Amélioration de la structure du sol grâce à des prébiotiques

Retours d'expérience - Christophe Legrand (2015)

Polyculture Sols vivants Matière organique Hydromorphie Cycle du carbone et GES Prébiotiques

Seine-Maritime

200

2

Argileux et Limoneux

Sol neutre

Polyculture

Blé

Orge

Lin

Betterave

Pois

Colza

HVE

Christophe Legrand. ©Clément Legrand.

Christophe Legrand est polyculteur en Seine-Maritime (76). Il a une problématique de sols argileux trop compacts, c'est pourquoi il a voulu tester l'application d'un prébiotique des sols pour rendre ses sols plus faciles à travailler et moins hydromorphes.

Présentation

Nom: Christophe Legrand.
Localisation: Smermesnil en Seine-Maritime (76).
Exploitation : SCEA Legrand.
SAU: 200 ha.
UTH: 2.
Cahier des charges: Techniques Simplifiées (outils à dents, outils à disques et semis).
Label : HVE2.
Production: 100 ha de blé (dont une partie en G4 multiplication), 20 ha orge (dont une partie en G4 multiplication), 20 ha lin textile, 20 ha betterave sucrière, 20 ha pois (G4 multiplication), 20 ha colza.
Sol: Une partie du parcellaire est limoneuse, elle est réservée aux cultures industrielles et une partie est plus argileuse et pentue pour le colza et les pois en tête de rotation.
pH : Entre 7,5 et 8.
Taux de matière organique : 2.
Travail du sol : Depuis 15 ans il n'y a plus de labour sauf quand il n’y a pas le choix (problématique vulpin). Cette année, un labour a dû être réalisé sur une parcelle ayant accueilli des betteraves sucrières car les conditions étaient moyennes et tardives, les conditions climatiques n'étaient plus favorables à un semis sans labour.
Historique : Avant 2020 l'exploitation était en polyculture-élevage de vaches laitières, depuis elle est en polyculture uniquement.

Motivations

Les parcelles argileuses présentaient des zones très compactes et hydromorphes. Christophe a donc cherché des solutions pour rendre la granulométrie plus fine et faciliter le travail du sol. En 2017 il a entendu parler d'un prébiotique des sols (Nutrigeo) par son commercial, il a alors voulu tester ce produit.

Étapes de mise en place

Fin 2017 : Premier essai avec le Nutrigeo sur des zones argileuses très compactes.
Application de Nutrigeo tous les 2-3 ans sur ces mêmes bouts de parcelles argileuses.
Mars 2022 : Essai d'un probiotique fixateur d'azote atmosphérique (Free N100) et d'un probiotique de la nutrition racinaire (Free PK) sur betteraves sucrières.
Septembre 2022 : Adhésion au programme Gaïago Carbone. C’est un engagement sur 5 ans, pendant lesquels l’agriculteur s'engage à faire une pulvérisation de Nutrigeo par an sur la même zone dans la même parcelle. L'objectif étant de faire vivre le sol, réduire la compaction, réduire l'hydromorphie et stocker du carbone. Les résultats d’analyse de sols peuvent être convertis en tonne équivalent CO₂ épargné et les valeurs stockées mesurées se transformeront en crédits carbone ce qui leur apportera une plu value pour la trésorerie d'exploitation, s’il y a augmentation, en 3ème et 5ème année.

Résultats

Christophe a un avis positif sur l'utilisation des prébiotiques et probiotiques.

Du prébiotique

Différences de granulométrie observée entre la parcelle témoin et celle ayant reçu du Nutrigeo.©Clément Legrand.

Christophe a constaté dès la 1ère année, que la terre des parcelles ayant reçu du Nutrigeo étaient plus faciles à affiner comparée au témoin.
La structure est moins hydromorphe, moins compacte donc plus facile à désherber.
Après analyse au tamis, ils ont observé moins de gros agrégats là où il y a du Nutrigeo.
La décomposition de la matière organique qu'il apporte sous forme de fumier est meilleure là où il y a eu application du prébiotique. Pareil pour les broyats de paille.
Par contre, il n’y a pas eu d'observation visuelle que ce soit sur la différence de granulométrie du sol ainsi que sur l'amélioration des cultures.
Il a enterré un chiffon en coton pour mesurer l'activité de la vie du sol et au moment du déterrage le résultat était très parlant.

Résultats du test du chiffon de coton enterré. A gauche le témoin, à droite le chiffon de la parcelle ayant reçu du Nutrigeo. ©Clément Legrand.

Des probiotiques

A gauche la parcelle ayant reçu 120U d'N et pas de probiotique, à droite la parcelle ayant reçu 90U d'N et Free N 100 + Free PK. ©Clément Legrand.

Dans les parcelles de betteraves sucrières où Free N 100 + Free PK ont été appliqués, il a enlevé 30U d’azote par rapport à son plan de fertilisation habituel (120 U). Toutes les autres interventions (insecticides, herbicides, fongicides) sont restées identiques entre les parcelles ayant reçu les probiotiques et celles ne les ayant pas reçus. Des comptages pour mesurer les rendements ont été réalisés et les résultats des parcelles ayant reçu les probiotiques sont supérieurs de 10t/ha par rapport aux zones n’ayant pas reçu de traitement et ayant reçu la dose totale d’azote.

Avantages et points de vigilance

Avantages

Gain de temps car le travail du sol est facilité.
Une vie du sol en meilleure santé.
Simple à utiliser.
Pour les probiotiques, si on utilise moins d’azote c’est pas plus mal pour le porte monnaie et pour l’environnement.

Points de vigilance

Utiliser le pulvérisateur pour épandre et c'est mal vu par le monde urbain.
L’appliquer seul, c’est un passage supplémentaire.

Investissements

L'application du produit ne nécessite pas de matériel particulier, un pulvérisateur suffit.
Achat du produit : 80 et 85€/ha (en fonction des quantités achetées).
Le programme Gaïago Carbone implique un abonnement qui représente entre 20 et 25€/ha/an. Au final partir dans Gaïago Carbone (1 Nutrigeo/an pendant 5 ans) coûtera entre 100 et 110€/ha/an.

Aides

Aucune aide n'est proposée dans la PAC pour l'utilisation de prébiotiques, mais il est possible d'être éligible au crédit carbone à N+3 et N+5 si le programme fonctionne bien. Pour l’instant nous n’avons pas de chiffre sur le montant du crédit carbone auquel nous pourrions prétendre mais, d’après Gaïago, il devrait au moins rembourser l’investissement… A suivre.

Conseils

Christophe conseille de commencer par tester sur quelques zones argileuses, car c’est là que l’on voit le plus de résultats, et d'augmenter les surfaces si on en est satisfait.