Vitiforesterie, élevage et agroforesterie, jardin forêt, haies, arbres intraparcellaires, vergers hautes tiges
L’agroforesterie est l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle. C’est l’ensemble des arbres présents dans et autour des parcelles agricoles : alignements d’arbres dans les parcelles (agroforesterie intraparcellaire), haies et arbres champêtres. Cette pratique ancestrale est aujourd’hui mise en avant car elle permet une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique et la création d’un microclimat favorable à l’augmentation des rendements.
Plusieurs systèmes existent : formes bocagères, prés-vergers, prés-bois, vitiforesterie, alignements de peupliers ou encore plantations de noyers associées à l'élevage ou d’autres essences associées aux cultures : grandes cultures, maraîchage, ...
Thématiques
Comment intégrer l'agroforesterie dans une vigne, vitiforesterie, ...
Agroforesterie et grandes cultures
Mise en place d'agroforesterie en grandes cultures
Érable, Orme, Saule, Aulne, Chêne, Frêne, Charme...
Jardins syntropiques, forêt commestibles, etc...
Production de champignons et truffes en agroforesterie
Vergers et pastoralisme associés
Parcours arborés, prairies arborées, ombre, fourrage
Trognes, arbres têtards
Agroforesterie et vergers combinés
Principe
L’arbre, par son système racinaire, crée des conditions dans les couches profondes du sol qui favorisent l’alimentation en eau et en minéraux des cultures. Les techniques agroforestières permettent de disposer les arbres afin que ceux-ci favorisent au maximum les cultures et rentrent le moins possible en compétition avec elles.
Les arbres permettent aussi de diversifier les productions (en capitalisant sur le long terme).
Lorsque des espèces fixatrices d’azote sont utilisées (comme l’acacia) en association, ils peuvent contribuer à l’alimentation azotée de la culture et ainsi réduire l’utilisation d’intrants de synthèse.
L’agroforesterie devient ainsi une composante essentielle du projet agroécologique pour la France, contribuant également à l’initiative "4 pour 1000", par enrichissement du sol en matières organiques, et stockage du carbone par les différentes parties des arbres associés aux cultures ou à l’élevage.
Les bénéfices
S’engager dans un projet d’agroforesterie peut apporter de multiples bénéfices et avantages mais requiert conseil et appui technique pour réussir en tout point son projet. Repenser l’arbre ou la haie au sein de son exploitation agricole n’a pas que des vertus paysagères. Son entretien et son implantation apportent de nombreux bénéfices :
Stabilité et fertilité du sol
- Protection contre l’érosion des sols.
- Structuration du sol et stabilisation des agrégats par les racines.
- Apport en matière organique par les feuilles qui tombent au sol ainsi que par les fines racines des arbres qui peuvent être minéralisées (humus).
- Altération de la roche mère par les racines. Cela conduit à la création d'argile ainsi qu'à la libération d'éléments minéraux dans l'eau du sol.
- Nutrition du sol par développement des réseaux racinaires et symbioses mycorhiziennes.
- Un sol moins boueux et plus portant plus longtemps.
Gestion de l'eau
- Recharge de la réserve utile du sol, amélioration de l'infiltration et réduction du ruissellement de surface.
- Réduction des pertes en eau par évaporation.
- Réduction de la fuite des nitrates dans les couches profondes du sol, ce qui réduit la pollution des nappes phréatiques.
- Purification des polluants de l'eau et du sol (métaux lourds, plomb...) qui peuvent être incorporés dans les tissus des feuilles.
- Augmentation de l'humidité par un effet brise-vent et l'ombre du feuillage. Cela permet de protéger les cultures environnantes et de réduire leur irrigation.
Biodiversité
- Favorise le développement d'insectes pollinisateurs et d’insectes auxiliaires des cultures qui limitent l’attaque de ravageurs (lutte biologique). L'arbre leur offre le gîte et le couvert.
- Limiter la propagation des maladies et des parasites grâce au rééquilibre écologique (pathogènes et ravageurs du bois, du feuillage, des fruits grâce aux services écologiques rendus par les arbres).
Atténuation et adaptation au changement climatique
- Atténuation du changement climatique par absorption du CO2 et stockage du carbone.
- Adaptation aux effets du changement climatique : création de microclimats par les arbres qui limitent les effets négatifs du réchauffement sur les grandes cultures.
- Protection face aux intempéries : protection brise-vent contre le vent désséchant, la verse, l’échaudage, tampon climatique contre le gel, les inondations et les coups de soleil, ressource en eau.
Bien-être animal
- Abris pour les animaux qui protègent du stress thermique, des intempéries.
- Réduction du stress.
- Complément fourrager possible.
Qualité du paysage et cadre de vie
- Structuration, esthétique du paysage.
- Confort au travail (ombre).
- Véhiculer une image valorisante.
Valorisation économique
A tous ces avantages, il faut également ajouter la valorisation économique potentielle à terme du bois produit. Il existe différents débouchés de valorisation du bois :
- Bois d’œuvre.
- Bois énergie.
- Fruits (si vergers ) et autres productions alimentaires.
- Fourrage.
- Des copeaux en litière plaquettes comme substitut de la paille en élevage.
- Bois Raméal Fragmenté.
L'agroforesterie est un véritable enjeu pour la viabilité des territoires, la pérennité de l’agriculture et la qualité de nos paysages.
Quels sont les arbres agroforestiers ?
Le terme agroforesterie désigne toutes les formes d’agricultures qui associent les ligneux à leur pratique, dans leur espace de production et dans leur économie : arbres et autres ligneux champêtres « hors-forêt », mais aussi forêt. Cela concerne les arbres :
- Jeunes, matures, vieux, morts, à l’exception d’individus porteur de pathogènes réglementés …
- Champêtres, fruitiers, fourragers, forestiers, mixtes.
- Feuillus et résineux selon contexte biogéographique et paysager, à l’exception d’espèces strictement ornementales et invasives.
- etc...
On distingue 3 formes principales de ligneux que définissent 2 modes de développement lié à leur fonctionnement biologique :
- Les « basitones », qui se ramifient naturellement à leur base, car ils privilégient la distribution de sève sur les parties basses de la plante : arbustes, arbrisseaux, buissons ...
- Les « acrotones », qui privilégient l’alimentation des parties supérieures (la cime) ou la pousse « apicale » d’un brin dominant : arbres et lianes..
La santé des ligneux
La plante et plus particulièrement le ligneux pérenne, est un être vivant immobile, ce qui signifie qu’il doit inexorablement s’adapter aux conditions de milieu et à leur variabilité, dans lesquelles il s’établit pour longtemps, et dont il doit se satisfaire. Un arbre dans « son élément» sera vigoureux, en bonne santé, et très longévif. Lorsqu’il s’installe ou s’il est planté hors et en limite de « sa station », il connait des difficultés de croissance et des problèmes sanitaires : il végète, agonise et finit par disparaitre prématurément.
La capacité de renouvellement des ligneux (les feuillus principalement) peut être exploité par une taille régulière qui consiste à rabattre périodiquement la partie aérienne par étêtage, émondage ou recépage. Ce qui nécessite de respecter certaines règles de coupe et de conduite de trogne ou de taillis, à adapter à l’espèce et en fonction du milieu.
Les tailles de bois vivant sont toujours un traumatisme pour l’arbre qui doit réadapter son métabolisme à sa nouvelle anatomie. Il faut éviter de couper des bois d’âge ou de diamètres importants. Après une coupe, l’arbre émet de nombreux rejets, ce qui n’est pas toujours signe de vigueur. Quel que soit le port (cultivé ou naturel) de l’arbre ou de l’arbuste, toutes les parties doivent être « étanches » et en bon état sanitaire : écorce, bois du tronc et des branches, racines, feuilles, … Pour autant, les ligneux sont capables d’être à la fois en partie morts et vivants, en partie en pleine santé et malades, en partie jeunes et vieux. S’il n’y a aucun risque de chute, ou aucun enjeu mécanique ou esthétique, il n’est pas nécessaire de vouloir absolument nettoyer, assainir ou régénérer un arbre ou un arbuste. Les vieux arbres et les bois morts sont aussi utiles à de nombreuses espèces et participent à leur cycle de renouvellement.
Le houppier et les feuilles
Pourvoient aux besoins « alimentaires » de l’arbre : les feuilles sont le siège de la photosynthèse (le jour), de la respiration (la nuit) et de la transpiration (moteur de la circulation des sèves). Les feuilles captent le gaz carbonique de l’air qui compose une des parts principales de la matière solide du ligneux. Ils sont le moyen pour l’arbre de « s’autoclimatiser » : ombragement et protection des tissus et du sol, ce qui lui permet de réguler sa température, de limiter ses pertes en eau et donc de résister à l’insolation. C’est pourquoi les ligneux ont besoin d’un volume foliaire minimal pendant a période de végétation.
Le tronc
Il relie les racines au houppier (ensemble des branches). Il est particulièrement sensible aux blessures car les sèves dont il assure le transport jusqu’aux moindres recoins du végétal, circulent en périphérie, sous l’écorce.
Les racines
Elles ont un rôle d’ancrage et d’alimentation. Elles puisent les sels minéraux dissous dans l’eau du sol et s’associent avec des champignons pour former des mycorhizes, avec lesquelles elles échangent des sucres. En exudant des substances diverses elles participent à nourrir les organismes du sol, et contribuent à sa fertilité par la décomposition d’une partie de leur masse, qu’elles
renouvellent chaque année, à l’instar des feuilles du houppier.
L’écorce
C'est une barrière de protection précieuse, qu’il faut garder en bon état : elle participe à différents échanges biotiques, et forme un bouclier nécessaire à réguler ou à lutter contre les chocs thermiques, le rayonnement, les attaques parasitaires… tout en accueillant des espèces variées de fonge, lichens, mousses, insectes, …
Les bourgeons
Ce sont les moteurs de la croissance et de la ramification des plantes, et la promesse d’une production augmentée de bois, feuille, fruits ; ils sont la manifestation de son renouvellement et d’une forme de « rajeunissement » cyclique. Il existe différents types de bourgeons. Les plus visibles ferment les terminaisons des rameaux, mais d’autres bourgeons, « latents », cachés sous l’écorce, attentent de « réitérer » lorsque le tronc ou la branche subit un stress important.
Arbre et paysage, l'agrosystème
L’agroforesterie se traduit dans des paysages agraires traditionnels et modernes, avec des productions végétales, animales, mixtes.
Les espaces agricoles occupés par des ligneux :
- Agroforêts ou agrosystèmes forestiers : parcelles en sous-bois relativement dense.
- Agroarbrements « hors-forêt » : parcelles complantées / bordées / mixtes.
Ces paysages peuvent être aux dimensions :
- De territoires entiers, où les ligneux sont disposés en réseau et composent un maillage serré : boisements clairs, parcs agroforestiers, landes, bocages, …
- De surfaces localisées, où les ligneux occupent partiellement l’espace sans continuité, sous la forme de points, de lignes, ou de surfaces, disposés en bordure ou à l’intérieur des parcelles.
Points
- Arbres, arbustes isolés.
- Bouquets.
Lignes
Pleines / discontinues, régulières / irrégulières, mixtes
- Alignements (y compris en situation intraparcellaire), allées plantées (y compris en situation intraparcellaire).
- Haies (y compris en situation intraparcellaire), haies fruitières, fourragères, ligneuses (taillis en rotation courte), pouvant être considérées comme agroforestière dans la mesure où elles ne constitue pas l’essentiel de la surface et du mode de production agricole.
- Bandes boisées.
- Linéaires retirés de la production ou en régénération naturelle.
- Lisières de boisements et forêts
Surfaces
Pleines (boisements), vides (clairières), mixtes (complantées).
Surfaces totalement couvertes de ligneux
De petite taille, jouxtant l’espace agricole.
- Bosquets / Petits boisements, bandes boisées de grande largeur.
- Fourrés, landes.
- Surfaces retirées de la production ou en régénération naturelle (dont broussailles, épineux, …).
- Parcs d’habitations et jardins plantés.
Surfaces mixtes ou complantées, partiellement
Couvertes de ligneux, intégrant l’espace agricole
- Complantations en maraichage, grande culture, vigne, arboriculture, …
- Complantations en prairie d’élevage (pré-bois, pré-vergers ou vergers haute-tige ...).
- Jachères arborées.
- Peupleraies et vergers venant d’être plantés.
- Plantation en relai.
- Parcs et parcours sylvopastoraux pour tous types d’élevage.
Surfaces majoritairement couvertes de ligneux
De grande étendue, utilisé comme espace agricole (sylvopastoralisme)
- Boisements et forêts sylvopastorales.
- Landes sylvopastorales.
Surfaces fruitières, fourragères, ligneuses (taillis en rotation courte), pouvant être considérées comme agroforestière dans la mesure où elles ne constituent pas l’essentiel de la surface et du mode de production agricole.
Comment être accompagné dans son projet d'agroforesterie ?
Elaborer et intégrer un système agroforestier économiquement et agronomiquement performant sur son exploitation ne s’improvise pas. Pour réussir son projet, de nombreux critères doivent être pris en compte. Il faut, par exemple, déterminer les essences à planter, la densité de plantation, l’orientation et la distance entre les rangées d’arbres. Ces choix dépendent aussi des objectifs de l’agriculteur, des contraintes de sol, du système de production, de la dimension des machines agricoles intervenant sur les cultures…
Des organismes telles que les Chambres d’Agriculture peuvent accompagner les agriculteurs dans leurs projets agroforestiers, de la conception du projet de plantation d’arbres ou de haies, à la valorisation en essence fruitière, bois d’œuvre, bois énergie… Les conseillers peuvent répondre aux questionnements juridiques ou réglementaires sur la place de l’arbre dans l’exploitation, sur les obligations PAC ou les mesures d’aides nationales, régionales ou locales dont vous pouvez bénéficier.
Un projet agroforestier peut-il réellement être rentable ?
Les retours économiques d’un projet agroforestier font souvent l’objet d’idées reçues, notamment en ce qui concerne l’impact de la concurrence entre les surfaces arborées et cultivées. Les vingt premières années, on ne perd que la surface de production occupée par les lignes d'arbres (2 à 8 %). Ensuite, en construisant intelligemment le projet au départ (orientation et espacements, adaptation de la culture intercalaire…), la baisse de rendement de la culture intercalaire peut être minimisée. Il ne faut pas perdre de vue que les systèmes agroforestiers permettent potentiellement : des revenus supplémentaires apportés par les arbres (vente des fruits, de bois énergie ou de bois d’œuvre…), de meilleures performances zootechniques grâce à une amélioration du bien-être animal, voire des diminutions de charges par la diminution du besoin en intrants et en irrigation. Dans la plupart des cas connus, la marge brute est améliorée !
L’autoconsommation de bois énergie ou de copeaux pour la litière peut s’avérer également rentable. Selon Loïc Gourvil, producteur de lait dans le Finistère et gagnant du premier prix national 2020 du concours agroforesterie en catégorie gestion : "la production de 100 tonnes de bois sec par an équivaut à une consommation de 36 000 litres de fioul ce qui nous permet de produire plus de source de chauffage que d’en consommer".
De quelles aides peut-on bénéficier dans son projet d'agroforesterie ?
Pour encourager la plantation d’arbres dans les parcelles, des aides sont accordées aux agriculteurs aux niveaux de certains départements, des régions ou par le biais de crédits européens (les sous-mesures 4.4 et 8.2 de la PAC, si elles sont ouvertes dans la région, peuvent financer une grande partie des investissements de plantation d’arbres et haies). Le gouvernement mobilise 50 millions d’euros dans le cadre de son Plan de relance par l’opération « Plantons des haies ! ». Son objectif consiste à planter 7 000 km de haies et arbres intra-parcellaires sur la période 2021-2022, c’est-à-dire doubler les capacités annuelles de plantation agroforestière. Selon l’Ademe, le potentiel de développement de l’agroforesterie à l’échelle nationale d’ici 2030 est estimé à 400 000 ha de parcelles en agroforesterie et à 1,8 M ha de haies.
Comment s’informer sur l’impact et le succès de réalisations concrètes ?
Chaque système d’exploitation est différent et demande donc certaines adaptations. Toutefois, le Concours Général Agricole des Pratiques Agro-écologiques « Agroforesterie » met chaque année en avant des agriculteurs ayant tout particulièrement réussi leurs projets dans plusieurs catégories. Il sera facile d’entrer en contact avec les lauréats pour recueillir leur témoignage et leur parcours. Les Chambres d’Agriculture coordonnent avec INRAE et de nombreux autres réseaux de la recherche, du développement et de la formation, un Réseau mixte technologique (RMT AgroforesterieS) dont l’objectif est de recueillir et diffuser largement les connaissances technico-économiques des systèmes agroforestiers pour les mettre à disposition des producteurs.
Articles dans cette thématique
Pour aller plus loin
- Guide pour la réalisation de plans d'aménagement agroforestiers - agrireseau.net
- Eléments agroforestiers en zone agricole - CDAF
- Affiner son projet en agroforesterie : choix des essences et plantation - InPACT 37
- Quels arbres choisir en agroforesterie ? - Transgal
- L’agroforesterie pour aménager les parcours de volailles - Agroforesterie Association Française
- Agroforesterie et élevage bovin produire et protéger - Agroforesterie Association Française
- Agroforesterie et élevage porcin produire et protéger - Agroforesterie Association Française
- Agroforesterie en grandes cultures : produire plus et mieux sur une même parcelle - Agroforesterie Association Française
- Agroforesterie et maraichage produire et protéger - Agroforesterie Association Française
- L'agroforesterie viticole - IFV Occitanie
- Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries - Afac-Agroforesteries