Ferme de Romuald Gbegan

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Agroécologie, diversité des cultures, fertilité des sols, compost, association culturales
Romuald Gbegan
Bénin Polyculture

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Romuald Gbegan, agriculteur à Akassato au Bénin cultive ses terres selon les principes de l'agroécologie. Voici le portrait de sa ferme.

Contexte

  • Nom : Romuald Gbegan.
  • Localisation : Akassato, Bénin.
  • Nom de la ferme : Akassato.
  • Date d’installation : 2017. Son père était agriculteur et il a travaillé avec lui depuis son enfance.
  • Surface cultivée : 1,3 ha, dont 1 ha cultivé.
  • Texture du sol : Sol ferrallitique sur sédiments meubles argilo-sableux.
  • Nombre de personnes travaillant sur l’exploitation (UTH) : 2.
  • Productions :
  • Climat : De savane à hiver sec (Aw selon la classification de Köppen-Geiger). Akassato est une zone avec des précipitations importantes. Même pendant le mois le plus sec, il pleut beaucoup. Sur l’année, la température moyenne est de 27.4°C et les précipitations sont en moyenne de 1217.1mm.
  • Études/formation/parcours de vie :
    • Master en technologie alimentaire en 2014.
    • Formation sur l’entreprenariat pour pouvoir produire de la purée de tomates.
    • Formation en 2 temps sur la tomate par l'entreprise Holland Green Tech : Production (variétés de tomates, cycle de vie, comment les produire) et chaîne de valeur.

Motivations et objectifs

Selon Romuald, 90% des maux dont l’homme souffre sont dus à une mauvaise alimentation. Les producteurs utilisent beaucoup d'insecticides et pesticides chimiques. Ils modifient le matériel génétique des plantes. Romuald veut tout faire pour participer à la transition agroécologiques des producteurs locaux.

Après avoir constaté que les tomates produites au Bénin sont gorgées d'eau (ce qui rend difficile leur transformation et leur conservation), Romuald a décidé de trouver et produire une variété de tomates à chair généreuse, afin de créer une entreprise de transformation des tomates en purée.

Volet agronomique

Pratiques agricoles

Gestion de la fertilité des sols

  • Fiente de volaille : 1 sac de 50 kg = 15 planches de 6m². Achat de 150 sacs de fiente de volaille par an.
  • Compost : 3 sacs de 50 kg produits par Romuald à partir de feuilles mortes, uniquement pour les tomates.
  • NPK : 1 kg de NPK.

Gestion des ravageurs

La gestion des ravageurs sur la ferme se fait à travers les traitements fongicides et insecticides appliqués en préventif.

Travail du sol

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  • Travail à la main à chaque fois qu’ils vont semer.
  • Mise en place de billons pour retourner la terre et il met de la fiente dans les billons ainsi que les herbes coupées afin de fertiliser.

Stratégies face aux contraintes

  • Sélection de 3 légumes pour la production et la vente en maraîchage : Concombre, tomate, laitue pour faciliter les itinéraires techniques et améliorer le rendement.
  • Production de maïs et manioc (associé) : Il ajoute de l’arachide depuis cette année pour essayer d’apporter moins d’azote et d’avoir plus de production. C’est une technique qu'a expérimenté un ancien du village et qui a donné de bons résultats.

Il a commencé en Agriculture Biologique mais les clients ne valorisent pas les produits bios. Ils considèrent qu’ils sont moins "beaux", Romuald ne pouvait pas les vendre ou alors au rabais. Il a alors commencé à utiliser du NPK. Maintenant il utilise de la fiente de volaille et ça fonctionne bien.

Système hydrique

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Source et matériel

  • Forage souterrain.
  • Pompe électrique avec stockage de l’eau dans un bac de surface.
  • Système d'irrigation :
    • Goutte à Goutte pour les tomates.
    • A bandes pour les autres cultures maraîchères. 

Fréquence d’arrosage

  • En saison des pluies : 2 fois par jour, pendant 15 minutes par planche.
  • En saison sèche  : 3 fois par jour, pendant 15 minutes par planche.

Volet social

Satisfactions / insatisfactions

  • Charge de travail : 8-9, vraiment satisfait, il peut embaucher un ouvrier.
  • Economique : 9, il peut payer un ouvrier et faire vivre sa famille.
  • Confort de travail : 9,  amour pour son travail, passion. Il s’amuse dans son travail.
  • Sociale : 8.
  • Cadre de vie : 8.

Echelle de 1 = très insatisfait, à 10 = très satisfait.


Environnement

Accompagnement technique / Aides

Aides pour la formation. Les hollandais de Holland Green Tech viennent pour les former sur la production de tomates et la chaîne de valeur afin de mieux valoriser la production.

Coopération avec d’autres agriculteurs

Romuald fait partie de deux coopératives :

  • La coopérative des producteurs de manioc d’Akassato, le président est un sage qui pratique beaucoup l’association de culture, c’est lui qui lui a enseigné l’association maïs-manioc-arachide qui offre de très bons rendements sans l’utilisation d’aucun intrants chimique.
  • La Coopérative des maraîchers d'Akassato, au sein de laquelle les producteurs échangent sur les méthodes de productions et surtout la lutte contre les ravageurs.

Volet économique

Foncier

Romuald n'est pas propriétaire de son terrain, il lui est mis à disposition gracieusement (pour l'instant) pour qu’il puisse produire dessus. Cela permet d’occuper le terrain et de le valoriser.

Matériel

  • Houe : 5000 FCFA.
  • Coupe-coupe : 5000 FCFA.
  • Binette : 3000 FCFA.
  • Pulvérisateur électrique : 40000 FCFA.
  • Pulvérisateur manuel : 25000 FCFA.
  • Corde : 2000 FCFA pour 1 sac.
  • Arrosoirs : 15000 FCFA pour 2 arrosoirs.
  • Système d’irrigation : 400 000 FCFA.

Dons, aides financières

Pas de dons ni d’aides financières à part la mise à disposition du terrain.

Charges

  • L’eau, l'électricité :
    • Avec système à bande : 500 000 FCFA/an.
    • Avec arrosoirs : 350 000 FCFA/an.
  • Fientes : 150 sacs par an = 200 000 FCFA.
  • Semences :
    • Tomate cobra F1  : 45000 FCFA pour 50 grammes.
    • Tomate Jarrah : 20000  FCFA pour 1000 graines, à l'expérimentation pour l'instant.
    • Poivron : 40000 FCFA pour 50 grammes.
    • Carottes : 15000  FCFA pour 50 grammes.
    • Concombre : 55000 FCFA pour 1000 graines. 
    • Laitue : 25000 FCFA pour 5000 graines.

Coût de production des principales cultures

  • Tomates : 18 450 000 FCFA.
  • Concombres : 120 000 FCFA.
  • Laitues : 150 000 FCFA.
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Revenus

  • Tomates : 42 000 000 FCFA.
  • Concombre : 1500 000 FCFA.
  • Laitue : 300 000 FCFA.
  • Papaye : La plage de prix de détail en Franc CFA pour les papayes est comprise entre 591,10 et 1 182,20 FCFA/ kg à Porto-Novo et Cotonou. Un papayer produit entre 30 et 40 kg de fruits sur 22 mois[1].

Stratégie commerciale/ Débouchés

  • Vente aux "bonnes dames" intermédiaires sous formes de paniers, mais ce n'est pas très rentable car il leur vend à environ 300 FCFA / kg, contre 1000 FCFA / kg au supermarché.
  • Vente à des restaurants.

Pour le moment, les producteurs du coin n’arrivent pas à s’organiser en coopérative pour vendre tous ensemble et augmenter leur marge.

Les conseils de l'agriculteur

Tout le monde doit manger, on arrivera toujours à vendre. Il veut que les jeunes viennent s’installer avec lui pour produire ensemble selon les principes de l’agroécologie pour éviter les impacts sur la santé humaine principalement.

Aujourd’hui, il est dur de trouver du travail dans le public, il faut donc se lancer dans l’entreprenariat. Si tu deviens agriculteur tu deviens l’employeur et l’employé, les plantes sont nos enfants, il faut en prendre soin. Si on se lance dans l'agriculture, il faut s’y mettre à 100%. L’agriculture doit être son activité principale.


Galerie photos



La transition agroécologique par l'expérimentation

Dans la quête d'une agriculture plus durable et résiliente, Romuald a  entrepris de mettre en place avec les membres de l’Université d’Abomey Calavi et l’équipe de Ver de Terre Production une expérimentation d'agroécologie. Cette initiative novatrice mise en place dans le cadre du projet URBANE  vise à transformer les pratiques traditionnelles en adoptant des méthodes respectueuses de l'environnement tout en préservant et/ou améliorant la productivité agricole. Au cœur de cette démarche se trouve l'intégration de couverts végétaux associés en précédent cultural de la tomate, suivie de la plantation de tomates dans les andins formés par la fauche des plantes de couverture.


L'objectif principal de cette expérimentation est d’améliorer la structure du sol et sa fertilité chimique, physique et biologique. En favorisant la biodiversité et en réduisant le travail du sol, Romuald  espère réduire sa dépendance aux intrants chimiques et ses besoins en irrigation. En associant des légumineuses et des céréales en précédent cultural pour la tomate, l'expérience vise à enrichir le sol en azote et en matière organique, deux éléments essentiels à la fertilité du sol.

Matrice d'essai

L'expérimentation repose sur trois modalités de culture :

  • Sorgho+Niébé.
  • Maïs+Niébé.
  • Maïs+Arachide.

Avec, à chaque fois, un témoin sans plantes de couverture. Ces différents agencements permettent d'évaluer l'efficacité de différentes combinaisons de cultures dans l'amélioration de la fertilité du sol. Le dispositif est répété sur plusieurs cycles pour mesurer l'évolution des résultats sur le long terme.


Au cours de l'expérimentation, plusieurs défis ont été identifiés, notamment en ce qui concerne la gestion de l'eau et de la fertilité du sol. La culture en contre-saison, bien que bénéfique pour la production, a nécessité davantage d'irrigation et de travail. Cependant, l'amélioration de la structure du sol grâce aux légumineuses et à la matière organique issue de la dégradation des plantes de couverture offre des perspectives prometteuses pour réduire les besoins en engrais minéraux et en irrigation à moyen terme.

Suite de l'expérimentation et conseils

Pour maximiser les bénéfices de cette expérimentation, il est essentiel d'optimiser certains paramètres, tels que l'irrigation, le type et la gestion de la matière organique. Une adaptation de la matrice d'essai en fonction des conditions spécifiques du terrain permettra d'obtenir des résultats plus précis et plus facilement réplicables.

De plus, il est recommandé de poursuivre les recherches pour affiner les pratiques agricoles et garantir une transition réussie vers une agriculture plus durable et résiliente.


Photos des expérimentations

Essais fertilité

Mise en place de l'expérimentation : plantation et croissance couvert végétaux


Suivi d'expérimentation : Test VESS, Méthode MERCI et destruction du couvert


Suivi d'expérimentation : Tomates dans les andins


Essai Ralstonia

Mise en place de l'expérimentation: plantation et croissance couvert végétal Crotalaire


Suivi d'expérimentation : Méthode MERCI et destruction du couvert


Suivi d'expérimentation: Tomates dans les andins


Sources

Interview de Romuald Gbegan réalisée en Mars 2024 par l'équipe de Ver de Terre Production dans le cadre du projet Urbane.

Crédits photos : Romuald Gbegan et Alexandre Cottin.


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Cette page a été rédigée en partenariat avec le projet Urbane et grâce au soutien financier de l'Union Européenne.

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Annexes

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