Utiliser de l'huile d'orange douce en biocontrôle
Les préparations à base d’huiles essentielles d’orange douce sont une alternative aux produits conventionnels dans la lutte contre diverses maladies fongiques et ravageurs des cultures[1]. Elles sont notamment utilisées contre :
- le mildiou de la vigne
- le mildiou de la laitue
- l'oïdium
- l'alternaria de la carotte
- la tavelure
- les insectes à corps mou (Thrips, Aleurodes, Cicadelles)
Comment ça fonctionne ?
L’huile essentielle d’orange a un effet très rapide sur les spores de champignons, grâce à sa capacité d'asséchement, mais son action est courte. Il est donc recommandé d'utiliser ce produit en association, tout en réduisant les doses des produits associés. L'huile essentielle d'orange douce est donc une alternative intéressante dans une stratégie de diminution des produits conventionnels et de baisse d'IFT.
Action fongicide
Les produits à base d'huile essentielle d'orange douce agissent au contact des bioagresseurs (champignons ou insectes)[2] :
- Ils amènent un effet de choc curatif et éradiquant, complémentaire à une protection préventive.
- Ils permettent de réduire fortement le nombre de contaminations secondaires en asséchant les sporulations.
- Ils limitent l’humectation de la végétation, même en cas de faible pluie.
- Ils détruisent les spores présentes sur les feuilles.
Les produits à base d’huile essentielle d’orange douce, associés ou non avec le cuivre (50g/ha) apportent une efficacité comparable à celle du cuivre seul à 600g/ha dans la lutte contre le mildiou[3].
Actions insecticide et acaricide
Les produits à base d'huiles essentielles d'orange douce agissent par contact sur les insectes à corps mou[4]:
- ils dégradent la cuticule des insectes
- ils dessèchent le corps et les ailes du bioagresseurs
- ils bloquent les voies respiratoires causant la mort de l'insecte
Ces produits sont très efficaces sur les larves et les adultes.
Intérêts
- Sans résidus (pas de Limite Maximale de Résidu ce qui la rend intéressante dans une démarche de qualité comme les démarches « zéro résidu »)
- Utilisable en Agriculture Biologique
- Sans risque de résistance
- Non comptabilisé dans les IFT
- Délai avant récolte court permet une souplesse d’intervention jusqu’à la veille de la récolte
Modalités d'application
Volumes
- Vigne (raisin de cuve) : 2 applications à 0,9L/ha – 1,2L/ha ( 0,6 – 0,8L/hL sur la base de 150L d’eau) en remplacement de 2 traitements fongicides anti-oïdium, ou 6 applications à 0,6L/ha (0,4L/hL sur une base de 150L d’eau) en association avec les applications du programme fongicide anti-mildiou et anti-oïdium à dose réduite. Selon la stratégie choisie la réduction d’IFT sera de 1,5 à 3 par an. En situation de pression importante de la maladie, l’huile essentielle d’orange apporte un supplément de protection à l’utilisation des fongicides sans modulation de leur dose et donc sans réduction de l’IFT[5].
- Arboriculture (fruits à pépins, pêcher, abricotier, petits fruits) : 2 applications à 0,4L/hL (2L/ha sur la base de 500L d’eau) en remplacement de 2 traitements fongicides anti-oïdium, et/ou tout au long du programme (max 6 applications) à 0,2L/hL (1L/ha sur une base de 500L d’eau) en association avec les applications fongicide anti-oïdium à dose réduite.
- Maraîchage (carotte, fraise, concombre, laitue, melon, tomate) : L’utilisation de l’huile essentielle d’orange permet d’économiser entre 0,5 et 2 IFT par an sur un parcours de protection standard anti-oïdium, anti-mildiou et/ou anti-alternariose (selon les cultures et usages homologués) soit en remplacement de solutions conventionnelles, soit dans des stratégies en association avec une réduction de dose.
- Plantes Ornementales (Arbres et arbustes, Cultures florales et plantes vertes, rosier) : L’utilisation de l’huile essentielle d’orange permet d’économiser entre 0,5 et 2 IFT par an sur un parcours de protection standard anti-oïdium, anti-mildiou et/ou contre les maladies des taches noires (selon les cultures et usages homologués) soit en remplacement de solutions conventionnelles, soit dans des stratégies en association avec une réduction de dose.
- Cultures tropicales (manguier, papayer) : 2 applications à 0,4L/ en remplacement de 2 traitements fongicides anti-oïdium, et/ou tout au long du programme (max 6 applications) à 0,2L/hL en association avec les applications fongicide anti-oïdium à dose réduite.
Les produits à base d’huile essentielle d’orange sont inscrits sur la fiche action standardisée N°2018-044 donnant droit aux CEPP.
Freins à lever et conditions de réussite
L’huile essentielle d’orange peut être appliquée juste avant une période de contamination afin de réduire l’inoculum présent dans la parcelle grâce à son action sur les spores. Elle peut également être positionnée à l’apparition des symptômes pour bénéficier de son action éradiquante. L’efficacité du traitement est observable dans les 7 jours suivant l’application. Une application répétée de doses faibles apportera une meilleure efficacité qu’une application ponctuelle à forte dose.
La qualité de pulvérisation et notamment la couverture de l’ensemble de la végétation avec un volume d’eau suffisant, est déterminante pour maximiser l’action de contact de la solution.
L’impact de l’huile essentielle d’orange sur les auxiliaires (acariens prédateurs, parasitoïdes, punaises prédatrices, pollinisateurs, chrysope…) a été évalué par un organisme indépendant selon les normes IOBC, et pour la plupart d’entre eux, l’impact est neutre à faiblement toxique lorsqu’utilisée aux doses recommandées, sur une population déjà installée. La volatilité de l’huile essentielle d’orange limite la persistance sur le végétal par rapport aux insecticides classiques. La durée de son impact est donc courte, et un lâcher d’auxiliaire est possible rapidement après une application. Cependant il convient de respecter certaines recommandations lors de l’utilisation de l’huile essentielle d’orange.
- Favoriser les lâchers d’auxiliaires après l’application.
- Réaliser les applications sur des populations d’auxiliaires déjà installées. En règle générale, éviter les applications pendant la phase d’installation des auxiliaires, éviter de cibler les jeunes stades.
- Respecter les conditions de concentration maximales du produit pour éviter les risques de phytotoxicité (brulures) sur les cultures (tomate et concombre sont particulièrement sensibles).
Coût
Compris entre 20 et 40€ / ha selon la solution utilisée (pour un dosage maximal à 1,6 L/ha)[6]
Solutions commerciales
Les huiles essentielles d'orange douce sont présentes dans différentes solutions commerciales, retrouvez-les ici.
Sources
- ↑ Andrivon D., Bardin M., Bertrand C., Brun L., Daire X., Fabre F., Gary C., Montarry J., Nicot P., Reignault P., Tamm L., Savini I., 2017. Peut-on se passer du cuivre en protection des cultures biologiques ? Synthèse du rapport d'expertise scientifique collective, INRA, 66 p.
- ↑ Vivagro, Vigne : Renforcer votre protection Mildiou
- ↑ Réussir Vigne, 2014, Utiliser le Prev-Am en association.
- ↑ Oro Agri, Prev-AM Plus : comment ça marche ?
- ↑ Contrat Solutions : https://contratsolutions.fr/le-contrat-de-solutions/utilisation-de-lhuile-essentielle-dorange-pour-le-controle-des-maladies-cryptogamiques-en-viticulture-arboriculture-maraichage-et-sur-plantes-ornementales/
- ↑ Coût des fournitures, Fongicides
Annexes
Est complémentaire des leviers
- Pratiquer le biocontrôle à l'aide de substances naturelles
- Pratiquer le biocontrôle
- Pratiquer le biocontrôle en viticulture
- Pratiquer le biocontrôle en maraîchage
- Optimisation des doses de cuivre en viticulture biologique
- Les alternatives au cuivre en viticulture biologique
S'applique aux cultures suivantes