Utilisation infradose de sucre pour la gestion des bioagresseurs
1. Présentation
Caractérisation de la technique
Description de la technique :
Pourquoi du sucre en agriculture ?
Le saccharose est présent dans l’ensemble des plantes qui contiennent de la chlorophylle, c’est un produit naturel de la photosynthèse. On parle de sucres solubles car ceux-ci sont dissous dans l’eau. Ces sucres sont donc présents à la surface des plantes, plus ou moins en fonction de l’heure de la journée, de l’âge de la feuille, la physiologie de la plante et de l’espèce végétale. Ces sucres sont les responsables de signaux importants dans la plante et chez les bio-agresseur, c’est pourquoi ils nous intéressent. Ils ont d’ailleurs pour rôle d'intégrer des éléments internes et externes afin de maintenir des caractéristiques nutritionnelles pour la plante. Ils interviennent aussi dans la gestion des processus hormonaux de croissance et de développement de la plante ainsi que dans les réponses aux stress biotiques et abiotiques. Certains gênes sont régulés par le sucre.
Quels objectifs et quels intérêts ?
- Trouver des alternatives aux produits phytosanitaires en vu de la loi Eco-phyto
- Réduire les impact environnementaux de certains intrants en agriculture
- Trouver des solutions viables et qui s’intègrent facilement dans les itinéraires techniques
Quels avantages à utiliser du sucre ?
- Agît en seulement quelques heures et pour plusieurs jours
- Ne sont pas persistants, ni toxiques dans l’environnement et sur les plantes
- Molécules naturelles peu couteuses et reproductibles
- Larges possibilités d’utilisation : Bio-agresseurs (Champignons ; insectes ; « nématodes ») et cultures (Pérennes ; annuelles ; monocotylédones ; dicotylédones ; résistances variétales )
- Systémie : Les parties non pulvérisée sont protéger aussi (Epigées et hypogées)
- Possibilité d’associer avec des produits phytosanitaires en réduisant la dose mais en augmentant l’efficacité
- Actions positives sur la plante (croissance tige, racines et rendements) mais des confirmation sont encore à apportées.
- Facilité d’intégration dans les itinéraires techniques
Exemple de mise en oeuvre :
Maïs
Pyrale : Application foliaire au stade 4 à 5 feuilles (10 ppm de saccharose), il faut la réaliser avant l’attaque (préventif) et la ponte de la pyrale pour que la plante aie le temps de préparer ses défenses puisque la sucre créé un signal. L’intervention à un effet sur la ponte même 20 jours après l’application. Il y a des effets positifs sur la croissance des tiges et des racines. Plusieurs effets sont remarqués en fonction des différents sucres.
Chrysomèle : Application de 10 ppm de saccharose ou de fructose => réduction des dégâts racinaires comparable à FORCE 1,5G
Calcul des ppm : 10 ppm = 1g/100 l
Précision sur la technique :
La technique en elle-même
Lorsqu’ils sont pulvérisés en infra-dose, les sucres solubles peuvent pénétrer dans une plante, ainsi ils véhiculent entre la surface de la plante et ses tissus, c’est la voie cuticulaire. L’insecte utilise les sucres solubles comme signal de reconnaissance de la plante. Les sucres préparent la plante à se défendre contre différents stress à des moments différents, une pulvérisation de sucre solubles en infra-dose modifie donc la relation plante/insecte. On dit qu’ils interviennent dans la voie de signalisation des attaques. Les voies de signalisation des sucres sont des phénomènes complexes et encore peu connus et non expliqués aujourd’hui mais cette pulvérisation, tôt le matin (8 à 9 heures solaire), provoque un stimuli biochimique de la plante ou un signal qui provoque une antixénose¹, de plus c’est une réaction d’induction de résistance systémique² car les sucres pénètrent dans la plante. C’est une action préventive et partielle.
Pourquoi une application tôt le matin ?
Entre 8 et 9 heures, c’est le moment où la feuille contient le moins de sucres, donc le moment où la vitesse de pénétration va être la plus élevée. On peux le remarquer sur le graphique. Il faut aussi être rigoureux sur l’application, la bouillie doit être pulvérisée peu de temps après sa préparation.
Période de mise en œuvre Sur culture implantée
Action partielle et faible rémanence dans le temps, les applications doivent être renouvelées si les pressions maladies et/ou ravageurs persistent
Echelle spatiale de mise en œuvre Parcelle
Application de la technique à...
Toutes les cultures : Pas généralisable
Tous les bioagresseurs ne sont pas sensibles aux infradoses de sucres.
De plus, pour une même culture, certaines variétés ne réagissent pas à l'addition de sucre (ex. pour la pomme Jonagold).
Tous les types de sols : Facilement généralisable
A priori, technique indépendante du type de sol.
Tous les contextes climatiques : Facilement généralisable
A priori, technique indépendante du type de climat.
Par contre, il faut respecter :
- période d'application du sucre => plutôt tôt le matin quand la quantité de sucre à la surface des feuilles est faible
- application "rapide" après constitution de la bouillie
Réglementation
Homologation du Fructose et saccharose en substance de base (août 2014, 2015)
2. Services rendus par la technique
3. Effets sur la durabilité du système de culture
Critères "environnementaux"
Effet sur la qualité de l'air : En augmentation
acidification : NEUTRE
émission phytosanitaires : DIMINUTION
émission GES : NEUTRE
émission de particules : DIMINUTION
Effet sur la qualité de l'eau : En augmentation
pesticides : DIMINUTION
turbidite : NEUTRE
Effet sur la consommation de ressources fossiles : En diminution
consommation d'énergie fossile : DIMINUTION
consommation de phosphore : DIMINUTION
Autre : Pas d'effet (neutre)
Critères "agronomiques"
Productivité : Pas d'effet (neutre)
Quelques effets favorables sur le rendement selon les espèces et variétés cultivées
Qualité de la production : En augmentation
Moins de résidus de pesticides à la récolte surtout sur des applications tardives (ex. régulation de la bruche sur féverole au stade "jeunes gousses")
Fertilité du sol : En augmentation
Non destruction d'auxiliaire par l'utilisation de fongicides ou insecticides => augmentation de la fertilité biologique du sol (pas d'impact sur fertilité chimique et physique du sol)
Stress hydrique : Pas d'effet (neutre)
Biodiversité fonctionnelle : En augmentation
Non destruction d'auxiliaire par l'utilisation de fongicides ou insecticides
Critères "économiques"
Charges opérationnelles : En diminution
Le sucre est moins cher que les produits phytosanitaires, mais cette technique conserve intervention mécanique (pulvérisateur).
Charges de mécanisation : Pas d'effet (neutre)
Voir augmentation si plusieurs passages sont nécessaires.
Marge : Pas d'effet (neutre)
Critères "sociaux"
Temps de travail : Pas d'effet (neutre)
Neutre à augmentation si renouvellement des interventions
Période de pointe : Pas d'effet (neutre)
Effet sur la santé de l'agriculteur : En augmentation
Diminution de l'exposition à des produits phytosanitaires
Temps d'observation : Pas d'effet (neutre)
4. Organismes favorisés ou défavorisés
Bioagresseurs favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Bioagresseurs défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|---|---|---|
Carpocapse des pommes et des poires (Cydia pomonella) | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | |
Eudémis | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | Eudémis de la vigne test : sucre + cuivre |
bruche de la fève | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | A confirmer ! |
chrysomèle des racines de maïs | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | |
mildiou | FAIBLE | agent pathogène (bioagresseur) | Mildiou des grappes de la vigne test : sucre + cuivre |
pyrale du maïs | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | |
pyrale du maïs | FAIBLE | ravageur, prédateur ou parasite | Pyrale sur melon A confirmer ! |
Auxiliaires favorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Auxiliaires défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Type | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques favorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
Accidents climatiques et physiologiques défavorisés
Organisme | Impact de la technique | Précisions |
---|
5. Pour en savoir plus
- SWEET : Projet de biocontrôle par des micro-doses de sucre
- -ITAB, Site Internet
- Utilisation de micro-doses de sucres en protection des plantes
- -Arnault I., Bardin M., Ondet S., Furet A., Chovelon M., Kasprick A.-C., Marchand P., Clerc H., Davy M., Roy G., Romet L., Auger J., Mançois A., Derridj S.
Innovations Agronomiques, Article de revue avec comité, 2015
- Les sucres solubles, une opportunité pour l'agriculture durable ?
- -Derridj S., Arnault I., Nicholas A., Birch E., Elad Y., Lombarkia N., Couzi P., Pierre P., Auger J.
Phytoma, Article de revue avec comité, 2011
- Utilisation Sucres Productions Végétales
- -Sabourin T. Minette S.
CRA Nouvelle Aquitaine, Brochure technique, 2017
- Fructose : Fiche d'usage de la substance
- -Deniau M.
ITAB, Brochure technique, 2019
- Saccharose : Fiche d'usage de la substance
- -Deniau M.
ITAB, Brochure technique, 2019
6. Mots clés
Méthode de contrôle des bioagresseurs : Lutte chimique
Mode d'action : Atténuation
Type de stratégie vis-à-vis de l'utilisation de pesticides : Substitution
Annexes
S'applique aux cultures suivantes
Défavorise les bioagresseurs suivants