Hernie des crucifères sur colza
Maladie fongique typique des crucifères et particulièrement du colza, favorisée par les sols hydromorphes, battants et acides. Ce ravageur, présent dans le sol, s’attaque aux racines qui s’hypertrophient et prennent un aspect de galles.
La dégradation du système racinaire peut engendrer des pertes de rendement allant de quelques quintaux à l’anéantissement total de la récolte. Il est donc essentiel de bien connaître les conditions d’apparition de ce champignon ainsi que les méthodes prophylactiques existantes pour limiter les dégâts sur le colza.
Conditions favorables
La hernie du chou est un champignon du sol qui se développe dans les milieux à tendance acide et hydromorphe.
Son développement est favorisé par des conditions de chaleur et d’humidité lors de l’implantation du colza :
- La contamination survient avec des températures de 20 à 25°C.
- Avec une teneur en eau du sol de 80% de la capacité de rétention.
- Acidité du sol : Le pHeau du sol doit être progressivement augmenté et maintenu au dessus de 7.
Cycle de développement
La hernie du chou présente trois phases de développement :
- La germination des spores au repos, puis infection par pénétration d’un poil absorbant ;
- La libération de zoospores secondaires dans le sol ;
- L’infection des cellules corticales et division cellulaire : formation des renflements, puis les racines deviennent laineuses et hypertrophiées (aspect de galles). Les renflements finissent par noircir et pourrir.
Symptômes sur le colza
- Rougissements
- Défauts de développement
- Boursouflures et renflements assez francs des racines qui s’intensifient au fil du développement.
- Noircissement et pourrissement des boursouflures à un stade avancé.
- Flétrissement de la partie aérienne visible souvent lorsque la maladie est déjà bien installée.
- Selon l’importance de la pression : pertes de quelques quintaux à la destruction complète des plantes.
Période de présence
Période de présence :
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
Méthode d’observation
Déracinement manuel des plants anormalement chétifs.
Votre parcelle est touchée par la hernie des crucifères ? Déclarez-la dans l’enquête de surveillance Terres Inovia.
Conseils de gestion technique et agronomique
- Effectuer des rotations longues : plus la fréquence du colza dans la rotation est faible, plus le risque d’attaque de la hernie du chou diminue. La durée de vie du champignon dans le sol est d’environ 10 à 17 ans, il est donc primordial de bien réfléchir la rotation et d’éviter les plantes hôtes ;
- Utiliser des variétés résistantes. Les variétés résistantes à la hernie du chou ont un potentiel de rendement inférieur à leurs homologues. Il est possible de mélanger 20 à 30% d’une variété sensible à une variété résistante pour réduire la pression de sélection sur la hernie et réduire la perte de potentiel de rendement liée à l’aspect variétal ;
- Prévenir la dispersion en limitant les déplacements de la maladie avec l’eau, le sol et l’équipement matériel ;
- Assurer un bon drainage du sol et éviter la présence de zones saturées en eau dans la parcelle ;
- Éliminer les mauvaises herbes susceptibles d’incuber la maladie sur un cycle long (crucifères telles que les ravenelles, sanves, capselles, sisymbres, etc.) ;
- Appliquer et incorporer soigneusement du calcaire pour augmenter et maintenir le pH eau du sol (viser un pH de 7 à 7,5) ;
- Pratiquer un chaulage adapté si votre sol est en dessous de pH 6,5. L’application massive ou répétée de chaux peut réduire la disponibilité du phosphore et d’autres éléments mineurs dans le sol (magnésium, manganèse, bore et zinc), ce qui peut impacter la croissance du colza. Il peut donc être plus judicieux de favoriser des apports de carbonates de calcium. Or le bore peut avoir un effet répressif sur le développement de la hernie ;
- Mettre en place des pratiques en interculture ou des semis “leurre” pour couper le cycle du champignon :
- Enfouissement de couverts végétaux, dont le seigle en particulier, aurait un effet sur l’inhibition du développement de la hernie.
- L'utilisation d'une culture intermédiaire sensible à la hernie comme la moutarde pendant quatre à cinq semaines peut également avoir un effet dépressif sur le développement du champignon. Celle-ci incite les spores de repos du champignon à produire des zoospores qui vont aller pénétrer les poils absorbants des plantes. Si cette culture appât est détruite à ce moment, la première génération de zoospores n’a pas le temps de compléter son cycle et le niveau de la maladie est de facto abaissé pour la suite. Le timing est très important pour la réussite de cette technique : le couvert leurre doit être détruit au bon moment.
Niveau de pression
Faible : Moins de 1 plante sur 10 présente des galles racinaires
Moyen : 2 à 3 plantes sur 10 présentent des galles racinaires
Fort : Plus de 4 plantes sur 10 présentent des galles racinaires
Les niveaux de pression sont donnés à titre indicatif et ne sauraient refléter une précision exacte de gravité d’infestation à un instant T ou de dommage ultérieur. D’autres facteurs propres à la culture et à la dynamique d’évolution des symptômes ou infestations interviennent.
Sources
Comment limiter la hernie du chou sur colza ?, AgroLeague