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Mas de la Plaine Haute

De Triple Performance
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Domaine viticole en agriculture biologique
Olivier Robert
Institut Agro Montpellier Hérault (département) Viticulture

Robert vigne 2.jpg

Introduction

Olivier Robert est un passionné de viticulture-œnologie et de la nature. En développant son activité auprès de ses parents, il a ainsi voulu allier ses passions. Il est alors passé en agriculture biologique puis plus récemment en agriculture de conservation des sols, pour renforcer son approche d’agroécologie. Il a réussi à implanter des couverts végétaux florissants sur ses 7,5 ha de parcelles grâce notamment à l’épandage de broyats de bois.

Contexte

●       Nom de l’exploitation : Mas de la Plaine Haute

●       Localisation :  Vic-la-Gardiole (34)

●       SAU : 7,5 ha

●       Production : viticulture

●       UTH : 1

●       Sol :

  • Très caillouteux
  • Texture : Argileux

●       Climat :

  • Pluviométrie annuelle moyenne : 600 mm
  • T° moyenne : 15°C
  • Type de climat : climat méditerranéen (classification cfb d’après Koppen)
  •  Cahier des charges : AOC muscat de Frontignan

Historique

Olivier a, depuis toujours, aidé ses parents dans les parcelles viticoles pour la taille ou les vendanges. Mais ce n’est que durant sa trentaine qu’il reprend goût à ce travail et se lance dans la production viticole en achetant sa première parcelle. Il suit une formation au CNPR (Centre National de Promotion Rurale) par correspondance et obtient son diplôme BTSA viticulture-oenologie. De son goût pour la nature et pour son métier, Olivier s’est alors lancé dans l’agroécologie.

  • Fin 1800 : création de l’exploitation par l’arrière grand-père maternel d’Olivier Robert
  • 1996 : déclaration officielle d’Olivier Robert en Viticulteur Producteur et installation sur une surface de 0,72 ha
  • 1999 : vinification de ses 1ers vins
  • 2005 : travail collaboratif avec ses parents (propriétaires du domaine), sur 7,5 ha au total, 3 ha sont à Olivier et 4,5 ha à ses parents + agrandissement de sa cave.
  • 2012 : conversion à l’agriculture biologique
  • 2015 : Obtention du Label Bio
  • 2017 : passage à la Conservation des sols pour renforcer l’approche agroécologique
  • Aujourd’hui : Olivier produit 9 000 bouteilles sur 3ha. Il a implanté des couverts végétaux sur toutes ses parcelles de vigne.

Vers une agriculture durable

Étapes de transition

  • 2010 : lecture du livre Agriculture biologique, une approche scientifique par Christian de Carné-Carnavalet ; 1ers essais en bio sur ses parcelles
  • 2012 : conversion en bio de toute la propriété
  • 2015 : obtention du Label Bio
  • 2017 : mise en œuvre de concepts d’Agroécologie : 1ère parcelle sans labour + 1ère mise en place de couvert végétal
  • 2019 : mise en place de couverts végétaux sur toutes les parcelles + apport de 20t/ha de bois broyé de déchet vert donné gratuitement par un organisme extérieur.

Objectifs

Les objectifs principaux d’Olivier sont de :

  • respecter l’environnement et avoir un maximum de biodiversité
  • produire un vin de qualité
  • diversifier sa gamme de cépages et de vins

Olivier Robert n’a pas d’objectifs de rendement. Il souhaite produire du vin sur l’exploitation familiale en respectant l’environnement et en recréant un sol fertile support de biodiversité. Dans le futur, il souhaite continuer à développer les pratiques agroécologiques notamment en testant l’agroforesterie.

Expérimentations et objectifs à venir

Dans le futur, il souhaite tester la vitiforesterie : implantation d’arbres dans les vignes. Cependant, un des facteurs limitant dans ce secteur reste l’eau. Les 1ères années il pourrait y avoir compétition pour la ressource.

De plus, en vue de l’évolution du climat, il envisage de diversifier ses cépages et les vins qu’il produit. Il a aussi en vue de diversifier ses cultures en se lançant peut-être dans la grande culture.

Finalement, Olivier est toujours partant pour tenter de nouvelles techniques, de nouveaux cépages et améliorer son système de production agroécologique pour capter toujours plus de carbone et produire plus de biodiversité.

Système de production

Production végétale

Olivier Robert cultive avec son père 7,5 ha  de vignes. Olivier en vinifie 3 ha lui-même et le reste du raisin  est destiné à la cave coopérative de Frontignan, en AOC Muscat de Frontignan. Ses rendements correspondent à ceux du secteur et sont identiques à ceux en production conventionnelle, soit, par exemple, 35 hectolitres de moût par hectare pour le Muscat de Frontignan.

Rotation et assolement :

Cépages :

1,3 ha en rouge : mourvèdre, syrah, grenache, cinsault

1,7 ha en blanc : muscat blanc petit grain, muscaris(20ares), vermentino(40 ares)

Matériel et techniques culturales :

Olivier dispose d’un seul tracteur viticole (John Deere), utilisé principalement pour la mise en place et la destruction des couverts végétaux, l’épandage de broyats de bois, les vendanges et les traitements.

Tracteur viticole John Deere de Olivier Robert

Pour la mise en place des couverts , Olivier a acheté d’occasion un semoir de 2m de large sur lequel il a rajouté à l’avant, des dents pour créer des sillons et à l’arrière des chaînes pour refermer ces sillons. Il a de même investi dans un nouveau  rouleau, d’occasion mais très performant. La destruction des couverts ne posent ainsi aucun problème.

A gauche, le semoir direct modifié par Robert. A droite, le rouleau destiné à la destruction des couverts
Épandeur avec le broyat utilisé par Olivier.

Itinéraire technique de la vigne  :

La majorité des vignes sont conduites en palissage, à l’exception d’une dernière micro-parcelle qui est en gobelet. Après les vendanges, l’implantation des couverts débute. En hiver, les principaux travaux sont la taille raisonnée des sarments et l’épandage de 20 t/ha broyats de bois.

Au printemps, Olivier traite la vigne au soufre et au cuivre (principalement contre l’oïdium et le mildiou), à faible dose : 6 kg/ha de soufre et deux traitements de cuivre à 2 ou 3L par hectare soir ¼ de la dose classique. Pendant le reste de la croissance de la vigne, il s’agit surtout de travaux de palissage et de taille. La vendange est répartie sur plusieurs périodes selon les besoins de chaque vin que Olivier propose.

Les couverts végétaux :

Olivier sème des mélanges différents selon les années, en fonction des disponibilités en semences, qu’il essaye d’acheter pour la plupart à des agriculteurs bio du secteur. Un mélange type que sème Olivier sur ses parcelles est un mélange légumineuse-crucifère-graminée, ici pour 0,4 ha :

3kg de radis-chinois, 0,5 kg de moutarde, 0,5 kg de phacélie, 1 kg de vesce, 1 kg de vesce velue et 3 kg d’avoine.  

Olivier met en place ses couverts en semis direct sur l’intégralité des inter-rangs, en général en septembre (cette année le 16 septembre). L'intérêt du semis direct pour Olivier est de limiter au maximum le travail du sol dans l'inter rang. Cela permet de stocker efficacement du carbone dans les sols, et de limiter les charges et le temps de travail. De plus, garder le sol couvert permet une meilleure gestion de la ressource hydrique, qui est un grand enjeu du terroir de Frontignan.

Les semis bénéficient en général de pluies courant septembre. Il détruit ses couverts courant avril (cette année le 11 avril), sans fauche, avec deux passages de rouleaux. Le couvert roulé forme un paillage qui se décompose lentement. Le destruction par le rouleau est en général efficace, sauf pour certaines espèces, comme la moutarde, qui a tendance à se relever, même après deux passages.

Impact des pratiques innovantes sur ce système

Olivier est très satisfait de la mise en place de ses couverts. La mise en place de couverts végétaux offre différents avantages dans la conduite de la vigne :

  • Conserver plus d’eau dans ses sols. En effet, dans ce secteur l’eau est un facteur limitant, les précipitations se font rares. Ainsi, garder un couvert végétal permet de mieux drainer l’eau dans les sols et de garder l’humidité au sol en limitant l'évaporation de l’eau.
  • Il n’a pas observé de grandes variations de ses rendements, qui ne sont de base pas très élevés sur le terroir.
  • Il y a eu une augmentation du taux de matière organique (MO) et d’humus à la surface de ses sols.
  • Olivier a pu observer, dans certaines de ses parcelles, une production doublée de volume. Ce sont des parcelles qui étaient déjà productives avant l’implantation des couverts.

En effet, l’apport de matière organique dans ses sols et le maintien de l’eau au sol a permis de booster la vigueur de certains cépages. Cependant, sur les jeunes vignes il peut y avoir une compétition avec les couverts les premières années. L’écart entre les bonnes parcelles et les moins bonnes s’est creusé avec l’implantation des couverts.

De plus, Olivier a remarqué un retard de maturité d’une semaine sur ses parcelles par rapport à celles de ses voisins. La couverture des sols permet de diminuer la température des sols et donc ralentir le processus de maturité des raisins.

La conversion en agriculture biologique et la mise en place de couverts végétaux accompagnée de broyats de bois a permis d'augmenter la biodiversité sur ses parcelles. Nous pouvons observer de nombreux papillons, pollinisateurs, oiseaux mais aussi des dégâts de sangliers… En effet, la richesse de biodiversité dans les sols et notamment de vers de terre attire les ravageurs. Ils ont donc installé une clôture électrique pour les repousser efficacement.


Les sols de ses parcelles sont très caillouteux ce qui peut être contraignant pour le passage des machines. La mise en place des couverts et la formation d’une plus grosse couche d’humus a permis de limiter ces contraintes.

Dans le contexte du dérèglement climatique et des fortes chaleurs dans la région, il a exprimé son inquiétude face aux incendies pouvant affecter ses parcelles, en raison de la présence de couverts secs sur l'ensemble de celles-ci pendant l'été.

Globalement, Olivier est très satisfait de ce système avec ses avantages et ses inconvénients.

Commercialisation et stockage de la production / Investissement

Le raisin produit sur les parcelles non destinées à la vinification par Olivier est vendu à la cave coopérative de Frontignan. Les raisins sont apportés à Frontignan dès la récolte.

La majeure partie du vin produit par Olivier est commercialisée en direct sur le domaine. Le reste est vendu à des restaurateurs, des cavistes ou des salons. Le raisin est trié pendant les vendanges, pressé et disposé dans un tank à lait pour l’agiter et le refroidir pour en extraire plus d'arômes. Il est ensuite décanté dans des premières cuves puis vinifié en cave.

Bilan social

Il est très satisfait et motivé par les résultats de son travail et ses convictions environnementales. Il aime essayer de nouvelles choses et apprendre en même temps. Sa passion pour la viticulture, l'oenologie et pour la biodiversité l’anime à poursuivre et à tester de nouvelles techniques et de nouvelles créations de vins toujours plus respectueuses de l’environnement.

Olivier a le statut de double-actif. En moyenne, il travaille environ 4 jours par semaine sur son exploitation et à mi-temps dans une entreprise d’électronique. Il arrive plutôt bien à équilibrer sa double-activité, bien que certains dimanches soient finalement occupés par son activité viticole.

Depuis 2014, il participe à l’animation “De ferme en ferme” pour ouvrir son domaine au public et partager ses connaissances. Olivier suit régulièrement des formations d’agroécologie pour étendre ses propres connaissances et améliorer son système.

Bilan économique

CA : 44 000€ en 2024

Enjeux et perspectives

Transition dans le contexte local

Parmi les viticulteurs vinifiant eux mêmes sur l’AOC Muscat de Frontignan, seulement deux agriculteurs, dont Olivier, sont en Agriculture biologique. Et il en est de même pour les viticulteurs de la cave coopérative de Frontignan. Olivier est donc un pionnier dans la mise en place de l’agroécologie dans les vignes de son terroir. Il est aussi un des seuls à mettre en place des couverts.

D’après Olivier, le terroir de Frontignan est pourtant propice à ces pratiques et à la conversion en bio : le climat sec permet une faible pression des maladies et ainsi une moindre nécessité de traiter la vigne, et la possibilité de diminuer les doses. La gestion de l’enherbement demeure un enjeu auquel les couverts végétaux répondent. Certaines zones de l’AOC n’ont pas des sols aussi profonds que chez Olivier, ce qui peut grandement compliquer l’implantation des couverts.

Conseils aux autres agriculteurs

Olivier conseille aux autres agriculteurs “de se lancer, notamment dans les couverts végétaux, et de ne pas avoir peur des baisses de rendement sur les premières années”. Il invite les autres agriculteurs à “réfléchir sur le long terme et penser à la santé et l’avenir des générations futures en limitant l'utilisation d'intrants chimiques et l’émission de gaz à effet de serre, tout en stockant du carbone dans les sols”.

Discussion des pratiques innovantes

Dans la région méditerranéenne, l’un des facteurs limitants pour l’agriculture est l’eau. Il s’agit d’une région très sèche l’été, avec très peu voire une absence de précipitations. Le monde agricole a su faire face à ces contraintes en irriguant ou en implantant des espèces résistantes à la sécheresse. Dans son système, Olivier n’irrigue pas. L’implantation du couvert végétal permet ainsi de mieux drainer les sols et de limiter l’évaporation. Ainsi, il maintient l’eau dans ses sols. Le couvert végétal permet aussi de limiter l’érosion des sols, de créer de la biodiversité et beaucoup de matière organique.

L’implantation d’un couvert végétal dans une parcelle de vigne peut cependant créer de la compétition de ressources. La compétition peut se faire sur la ressource hydrique, azotée ou encore racinaire. En effet, dans le sol, les racines des différents végétaux se partagent l’espace et donc les ressources. Notamment à l’implantation d’une vigne, l’implantation d’un couvert est délicate. La vigne, encore peu vigoureuse, peut subir la compétition. Pour remédier à cela, Olivier épand 20t /ha de broyat de bois sur l’inter-rang. Cela permet d’apporter des nutriments supplémentaires, de la matière organique et de garder plus d’eau au sol limitant la compétition. Il en a fait l’expérience à ses débuts, lorsqu’il n’avait pas encore épandu du broyat, et dans les sols ayant moins de sol. Les vignes moins vigoureuses en pâtissent.


La version initiale de cet article a été rédigée par Antoine Bonnet, Marie Folie et Noémie Blanc Simon,



Sources et références

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