles relargueront de l’azote lors de leur destruction ou pâturage.
Le Test Haney ne mesure pas juste un critère pour arriver aux éléments N.P.K disponibles, il utilise une approche intégrée. Le résultat de N disponible par exemple dépend à la fois de la respiration mesurée et du ratio C/N pour modéliser la disponibilité de l’azote.
Carbone organique soluble à l’eau
Il représente la quantité de carbone facilement disponible pour les micro-organismes, source d’énergie essentielle pour eux. Il s’agit de sucre, de molécules qui contiennent du carbone simplement accessible (glucose, saccharose, acides organiques, bactéries ou morceaux de bactéries…).
Les racines des végétaux présents dans les sols exsudent jusqu’à la moitié des sucres produits dans leurs feuilles, ce carbone liquide nourrit les micro-organismes. Ceux-ci pourront aller chercher des minéraux, des molécules simples et de l’eau pour les plantes. C’est une symbiose entre le végétal, qui s’occupe de fabriquer du sucre, mais dépend de la microbiologie pour les minéraux, et des micro-organismes, qui dépendent des plantes pour leur apport énergétique.
Donc maximiser la production de biomasse et améliorer la photosynthèse des végétaux est essentiel pour générer plus d’exsudation, plus de sucre, pour plus de microbiologie et de matière organique.
La capacité de photosynthèse d’une plante peut être multipliée par 10 avec une seule application foliaire, cela peut avoir un impact considérable en termes d’énergie par hectare produite, cela peut représenter plusieurs tonnes de sucre.
Avantages pour les agriculteurs
Réduction des intrants
Grâce aux mesures précises réalisées au H3A (solution d’extraction du Haney Test), on connaît la quantité d’azote, phosphore et potassium disponibles dans les sols. Cela permet de raisonner les plans de fumure en fonction de ce que peut fournir le sol analysé durant la saison.
Suivi de la santé du sol
Le test Haney, plus dynamique que les analyses conventionnelles, permet de suivre l’évolution de la santé du sol annuellement. Contrairement aux analyses conventionnelles réalisées tous les cinq ans, car très stables, le Haney Test montre l’évolution des sols et des pratiques chaque année.
Un score sur une échelle de 50 permet de suivre l’évolution de la santé des sols. Celui-ci est basé sur la respiration, le carbone et l’azote organique mesurés sur les échantillons.
Prevention des carences et excès en minéraux
En analysant non seulement la quantité de nutriments, mais aussi leur biodisponibilité pour les cultures, le test Haney offre une vision claire de l’état du sol. Avec ces informations, il est possible d'apporter les minéraux appropriés pour prévenir les carences et rééquilibrer le sol en fonction des besoins des cultures. Cela permet de maintenir un sol en bonne santé, de maximiser les récoltes et de s’assurer que les cultures obtiennent exactement ce dont elles ont besoin pour bien se développer et éviter les maladies.
Exemple d’une parcelle d’orge d’un éleveur de la Loire
Matière organique et pH du sol
La matière organique est la maison des micro-organismes. À 3,4 %, la microbiologie y est confortablement installée mais ce n’est pas la vie de château. Continuer à restituer de la biomasse par des couverts et des apports de fumier permettrait d’augmenter la taille de l’habitat et favoriserait une activité microbienne plus puissante.
Le pH de 6,6 est légèrement acide et est idéal pour la disponibilité des minéraux.
Respiration du sol
La respiration du sol, à 98,20 ppm de CO2, est correcte, indiquant une activité microbienne moyenne. La biologie est bien présente mais elle est limitée ici par la teneur en azote organique labile faible et la taille limitante de la maison (MO).
Azote organique labile
L’azote organique labile à 8,80 ppm est insuffisant. Cela limite le développement des micro-organismes. Des légumineuses et une fumure organique riche en azote dans la rotation peuvent aider à augmenter ces niveaux et favoriseront ainsi le développement de la microbiologie.
Carbone organique labile (carburant de la biologie)
Le carbone organique labile est bon à 199 ppm. Les micro-organismes ont donc assez de sucres facilement disponibles pour leur développement.
Biodisponibilité des nutriments
Ici, le magnésium, le zinc et le bore sont limitants. Ces carences se retrouvent également sur les analyses de sève d’orge du producteur, ce qui indique une bonne corrélation entre le test Haney et les analyses de sève. Le producteur a mis en place sur sa parcelle des applications de Kiesérite, de bore et de zinc au sol, ce qui a permis de prévenir les carences dans une certaine mesure, mais les applications foliaires restent pour le moment indispensables.
Nutriments disponibles pour la culture suivante
Pour produire ses 60 quintaux d’orge, la culture a besoin de 132 unités d’azote, 45 de P2O5 et 60 de K2O. D’après l’analyse, la culture dispose de 59 unités de N, ce qui est insuffisant pour atteindre l’objectif du producteur fixé à 60 quintaux d’orge. Le producteur doit trouver 73 unités supplémentaires pour atteindre son objectif.
Respiration/Carbone organique faible
Cela nous montre que, malgré la bonne teneur en sucres facilement accessibles, les micro-organismes ne s’en régalent pas. Dans cet exemple, le prélèvement a été fait après un couvert d’interculture de colza. Bien que les crucifères sécrètent des sucres, le couvert, constitué d’une seule espèce, rend les exsudats produits moins diversifiés. Un couvert avec plusieurs espèces permettrait d’améliorer cet indicateur.
C/N organique élevé
Sur cette analyse, avec une valeur de 22,70, l’indicateur est élevé en raison du manque d’azote organique et d’un fort taux de sucre disponible. C’est comme si les bactéries ne consommaient que des boissons énergisantes sans avoir accès à des vitamines. Tout est une question d’équilibre et, pour favoriser une activité biologique intense, il faut à la fois du sucre et des vitamines.
Ratio N Organique / N Inorganique
Avec une valeur de 0,70, le ratio est trop faible, causé par une fertilisation à base d’azote de synthèse appliquée au colza et aux conditions très minéralisantes de milieu d’automne. Les sols en bonne santé ont des ratios pouvant aller au-delà de 5, voire 7. Plus ce ratio est élevé, moins le sol contient d’azote minéral (nitrates, ammonium), ce qui est toujours préférable.
Disponibilité du test
A ce jour, cette analyse n’est disponible qu’aux USA. Il faut donc trouver un acteur qui a passé un partenariat avec un laboratoire américain qui pourra récupérer les échantillons et les faire parvenir aux USA. C'est le cas de Symbiotik Agroecologie.
Sources
- Le "Haney Test": Un outil révolutionnaire pour améliorer la santé des sols - Symbiotik Agroécologie.
Annexes