Conversion en MSV
Reconcevoir son système maraîcher est un défi plus important que de démarrer directement en MSV à l’installation car il faut déconstruire une partie de ce qui était jusque-là réalisé, pour passer à des nouvelles pratiques.
Pour un maraîcher installé
Les premières surfaces facilement convertibles en sol vivant sont les serres. En effet, vouloir gérer l’enherbement et créer de la porosité en sol mort peut légitimer un travail du sol en plein champ. Mais en tunnel, la gestion de l’enherbement est facilitée par l’arrosage en gouttes à gouttes qui limite la pousse des adventices. De même, la porosité ne se dégrade pas sous l’effet des à-coups d’eau dûs à la météo extérieure. Ce sont bien ces à coups d’eau qui tassent en premier lieu le sol “naturellement”.
Une pluviométrie lissée engendre donc un enherbement limité et conserve la porosité des sols.
Démarrer sous serre en MSV consiste donc à arrêter ou limiter les opérations de travail du sol. Un intrant massif ou une remise en vie douce doit être envisagé pour correctement nourrir le sol et donc nourrir les plantes. En cas d’enherbement, on privilégiera la mise en place de culture sur bâche.
Dehors, il est recommandé de faire la transition en commençant par de petites surfaces. Commencer par ce qui est simple : cultures sur prairie ou sur sol enherbé avec apport de matière organique (MO). Il est possible de réfléchir sa transition et ses apports massifs de MO (si nécessaire) en divisant son terrain en zones distinctes.
Pour les légumiers
Les légumiers cultivent par définition plusieurs hectares de quelques légumes (ce qui les distingue des maraîchers qui ont une gamme incluant notamment des primeurs).
Il y a des légumes plus simples à cultiver que d’autres à grande échelle sans travail du sol. Commencer par oignons, courges, choux, salades ou melon est plus facile que carotte ou poireau. Un légumier aura tout intérêt à allonger ses rotations avec quelques légumes au sein d’une rotation céréalière. Une rotation basée sur des céréales et oléagineux menées en agriculture de conservation des sols (incluant donc de nombreuses intercultures de couverts végétaux) pourra accueillir une ou plusieurs cultures maraîchères.
Des légumes nécessitant un travail du sol peuvent même être envisagés (tous les 3 à 7 ans) où la perte d’activité biologique et de matières organiques est compensée par les bonnes pratiques du reste de la rotation.
Il est important de raisonner avec le bilan humique tout en prenant soin de sortir de la zone de sol très dégradée. Au démarrage, on peut commencer par des bilans humiques fortement positifs pour ensuite, peut-être, atteindre un régime avec des bilans équilibrés. Les couverts végétaux très bien réussis et éventuellement des apports de bois/plaquettes/déchets verts sont les clés pour le démarrage de ses systèmes.
Une culture de l’expérimentation doit impérativement être mise en place par les légumiers qui souhaitent être les pionniers dans le déploiement de ces nouvelles pratiques. La méthodologie de recherche-action pour les systèmes Semis sous Couvert Végétal (SCV) définie par Lucien Séguy et publiée par Olivier Husson et al. pourra être une sérieuse base pour débuter : Co-designing innovative cropping systems that match biophysical and socio-economic diversity: The DATE approach to Conservation Agriculture in Madagascar, Lao PDR and Cambodia, O. Husson et al., Cambridge University Press, 2015.
Pour les serristes
Les serristes qui sont souvent équipés de systèmes de production hors sols peuvent envisager la mise en culture de leur production dans des bacs de cultures où le substrat inerte est remplacé par un mélange de compost / broyat de déchets verts / matières azotées qui assurera une grande part de la nutrition des plants de légumes. Une multiplication de vers épigés (Eisena fetida) est à envisager pour accélérer la bonne activité biologique des bacs de cultures.
Des déploiements sur plusieurs hectares de serres hightech de production de tomates sont en cours sur divers sites de production en France. Ces pratiques engendreront de grands changements pour les circuits longs des légumes cultivés sous serres. Des études détaillées sont à prévoir pour documenter les résultats techniques, économiques, environnementaux et nutritionnels de ces nouveaux systèmes de production.
A voir sur Youtube
- Pommes de terres et couverts permanents - Nicolas Hallegouet
- Adaptation semoir ribouleau NG+3 au Semis Direct - Jacky Berland
- 600 tonnes de tomates hectare en sol vivant - François Mulet
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