Formation, foncier, accompagnement, statuts, faisabilité technico-économique, stratégie d’investissement...
Devenir agriculteur ou agricultrice est un cheminement individuel et parfois aussi collectif long. Il nécessite de connaître le métier, son environnement administratif et territorial.
Cet article vise à appréhender l’installation agricole au travers de 8 étapes. Cela n’est pas un ordre d’avancement figé. Chaque étape permet de connaitre les différents acteurs et éléments indispensables à la réussite de son projet.
Les 8 étapes de l’installation :
- Prendre le temps de la réflexion.
- S’informer localement.
- Se former.
- Recherche du terrain (si besoin).
- Définir sa faisabilité technico-économique.
- Faire les demandes de financement (si besoin).
- Créer administrativement son entreprise.
- L’après l’installation.
Prendre le temps de la réflexion
Un temps nécessaire pour construire, affiner votre projet. Pour les personnes en reconversion non issues du milieu agricole (NIMA), il existe plusieurs solutions pour aller à la rencontre de paysans et découvrir leur univers : gîtes à la ferme, marchés, foires agricoles, portes ouvertes, les initiatives paysannes ne manquent pas. Il ne faut pas hésiter à être curieux, à poser des questions, les paysans participant à ces événements sont motivés par l’échange !
Voici quelques exemples de sites intéressants à parcourir :
- Accueil paysan : Hébergement payant à la ferme.
- Bienvenue à la ferme : Hébergement payant à la ferme.
- De ferme en ferme : Visites de fermes.
Le woofing
De l’hébergement contre du travail agricole : le woofing. Wwoof ça veut dire «World Wide Opportunities on Organics Farms», soit «opportunités mondiales dans des fermes biologiques».
C’est une manière très simple de visiter beaucoup de fermes, de savoir ce qui vous plaît, ce qui se fait, d’avoir une idée de la charge de travail et du rythme de vie paysan. Les fermes qui reçoivent des «wwoofeurs» sont répertoriées sur le site Wwoof.fr. Qu'on soit hôte ou visiteur, il faut adhérer à l'association. Compter 35€ pour adhérer à l'année en tant qu'hôte et 25€ en tant que visiteur.
Le principe : 5h de participation aux travaux de ma ferme par jour, contre le gîte et le couvert. Il faut vraiment y aller dans l’idée de découvrir le travail à la ferme, pas de prendre des vacances, l’hébergement peut être rudimentaire comme très confortable, il s’agit de bien dialoguer avant avec les hôtes afin de savoir à quoi s’attendre en termes de logement et de type de travaux attendus.
Les formations "de l’idée au projet"
De nombreuses structures à travers la France proposent un accompagnement à l’émergence de projet.
Voir l'article formations : Trouver et financer ses formations agricoles.
Le BPREA
Le Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole, est le diplôme phare pour devenir paysan(ne). D’une durée de 1 à 2 ans, en présentiel, alternance ou à distance, il permet d’affiner son projet, avec entre autres des périodes de stages dans des exploitations.
Le Conseiller en Evolution Professionnelle (CEP)
Il permet un accompagnement individualisé pour répondre aux interrogations de l’installation ou de l’arrêt d’une activité agricole. Il accompagne dans les démarches accessibles à la personne au fur et à mesure de ses réflexions, que ce soit un projet de reconversion ou non. Un seul lieu de contact Mon CEP car on peut choisir son CEP dans une des structures suivantes : Chambre d’agriculture, Pole Emploi, Chambre des métiers.
S'informer
Pour connaitre les différentes démarches administratives et acteurs de son département, plusieurs solutions.
Les réunions d’information collectives
Une demi-journée par mois est organisée par les Chambres d’agriculture ou par les associations locales d’appui à l’agriculture paysanne.
Le Point Accueil Installation (PAI)
Une personne dans chaque département est là pour répondre à toutes les questions et vous orienter vers vos prochaines démarches en fonction du diagnostic établi. C’est votre porte d’entrée vers le démarrage de votre activité. Vous pouvez la contacter avant ou après avoir fait la réunion d’information collective.
Les structures spécialisées
Syndicats, interprofession, coopératives ou associations agricoles spécifiques à votre filière (maraîchage, apiculture, élevage…) sont des ressources fortes pour connaitre les tenants et aboutissants d’une production.
Pour une production en bio, d’autres informations sont disponibles sur l’article S’installer en agriculture biologique.
Renforcer ses compétences
La réussite d’un projet est fortement assujettie à son porteur. Plus il sera formé au travers de formations et d’expériences professionnelles, davantage le temps d’installation sera sécurisé et court.
Les formations
Diplômantes ou de courtes durées, elles permettent d’aborder des thématiques comme la gestion d’exploitation, la conduite technique d’une production, la règlementation, le chiffrage d’un projet, sa commercialisation...
Voir l'article Trouver et financer ses formations agricoles pour plus d'information.
Les stages en exploitation
Il est possible de faire un stage de 2 semaines à plusieurs mois, ils peuvent être des :
- Des stages d'observation (moins d'1 mois) dans le cadre de votre PPP (Plan de Professionalisation Personnalisé), votre ADEAR (Association pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural) ou avec la PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel) avec Pôle Emploi.
- Des stages en exploitation (1 à 6 mois) dans le cadre de votre PPP.
- Des stages parrainage / transmission (jusqu'à 1 an) dans le cadre d'un CEFI (Contrat Emploi Formation Installation) en vue d'une reprise d'exploitation.
Plus d'infos :
- Le PPP (Plan de Professionalisation Personnalisé).
- Le PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel).
- Le PAI (Point Accueil Installation).
Se salarier
Vous pouvez trouver des emplois en tant qu’ouvrier agricole, ce qui permet d’apprendre tout en étant rémunéré (le plus souvent au SMIC agricole).
Les plateformes d'offre d'emploi
De l’emploi saisonnier au CDI, il en existe dans beaucoup de branches de l’agriculture. Dans les filières qui recrutent beaucoup, jetez un œil aux cultures légumières et maraichères.
Si vous avez une idée précise du type de ferme où vous souhaitez travailler, vous pouvez par exemple visiter les sites de [www.anefa.org l'ANEFA], L'agriculture recrute, Jobagri, Wizifarm.
Les associations
N’hésitez pas à contacter directement des associations correspondant à la filière qui vous intéresse. Par exemple, pour l’apiculture, regardez les petites annonces des groupements d’apiculteurs. Si la production en bio vous botte, les groupements bio ont également leurs petites annonces.
Ne pas hésiter à contacter le PAI pour avoir les contacts des groupements locaux !
Le service de remplacement
Ces associations, présentes dans chaque département, embauchent des agents agricoles pour remplacer les paysans quand ils en ont besoin. Cela nécessite d’être flexible, d’apprendre vite, d’être rapidement autonome : mais c’est très formateur et apporte de solides compétences. Certaines associations vont même payer une formation à leurs agents : servicederemplacement.fr.
Valider son foncier
Plusieurs éléments à identifier. La priorité est de bien vérifier que votre terrain réponde bien aux besoins du projet. Par exemple, qu’il y ait bien deux sources d’approvisionnement en eau pour un projet maraîcher.
Voir article l’adéquation terrain/projet.
Plusieurs solutions pour cultiver un terrain, à vous d’identifier les avantages et inconvénients de chaque possibilité :
- L’achat.
- La location (appelé aussi fermage ou bail à ferme).
- Le prêt (attention toutefois au manque de sécurité sur le moyen long terme de votre installation).
Voir article sur les baux ruraux.
Pour l’achat d’un terrain de nombreux éléments sont à prendre en compte avant signature :
Faisabilité technico-économique de l'exploitation
Il s’agira de faire un prévisionnel : investissement, moyens financiers, humains, organisation de la commercialisation. Le but est réellement de gagner du temps.
Comment faire ?
Il y a deux parties :
- L'identification de ses forces et faiblesses, de son marché, concurrents,...
- Le prévisionnel économique.
Plusieurs options
- Le réfléchir soi-même.
- Se faire aider par une ferme similaire à celle que l'on envisage.
- Se faire aider par un comptable.
- Suivre une formation (BPREA, Chambre d’agriculture, ADEAR, AFOCG (Associations de Formation collective à la Gestion),...).
- Un accompagnement personnalisé par la Chambre d’Agriculture ou une structure d’appui à l’agriculture paysanne du département.
Le financement
Plusieurs solutions :
- Les aides publiques : DJA (Dotation Jeunes Agriculteurs), Pass Installation, PCAE (Plan de Compétitivité et d'Adaptation des Exploitations Agricoles), ...
De nombreux critères sont à remplir en fonction de l’aide sollicitée. Pour lus d'infos, voir l'article sur les aides à l’installation.
- Les prêts bancaires.
- Prêts d’honneur.
- La love monnaie, c’est-à-dire celle des proches.
- Le financement participatif crowfunding.
- Le mécénat.
S’enregistrer
C’est seulement à cette étape que sont choisis vos statuts sociaux, fiscaux et juridiques, une fois que le projet est bien défini.
Pour plus d'infos, consultez les articles :
- Les cotisations sociales agricoles.
- Les différents statuts juridiques d’exploitation.
- Choisir sa fiscalité.
Ensuite, afin entre autres d’obtenir son numéro SIRET, il s’agit de contacter le Centre de Formalité des Entreprises (CFE). C’est un service de la Chambre d’Agriculture. C’est un guichet unique, un seul interlocuteur, pour l'inscription, la radiation ou la modification d'une entreprise ou d'une société ayant une activité agricole.
Un seul document CERFA à remplir, le P0. Le CFE le transmet ensuite à l’INSEE, MSA, IMPÔTS, DOUANES, GDS, GREFFE TRIBUNAL DE COMMERCE, DDTM.
L'après installation
Il est courant de dire qu’il faut facilement 2 à 5 ans pour valider son business.
Si vous avez choisi de vous entourer pendant votre installation par une structure d’accompagnement, elle vous proposera sans doute un suivi technico-économique sur 1 à 5 ans pour ajuster l’activité en fonction des contraintes non prévues. Ce suivi est une prestation payante mais qui peut être rassurante et qui peut faire gagner du temps et de l’énergie sur des réajustements nécessaires. Elle est obligatoire dans le cadre de certaines subventions (voir l'article : les aides à l’installation).
Quoiqu’il en soit, les différents services techniques de la Chambre d’Agriculture, des associations agricoles ou les structures de conseil existantes sont en appui pour l’affinage et la vie du projet agricole.
Voir également :
Récapitulatif des différents acteurs de votre projet
Comme vous avez pu le constater, de nombreuses structures aux acronymes divers et variés ont été cités dans cet article, pour vous permettre de vous y retrouver, nous vous invitons à regarder cette vidéo :
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