Logo Ensat.jpg

Double culture soja-lin en Agriculture Biologique dans l'Aude

De Triple Performance
Aller à :navigation, rechercher

Choclazeur Lin.jpg

Alain Choclazeur est agriculteur dans l’Aude à Puginier où il cultive des céréales en Agriculture Biologique. Il met en place avec succès la technique de la double culture sur son exploitation. Il se diversifie avec des arbres fruitiers sur 20 ha de son exploitation.

Présentation

  • Nom : Alain Choclazeur.
  • Localisation : Puginier, Aude (11).
  • Statut : Agriculteur.
  • Exploitation : SCEA Choclazeur.
  • Année d’installation : 1980.
  • SAU : 100 ha.
  • UTH : 2, Alain à plein temps et ses deux fils à mi-temps (double actifs).
  • Cahier des charges : Agriculture Biologique, conversion en 2015.
  • Production : Blé, lin, moha, soja, lentille, chia, féverole, pois chiche, sarrasin, tournesol, amandes, grenades, figuiers.
  • Sol : Argilo-calcaire avec taux d’argile supérieur à 25, côteaux du Lauragais.
  • Travail du sol : Travail superficiel, pas de labour.
  • pH : 7.5 et 8.
  • Taux de MO : Faible.
  • Autre caractéristiques : Irrigation.
  • Modes de commercialisation : Vente des céréales à des coopératives, le lin à une huilerie, les amandes et les fruits à des magasins bio ou des artisans (chocolatiers).

Motivation

Lors de sa conversion en Agriculture Biologique, Alain Choclazeur a pu constater, l’utilité fondamentale des couverts végétaux. Néanmoins, ces couverts représentent un coût financier non négligeable qui l’a mené à réfléchir à des alternatives pour en dégager un bénéfice. Il a donc décidé d’expérimenter sur une petite surface la double culture en 2015, puis d’augmenter sa proportion sur l’exploitation chaque année. Son verger lui permet de développer des productions de niches tout en poursuivant les grandes cultures avec plus de légumineuses et une diminution progressive des céréales à paille.

Étapes de mise en place

Alain Choclazeur a testé plusieurs associations sur son exploitation en débutant par orge – soja, puis blé - soja et enfin lin et chia. Toutes ces associations se sont révélées compatibles grâce à des variétés précoces. Aujourd’hui, il implante seulement 15 à 20 ha de double culture, à cause des quotas d’irrigation. La double culture en sec est fortement déconseillée à l’exception de conditions météorologiques idéales. L’objectif est de réussir une levée rapide pour réussir à boucler le cycle de la culture dans l’intervalle de temps restreint.

Itinéraire technique

Choclazeur ITK.png

Temps d’adaptation

La double culture a demandé trois ans à Alain Choclazeur pour adapter sa technicité et ses connaissances pour réussir la double culture. Il a expérimenté des enchaînements de culture sur des petites surfaces pour en déduire les plus efficaces et productives. Il débutait avec une alternance orge-soja puis blé-soja. Ces choix n’ont pas été maintenus par souci économique avec les fluctuations importantes des cours des céréales. La volonté d’Alain est de développer les cultures de niches qui sont plus rémunératrices et réalisables en double culture.

Investissements

Cette pratique ne demande pas l’achat de matériel agricole particulier. En revanche, chaque agriculteur doit disposer d’un système d’irrigation efficace. Cet agriculteur a choisi d’investir dans un nouveau pivot (2016) pour faciliter le travail quotidien lors des périodes sèches.

Actuellement, il réfléchit à acheter un fissurateur pour augmenter la perméabilité de son sol et protéger sa structure. De plus, il réfléchit à la construction d’un bâtiment de triage des céréales pour améliorer la valeur ajoutée de sa production et permettre une meilleure sélection de ses semences de ferme.

Opportunités

  • Prix du soja bio élevé permettant d’améliorer le chiffre d’affaires.
  • Permet l’apport d’azote pour la culture suivante grâce à une implantation de légumineuses.
  • Permet de gérer le salissement des parcelles.

Résultats

Economiques

  • Produits : Récolte (20 qx) : 1000€/t. Total : 2000€.
  • Charges :
    • Semences de soja 000 inoculées (740 000 graines/ha) : 150 €.
    • Interventions mécaniques (semis + désherbage mécanique + récolte) : 200 €.
    • Irrigation : 400 €.
    • Total :750 €.
  • Bénéfices : 2000 - 750 = 1250 € /ha.


Le prix de la récolte est fixé par la coopérative Arterris.

Les prix de semences sont fixés par son fournisseur.

Les coûts d’interventions ont été calculés par Christophe. L’irrigation est chiffrée grâce à la quantité d’eau utilisée (350 mm par campagne en douze passages) par rapport aux tarifs annuels par mètre cube.

En 2023, la mise en place de la double culture de soja sur 15 ha a permis une augmentation du chiffre d’affaires de 18 750 €.

Social

  • Cette pratique lui permet de diminuer son temps de travail annuel grâce à la suppression des déchaumages fréquents pendant l’été pour favoriser les faux semis.
  • La quantité de travail est plus importante au moment de la récolte (fin juin).
  • Il devient plus disponible en été pour se consacrer à son verger et prendre des congés annuels familiaux.

Agroenvironnemental

  • Stockage du carbone plus important par rapport à l’absence de couverts.
  • Apports de matière organique avec restitution au sol des résidus de récolte.
  • Couverture permanente des sols.
  • Diminution de la pression adventices.
  • Consommation de carburants en baisse (arrêt des faux semis réguliers).

Intérêts et points de vigilance

Intérêts

  • Couverture des sols : limite l’érosion des sols, favorise le développement de la vie du sol, limite du développement des adventices.
  • Stockage permanent du carbone.
  • Gain de temps de travail par rapport au temps nécessaire pour les faux semis après la moisson.

Points de vigilance

  • Levée de nombreux ray-grass après 5 ans de double culture.
  • Problèmes d'héliothis sur le soja (papillons dont les larves défolient le soja et entraînent un jaunissement de la plante). Application d’un insecticide homologué en Agriculture Biologique (DiPel).
  • Profiter de l’humidité du sol et des conditions météorologiques pour réussir le semis.
  • Choix de variétés précoces adaptées au lieu d’implantation et faiblement demandeuses en eau (passage des variétés 00 avec des variétés 000 pour réussir à récolter en octobre dans de bonnes conditions).

Conseils

D'après Alain Choclazeur, en agriculture, il faut "donner du sens à ce qu’on fait". Il est important de "croire en ce qu’on fait" car "c’est le plaisir qui procure la réussite et pas l’inverse".

La mise en place de la double culture se réfléchit en amont. Il faut évaluer les risques et les potentiels gains de production en fonction des cours du moment de la culture, tout en gardant à l’esprit qu’il est possible que la culture ne soit pas récoltée.

Aujourd’hui, les bienfaits des couverts sont prouvés. Cette pratique va devenir de plus en plus courante dans chaque exploitation en agriculture conventionnelle ou en Agriculture Biologique avec une recherche de gains financiers pour les agriculteurs en implantant des cultures de vente comme couverts.

Perspectives

  • Alain Choclazeur souhaite développer davantage la double culture avec un assolement plus diversifié tout en respectant les quotas d’irrigation. L’objectif est d’obtenir 30 qx de soja pour la prochaine récolte.
  • L’année 2024 permettra l’essai du chia en double culture. De plus, il souhaite poursuivre l’arrêt du travail du sol avec un arrêt du labour tant que l’infestation en adventices restera contrôlable.
  • En parallèle des projections à venir sur la double culture, il souhaite aussi développer la cueillette libre au sein de son verger, pour rapprocher les consommateurs du monde agricole et élargir son assolement avec la construction d’une grande serre couverte de panneaux solaires, pour produire du raisin de table et d’autres fruits et légumes.

Sources

Interview d'Alain Choclazeur réalisée le 13/11/2023 par un groupe de 6 étudiants ingénieurs agronomes de l'ENSAT. La rédaction de cette page, les photos ainsi que la réalisation du schéma d'illustration sont à leur crédit.

La version initiale de cet article a été rédigée par Jérémy Caumel, Océane Legendre, Amelie Leon, Clara Perissé, Nicolas Piette et Simon Pruchon.


Annexes





Partager sur :