Élevage de poules dans les vignes
Au Château Lardiley à Cadillac (33), Vincent Lataste élève ses poules, poulets et coqs dans les vignes. Ses volailles vont passer une grande partie de l’année à vivre dans cet environnement particulièrement riche en nourriture variée : vers de terre, insectes divers et variés, mollusques (escargots, limaces), herbe spontanée mais aussi semée (triticale, pois fourrager).
Présentation
- Nom Prénom : Lataste Vincent.
- Nom du domaine : Château Lardiley.
- Localisation : Cadillac, en Gironde (33).
- Production : Vigne, poules, poulets, coqs, œufs.
- Taille du poulailler : 750 individus.
- SAU : ?
- UTH : ?
- Label : Demeter.
Il y a actuellement 750 individus qui passent environ un mois dans chaque hectare du vignoble. Plusieurs poulaillers mobiles sont installés en bout de rang permettant ainsi aux volatils de passer des nuits tranquilles à l’abri. Ce sont des poules Gasconnes, rustiques qui apprécient la vie en extérieurs même pendant tout l’hiver. C'est une race intéressante aussi bien pour la ponte de beaux œufs d’un bon calibre qu’elles fournissent très régulièrement, mais aussi pour la viande bien charnue. Les poulets/coqs s’épanouissent pendant environ 180 jours.
Deux ânes des Pyrénées tiennent à l’écart les renards, car ces ânes, comme beaucoup d’autres, n’aiment pas les intrus, ils gardent soigneusement leur territoire, à grands coups de sabots ou bien en brayant ce qui met les prédateurs en fuite.
Les plus petites poules et petits poulets restent à l’écart des parcelles, car ils pourraient être attrapés par les buses ou passer entre les mailles des clôtures mobiles.
Motivations
Chaque poule produit environ 3kg de fiente par mois, ce qui représente avec ce cheptel environ 2T/ha de fientes chaque mois. La rotation dans les parcelles est organisée en tenant compte à la fois de la ressource et de cette production de déjection qui vient s’ajouter aux crottins des 2 ânes (environ 1000 à 1300kg de crottin par mois).
Au final chaque parcelle est pâturée entre 25 et 30 jours par an.
De plus les poules vont diminuer fortement la pression en bio-agresseurs de la vigne.
Étapes de mise en place
- Il faut avancer doucement, nous avons commencé avec une vingtaine de poules et deux coqs en mai dernier (2021), ce qui nous a laissé le temps de nous équiper doucement :
- Couveuses, quand c'est nécessaire.
- Poulaillers pour élever les poussins.
- Puis d'autres poulaillers pour protéger les poules.
- Des aliments spécifiques et compléments.
- ...
Au départ c'est simple de s'occuper de 20 poules et 2 coqs, mais ensuite il faut aussi trouver un lieu (champ) pour les élever quand le cheptel s'agrandit, puis des champs pour produire quelques céréales pour les compléments alimentaires nécessaires.
- Une fois le cheptel devenu conséquent:
- Il faut engager une personne pour s'en occuper: surveillance ponctuelle, donner de l'eau, des compléments alimentaires, ramasser les œufs, isoler les coqs qui deviennent trop nombreux et qui maltraitent les poules,...
- Ensuite il faut anticiper abattage des coqs/poulets (trouver un abattoir) et prévoir le réseau de distribution en frais (poulets et œufs), c'est un travail de longue haleine où il faudra ajuster le cheptel au marché.
Avantages
- La fertilisation : bactéries, nutriments (azote et phosphore assimilables rapidement, potassium et autres sels minéraux), est assurée pour l’année. Elle couvre les besoins à la fois de la vigne, mais aussi des couverts végétaux. Elle assure aussi une bonne reprise de l’enherbement et dynamise la faune du sol : macro et microorganismes.
- Certains prédateurs de la vigne sont éliminés : escargots, insectes ou acariens.
- La production d’œufs ou de viande est d’une qualité exceptionnelle. La conduite du vignoble en Biodynamie et l’organisation en Permaculture qui peu à peu prend forme, permettent de créer un cadre d’exception pour le développement harmonieux des cultures et des animaux.
- La polyculture-élevage est une source de création d’emplois diversifiée, tant pour la production que pour la commercialisation.
- L’auto fertilité des parcelles permettra demain d’envisager une production complémentaire légumière dans certains rangs de vigne par exemple (hors pâturage).
Inconvénients
- Il faut aussi faire attention au plus gros prédateur : l'Homme ! Les vols, en fonction de la zone de production, peuvent devenir un vrai problème.
- La grippe aviaire : Tout peut devenir compliqué ! Prévoir une zone de repli aux normes, pour conserver le Label en Bio ou en Biodynamie. Des solutions existent, il faut anticiper pour ne pas se retrouver à abattre l'ensemble du cheptel et tout perdre faute de l'avoir prévu.
- Le point le plus contraignant quand on choisit le Label Demeter (biodynamie), c'est que chaque production (vigne, poules, poulets, œufs, culture des céréales et fourragère, grains, paille...) tout doit être validé en Biodynamie, le vigneron devient aussi agriculteur et éleveur !
Résultats
- Pour les volailles : Les poules et les coqs gambadent dans les vignes ce qui permet de couvrir 80/85% de l'alimentation des volailles sur une période de 5 à 6 mois. Les poules peuvent rester dans la vigne toute l'année, mais pas les ânes car ils feraient des dégâts sur la vigne en végétation. Leur alimentation est riche et variée : vers de terre, insectes divers, mollusques (escargots, limaces), herbe spontanée mais aussi semée (triticale, pois fourrager).
- Pour la vigne : La pression en maladies et ravageurs est bien moins forte, ce qui permet d'éviter tout traitement. La fertilisation naturelle par les animaux couvre les besoins de la vigne et des couverts végétaux.
- Pour le domaine : La vente des œufs et de la viande permet une diversification et un complément de nos revenus non négligeable.
Mettre des poules dans les vignes est une des meilleures idées que nous ayons eues !
Sources
Cet article a été rédigé avec l'aimable participation d'Alain Malard, vigneron, consultant en permaculture, viticulture et œnologie, dont vous pourrez retrouver l'article original "Des poules dans les vignes... Une vraie bonne idée !" ici.