Changement de pratiques pour retrouver de la rentabilité au lycée agricole Tulle Naves
Issu de l’école polytechnique et après une année de formation à AgroParisTech, Antoine Manteaux intègre en 2022 l’EPLEFPA Edgard Pisani en tant que directeur de l’exploitation du lycée agricole Tulle Naves. Sa prise de poste est marquée par la mise en place de différentes pratiques agroécologiques appliquées à :
- L’atelier élevage bovin viande :
- Réduction des antibiotiques
- Pâturage tournant dynamique
- Réduction de l’âge au premier vêlage
- A la préservation de l’environnement :
- Préservation des zones humides
- Installation de haies
Il est important de préciser que les enjeux restent différents d’une exploitation agricole puisque l’exploitation du lycée est avant tout un support pédagogique.
Contexte
- Nom : Antoine Manteaux
- Localisation : Naves, Corrèze (19)
- Productions : Bovins viande, veaux rosés, centre équestre
- SAU : 220 ha
- UTH : 3,5
- Label : Agriculture Biologique
- Cultures : 3 méteils différents (épeautre/féverole/lupin, blé/pois fourrager, avoine/pois fourrager) pour l’alimentation du troupeau
- Rotation : 3 ans de méteil ressemé chaque année puis 5 ans de prairie naturelle (rotation totale de 8 ans)
- Cheptel : 120 mères limousines, veaux rosés sous la mère, 20 chevaux d'instruction
- Modes de commercialisation : Coopérative SCA Le Pré Vert, Biocoop, restauration
- Historique :
- 1970 : Création de l’exploitation en même temps que le lycée. Elle est spécialisée en élevage bovin et porcin.
- 1998 : Conversion de la moitié du cheptel bovin en agriculture biologique sous l’impulsion de l’ancien directeur d’exploitation Hervé Longy. Ce changement fait ses preuves et en 10 ans le cheptel bio se montre plus rentable.
- 2008 : L’entièreté du cheptel bovin et des surfaces est donc convertie en bio.
- 2012 : C’est au tour de l’atelier porcin d’être converti en AB.
- 2017 : Un centre équestre communal est repris par l'exploitation.
- 2018-2022 : Période de forte instabilité au sein de l'équipe de l'exploitation, effondrement technique et économique, rupture avec la vocation pédagogique et expérimentale de la ferme.
- 2022 : Antoine prend son poste de directeur d’exploitation du lycée. Un plan de redressement est mis en place, porté par une équipe entièrement renouvelée. L’exploitation abandonne notamment l’élevage porcin pour se consacrer aux bovins viande bio et aux surfaces. En 2 ans et demi, l'équilibre financier est retrouvé, les résultats techniques reviennent à la normale, une forte dynamique pédagogique est réimpulsée et des programmes de recherche remis en route.
Spécificités
L’exploitation du lycée agricole est en Agriculture Biologique depuis 1998, tandis que seulement 10% des exploitations sont en AB en Corrèze. La ferme se situe en zone montagne et le territoire est très boisé.
Motivations et objectifs
- Éléments déclencheurs pour la mise en œuvre des pratiques : Antoine a fait ses études à Paris, et était sensibilisé avant son arrivée en Corrèze aux problématiques environnementales, à l'agroécologie et à l'agriculture biologique. La réalité du terrain sur la ferme et les enjeux associés à l’élevage lui ont fait prendre du recul sur la réticence de certains concernant les pratiques favorisant la biodiversité. Antoine a toujours aimé la nature et l’agriculture, notamment par le biais de ses grands-parents, fils et fille d’agriculteurs. Il a donc souhaité mettre en place ces pratiques pour montrer qu’il est possible d’allier l’élevage bovin et les pratiques respectueuses de l’environnement en axant son discours sur la possibilité de rentabilité de cette association.
- Objectifs : Rendre l’élevage bovin compatible avec la préservation de l’environnement et sensibiliser les jeunes des écoles à l'importance de cette synergie.
Descriptif du système actuel
L’exploitation a une SAU de 220 ha dont 25 ha de méteil pour la complémentation des veaux, 45 ha de prairie temporaire et le reste en prairie permanente.
Antoine apporte uniquement le fumier des vaches et des chevaux sur les parcelles :
- 20 t/ha sur les cultures de méteil
- 10 t/ha sur les prairies fauchées
Il n’ajoute pas d’engrais minéraux et n’utilise pas de produits phytosanitaires sur les parcelles.
Antoine utilise peu d’antibiotiques sur son cheptel et travaille à limiter le plus possible le recours aux antiparasitaires. Il fait des analyses coproscopiques sur les lots qu’il envoie dans un laboratoire. Il peut détecter s’il y a présence d’un parasite pour traiter l’animal.
Mise en place de haies
L’exploitation vise actuellement (janvier-février 2025) à planter des haies. Le paysage alentour est très boisé, l’enjeu ici est de reconstituer des milieux d’interface plus diversifiés que les bois déjà présents. De plus, le Label Haie de la PAC permet de financer les fermes qui ont plus de 7% de la SAU en haie. L’objectif est ainsi d'augmenter le linéaire en plantant 2 km de haies sur l’exploitation et de tester différentes essences, différents types de paillage et différents modes d'entretien.
- Essences utilisées : Essences locales dont groseillier, cornouiller sanguin, aubépine, tilleul.
- Fonctions :
- Créer des zones d’ombrage pour protéger les bêtes de la chaleur
- Agir comme brise-vents
- Ajouter une ressource fourragère supplémentaire pendant les périodes de sécheresse consommée directement sur pied
- Accueillir la biodiversité locale
Cet atelier est l’occasion de sensibiliser les élèves à l’installation d’infrastructures agroécologiques alors que ces derniers se montrent souvent réticents face aux pratiques agroécologiques prônées par leurs professeurs. Cette activité permet d’entamer une réflexion sur la mise en place de ces abris qu’ils pourront remobiliser plus tard sur leur exploitation.
1 km a déjà été implanté la semaine dernière (début février 2025) en 2 jours et demi avec une centaine d'élèves du lycée. 1km supplémentaire sera installé l’année prochaine. A noter que l’État finance à 100% les plantations de haies (fournitures + main d’œuvre).
- Points de vigilance :
- Bien organiser l’emplacement des haies pour que ça ne gène pas le trajet des tracteurs (mais en anticipant bien, il est possible de mettre des haies sans problème)
- Mise en place de clôture en plus pour protéger les jeunes arbres des bovins
- Entretien nécessaire par la suite
Préservation des zones humides
Projet en cours. Un îlot de parcelles de la ferme accueille un ruisseau. Jusqu’alors les vaches pouvaient boire et se déplacer sans contrainte sur la zone. Cependant, on remarque aujourd’hui les conséquences néfastes de ce choix :
- Dégradation des berges du cours d’eau (interface berge détériorée)
- Piétinement
- Création de turbidité (terres et déjections remuées)
- Eutrophisation par l’apport d’azote des bouses
- Ressources en eau non suffisantes pour 30 vaches qui boivent en même temps
- Exposition des vaches au parasitisme par les bouses présentes dans les cours d'eau et les zones humides
L'enjeu est donc double : protéger l'environnement aquatique permettra de réduire les problèmes zootechniques. Comme souvent, les enjeux économiques et environnementaux vont ici de pair, et c'est un bon moyen d'embarquer et de sensibiliser les futurs agriculteurs.
- Projet : Mise en place de clôtures, de passages à gué et d'abreuvoirs pour délimiter les zones d’abreuvement et mettre en défens les ruisseaux.
Financement à 80% par l’agence de l’eau (comme pour les exploitations hors lycée), travail avec le conservatoire des espaces naturels.
- Point de vigilance : Accès à l’eau à gérer.
Réduction des antiparasitaires et pâturage tournant dynamique
Depuis son arrivée il y a 2 ans et demi, Antoine cherche à réduire l’utilisation des antiparasitaires. Les méthodes en places à son arrivée étaient très impactantes pour la biodiversité (coprophages notamment), avec a minima 2 traitements antiparasitaires par an de manière systématique sur tout le cheptel. Aujourd’hui, l'idée est de réduire l'exposition aux parasites afin d'avoir un troupeau en meilleure santé tout en réduisant fortement les traitements. Pour cela, en plus de la mise en défens des cours d'eau vue précédemment, Antoine utilise le principe de pâturage tournant dynamique. En effet, le cycle d’un parasite dure 21 jours[1][2] et Antoine fait tourner son cheptel de sorte à ne pas le faire revenir avant 30 jours sur un même paddock. Les vaches sont en bâtiment en hiver (mi décembre-mi mars) et sont en pâture le reste de l’année.
- Difficultés rencontrées :
- Temps pour changer les vaches de paddocks
- Redécoupage des parcelles à bien anticiper
- La consommation d’herbe des veaux au pâturage doit être maximisée de sorte que leur taux de croissance soit optimal pour une dose réduite de concentrés consommés. Cela permet d’augmenter l’efficience de la production de viande (compétition feed/food). Il faut donc faire tourner assez souvent les lieux de pâturage afin que les veaux cherchent au minimum à consommer la farine de céréales et protéagineux en accès libre pour eux.
- Opportunités :
- Sensibilisation des élèves avec manipulations zootechniques
- Meilleure gestion de la consommation d’herbe, puisqu’elle est consommée au moment où elle est riche en protéines
- Les avantages des pratiques mises en place :
- Réduction des coûts associés au traitement des parasites : chaque hiver, une coproscopie est réalisée sur chaque lot de pâturage (15€), et seuls les lots présentant un nombre significatifs de parasites sont traités. Aujourd'hui, seulement 1 lot sur 3 est déparasité, ce qui réduit fortement les coûts de traitement (120€ pour 25 bêtes).
- Réduction de l’utilisation de molécules nocives pour la biodiversité et notamment les coprophages
- Le pâturage tournant permet de limiter l’apport de complément (farine de céréales) pour les veaux et de les habituer petit à petit au pâturage
- La productivité des prairies croît avec l’augmentation de leur temps de repos [3]
- Points de vigilance :
Réduction de l’âge de vêlage
Le principe de cette pratique est de réduire l’âge du premier vêlage d’une vache pour qu’elle puisse produire plus dans sa vie de mère. Normalement, l’âge de vêlage est de 36 mois en vache allaitante et de 24 mois en vache laitière, toutes races confondues (Dimond et al, 2022). Antoine vise à diminuer cet âge, aujourd'hui à 32 mois, en visant un objectif de 24 à 30 mois à terme.
- Difficultés rencontrées :
- Le choix est de rester 100% en autonomie alimentaire, et il s'avère parfois difficile d'apporter une ration suffisamment riche en hiver pour permettre une croissance suffisante pour vêler à moins de 30 mois
Faire moins cher ou plus rapidement ? Possibilité d’apporter plus de concentrés mais perte d’intérêt de l’autonomie alimentaire.
- Les avantages des pratiques mises en place :
- Plus de production de veaux pour la période de production de la vache. Limitation du nombre de bovins improductifs pendant l’élevage des génisses et augmentation du nombre de vêlages. [5]
- Pas d’impact sur la durée de production ni sur la santé des vaches tant que le poids de la génisse au premier vêlage est correct, au minimum 450 kg, et atteint 550 kg à l’issue du vêlage.[6]
- Augmentation de la productivité et la performance économique du système.[5]
- Réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre) et de l'empreinte carbone[5] des vaches par kilo de viande produite en minimisant l’âge au premier vêlage (objectif d’augmenter la production par quantité d’aliments consommée et de limiter les UGB improductifs).
- Points de vigilances :
- Augmentation des besoins alimentaires des génisses et élévation des charges associées.[5]
- Surveillance des performances des vaches primipares (premier vêlage) : réduction de la production de lait lors du premier vêlage mais pas pour les prochains vêlages. [6]
- Un poids trop faible de la génisse au premier vêlage entraîne des risques accrus de mortalité et morbidité.[6]
Résultats constatés des nouvelles pratiques
- Réduction antibiotiques : Depuis sa mise en place, Antoine a constaté une division par 3 du nombre de vaches parasitées et une réduction de traitements de 4 à 6 grâce au pâturage tournant dynamique.
- Réduction de l'âge de vêlage : L’indicateur pour déclencher la première mise à la reproduction est le poids : 420 kg. Cela semble être le bon compromis selon Antoine.
Autonomie alimentaire de l’exploitation
L'exploitation est 100% autonome sur le plan alimentaire.
L’exploitation du lycée produit elle-même :
- Ses fourrages (séchage en botte) : ensilage, enrubannage et foin
- Ses céréales et ses protéagineux en grain pour la complémentation : méteils.
Concernant les fourrages, l’exploitation réalise ses fauches assez tôt, entre 800 et 1000 °Cj, et réalise notamment du déprimage. Les fauches sont idéalement réalisées dans une bonne fenêtre météo, avec une absence de pluie avant la fauche et 4 à 5 jours de beau temps prévus ensuite.
- Objectif : Atteindre une MAT de 14-16%.
- Difficultés :
- Atteindre une bonne MAT (actuellement à 12%)
- Trouver la bonne fenêtre météo pour faucher (problématique de la pluie)
- Opportunités : Fertilisation des parcelles de céréales (20 tonnes) et de prairies fauchées (10 tonnes) avec le fumier.
- Résultats :
- Autonomie alimentaire quasiment atteinte
- Pas d’achats de compléments alimentaires protéinés
- Avantages :
- Autonomie en aliment du troupeau
- Autonomie en semences, car une partie des graines est semée l’année suivante
- Limitation de l’apport de concentrés
- Pas d’apport de concentrés issus de la déforestation
- Points de vigilance :
- Engraissement limité avec la ration obtenue relativement faible en protéines (MAT de 12% au lieu de 14-16%), ce qui a des conséquences sur les résultats économiques
- Rendements en protéagineux aléatoires
Investissements à prévoir
Haies
- Achat des plants de haies de différentes espèces
- Main d’œuvre pour la plantation
Préservation des berges
- Clôtures
- Main d’œuvre pour la mise en place
- Bacs et tuyaux pour l'abreuvement
- Broyeur sous clôture
Réduction des antibiotiques
- Analyses coproscopiques (15€ l’analyse)
- Clôtures pour le pâturage tournant dynamique
- Temps de travail quotidien pour changer les bovins de parcelle
Commercialisation
- Les veaux rosés sont commercialisés à la coopérative SCA Le Pré Vert. Ils sont ensuite distribués dans le réseau Biocoop et dans la restauration collective.
- Un indicateur pour la vente des vaches de réforme engraissée est le “remplissement total des vaches” jugé à l’œil nu, un bourrelet de gras doit être présent juste derrière la queue (espace creux quand elles ne sont pas encore engraissées).
- Dans un futur proche, la vente directe devrait être relancée, en commençant par exemple avec la cantine du lycée.
- Pas de vente de broutards (même s'il s'agirait d'une opportunité économique) car elle n'est pas compatible avec l'Agriculture Biologique car l’engraissement des taurillons s’effectue systématiquement en conventionnel, pour la plupart en Italie.
- Attention cependant, le cours de la viande du broutard en conventionnel est aujourd'hui plus élevé que celui du veau rosé en agriculture biologique, ce qui présente un risque très important à cours terme pour la pérennité des filières AB...
Bilan financier
- En 2024, l’exploitation retrouve son équilibre financier.
- Aides perçues :
- ICHN (Indice Compensatoire au Handicap Naturel) (PAC)
- Aides bovines (PAC)
- Aides au maintien en AB (région Nouvelle-Aquitaine)
- Surcoût pédagogique de 30 000 € (région Nouvelle-Aquitaine)
- Aides à l’investissement de 60% pour le broyeur sous clôture (région Nouvelle-Aquitaine)
- Haies financées à 100% (Pacte haies)
- Clôtures de protection des berges financées à 80% (Agence de l’Eau)
- Diminution des charges grâce à l’autonomie alimentaire et au raisonnement de l’usage des antibiotiques avec les analyses coprophages.
Perspectives
Antoine estime que l’un des principaux défis de la transition agroécologique est d’ordre culturel. Il observe que les élèves sont influencés par la vision productiviste transmise par leurs parents, elle-même encouragée par les politiques publiques d’il y a 40 ans. Antoine souligne également que des divergences de points de vue sur l’agriculture, notamment sur l’agriculture biologique, peuvent parfois créer des tensions au sein des groupes d’élèves
Conseils de l’agriculteur
“Qu’on soit en bio ou pas, le passage à l’autonomie alimentaire est très intéressant”, remarque Antoine.
Antoine invite les agriculteurs à prendre du recul par rapport à leurs pratiques et à ne pas systématiquement adopter la logique de “faisons comme on a toujours fait” .
Très souvent, Antoine remarque qu’essayer de “faire en dépensant moins” permet de produire autant. De même, de nombreuses pratiques pertinentes d'un point de vue environnemental sont également bénéfiques d'un point de vue zootechnique ou économique !
Source
La version initiale de cet article a été rédigée par Elise Gatel, Eléa Missonnier et Mélodie Calvier,
étudiantes en agronomie à l'Institut Agro Montpellier, suite à l'interview d'Antoine Manteaux réalisée le 10/02/2025.
- ↑ A.Chauvin, 2009. Le risque parasitaire au pâturage et sa maîtrise. Fourrages, volume 199, pp 255-264. https://orgprints.org/id/eprint/35345/1/doc_num.php_explnum_id%3D1287
- ↑ https://creuse.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Nouvelle-Aquitaine/098_Inst-Creuse/PDF/ELEVAGE/elevage_bovins/fiche_4_paturage_et_parasitisme.pdf
- ↑ 3,0 et 3,1 Jordon, M., Willis, K., Bürkner, P.C., Petrokofsky, G. (2022). Rotational grazing and multispecies herbal leys increase productivity in temperate pastoral systems – A meta-analysis. Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 337. https://doi.org/10.1016/j.agee.2022.108075.
- ↑ Cliquet, J., Poilane, A., Surault, F., & Gastal, F. (2019). Pâturage tournant dynamique : quelle correspondance entre les repères d’entrée « hauteur d’herbe » et « stade 3 feuilles » ? Fourrages, 238, 139-141.
- ↑ 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Dimon, P., Bidan, F., Michaud, A., Loustau, G., & Dominique, S. (2022, December). Freins et leviers au développement du vêlage précoce en élevage bovins allaitants: les avis des éleveurs du Cantal mis en perspective avec les résultats d'une enquête nationale. In 3R2022: 26èmes Rencontres autour des Recherches sur les Ruminants. https://hal.inrae.fr/hal-03899217v1/document
- ↑ 6,0 6,1 et 6,2 Meyer, M. J., Everett, R.W., & Van, Amburgh M.E. (2004) Reduced age at first calving: effects on lifetime production, longevity, and profitability. Kansas Agricultural Experiment Station Research Reports: Vol. 0: Iss. 2. https://doi.org/10.4148/2378-5977.3172