Notion de TAD et de labour : leviers pour la gestion des graminées

De Triple Performance
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Le labour peut réduire efficacement les graminées adventices en grandes cultures en s’appuyant sur une meilleure connaissance du Taux Annuel de Décroissance (TAD), indicateur de la perte de viabilité des graines. Le ray-grass, avec un TAD de 60 %, nécessite un labour tous les 4 à 5 ans au moins. Un labour efficace doit être dressé, d'une profondeur d'environ 20 cm et réalisé lentement. Le bon réglage de la charrue, notamment de la rasette, optimise l’enfouissement des graines hors zone de germination (5 premiers cm).

Notion de TAD

Le Taux Annuel de Décroissance (TAD) correspond au pourcentage de graines encore capables de germer d’une année sur l’autre. Chaque année, le nombre de semences viables diminue proportionnellement à la valeur du TAD, il est exprimé en % des graines dans le sol.

Par exemple, si une espèce d’adventice a un TAD proche de 100% (brome), au bout d’un an après la grenaison, la quasi-totalité des semences ne sont plus en capacité de germer.

Profondeur de germinaison des adventices[1]

Augmentation du TAD et lutte contre les graminées

La majorité des adventices germent dans l’horizon 0-5 cm. En dessous, seule quelques exceptions comme la folle avoine sont capables de se développer.

[2]Stock semencier, labour et TAD

Connaître le TAD des différentes espèces d’adventices est essentiel pour mettre en place une stratégie de gestion des adventices.

Le labour est un puissant moyen permettant de se débarrasser de certaines espèces d’adventices en cas d’infestation à condition de respecter un intervalle de temps suffisant entre deux labours qui sera défini en fonction du TAD.

[3]Evolution du stock grainier adventice dans le sol

Plus le TAD est faible, plus il faut espacer les deux labours. En effet, il faut attendre que la totalité des graines envoyées dans le fond (assez profond pour empêcher la germination cf figure 1) lors du précédent labour ne soit plus viables pour éviter de les remettre en condition de développement à la surface.

Sur le schéma ci-dessus, sont représentées seulement les graines viables d’une espèce à fort TAD juste après le type de travail du sol.  En clair, la couche de sol superficielle dans laquelle la majorité des adventices sont en capacité de germer. En sombre, la partie de sol contenant les graines viables mais pas en conditions de germer car trop profonde.

Le cas du ray-grass

Le ray-grass est l’une des adventices les plus problématiques dans les systèmes en grandes cultures en France, notamment à cause des résistances qui apparaissent et des décalages de cycle (cf biologie du ray-grass). Il convient d’autant plus de connaître et d’actualiser les connaissances sur sa biologie pour ajuster les stratégies de luttes.

Contrairement à ce qu’on pensait avant, le ray-grass a un TAD proche de 60% à la place de 75%. Cela à pour conséquence d’augmenter l’intervalle entre deux labours si l’on veut enfouir la totalité des graines viables qui se trouvent en surface, s’il n’y a pas de retournement/brassement trop important du sol.

Il est donc conseillé de labourer tous les 4/5  ans pour lutter efficacement contre la population de ray-grass, contre les 3 ans qui étaient préconisés avant.

Évolution du TAD du ray-grass[4]


Réglage de la charrue

En fonction du rapport entre la profondeur de travail et la largeur de la raie on identifie 3 types de labours :

  • Le labour dressé : C’est le labour ou les bandes seront les plus inclinées verticalement. Pour cela, il faut que sa profondeur corresponde au3/4 de l’espace entre socs.
  • Le labour couché : Avec une profondeur qui correspond à la moitié de la largeur de raie, les bandes seront plus à l’horizontal.
  • Le labour intermédiaire : correspond à un entre deux des deux cités avant.
[5]Type de labour, profondeur et largeur - La profondeur de travail : un équilibre avec la largeur de raie

Le labour idéal

Le plus dressé possible

Cela pour éviter de placer les résidus de plantes dans le fond de la raie. Un labour couché favorise en effet la formation d’une zone de gley en conditions humides ou la constitution d’une zone creuse en sol séchant avec matières organiques en fond de raie, situations infranchissables ou peu pénétrables par les racines de la culture.

De manière générale, et surtout dans les sols humides ou séchants, le labour dressé permet d’éviter cet écueil et favorise une bonne implantation et le développement de la culture, entre autres, pour qu’elle soit rapidement concurrentielle vis-à-vis des adventices.

Profondeur moyenne, autour de 20 cm

[5]Schéma des différents labours

Le labour ne doit pas être trop profond (maximum 25 cm) pour ne pas mélanger les horizons aérobies et anaérobies du sol : le mélange des couches favorise les fermentations des matières organiques au détriment de leur minéralisation. Mais il doit envoyer les graines de surfaces suffisamment profond pour que cela soit efficace. Il est conseillé environ 20 cm pour un objectif de lutte contre les graminées.

Vitesse lente, 4-5 km/h

Pour permettre un retournement et un enfouissement efficace d’un point de vue gestion des adventices, on préférera une vitesse lente comme explicité sur le schéma ci-dessous :

La rasette : la position longitudinale des supports de rasettes sur l’age (ou timon).

Trois positions sont possibles :

  • Position avancée : idéale pour un bon enfouissement
  • Position reculée : idéale pour limiter le bourrage en présence de nombreux débris végétaux
  • Position intermédiaire : compromis entre enfouissement et bourrage

En conclusion

Pour une efficacité maximale, il faut un labour dressé et le moins profond possible. Pour cela il faut privilégier un écartement faible des socs. Ensuite, aller lentement avec une rasette en position avancée (si pas trop de matière à enfouir) pour obtenir un retournement optimal et des graines d’adventices en profondeur, hors de leur zone de germination.

Sources

Cet article a été rédigé par Jasmin Razongles, étudiant ingénieur agronome en alternance au Centre National d'Agroécologie.

  1. H.A Roberts
  2. Comment mettre à profit la connaissance et caractéristiques biologiques des adventices pour mieux les gérer - Arvalis
  3. ACTA
  4. Martin Rollet
  5. 5,0 et 5,1 https://www.arvalis.fr/infos-techniques/bien-regler-sa-charrue