Optimisation de l’irrigation et augmentation de la SAU irrigable
A son installation, l’irrigation n’était pas un problème, ce n’est que plus tard que Jean-Louis Borca a pris conscience de l’importance de cette ressource et la nécessité de l’utiliser le mieux possible.
L’objectif d’optimiser l’irrigation n’est pas seulement de limiter les pertes en eau, il est aussi de comparer les coûts de l’irrigation aux gains réels économiques. Jean-Louis le confirme, pour lui, il est plus intéressant d’irriguer 2 ha de maïs et de faire des rendements un peu plus faibles que d’irriguer un seul ha avec un rendement très élevé.
Présentation
- Noms : Jean-Louis Borca et ses enfants Delphine et Rémi.
- Localisation : Saint-Elix d’Astarac (Gers).
- Année d'installation : Jean Louis en 1978, Delphine en 2014 et Rémi en 2024.
- Statut : EARL.
- SAU : 264 ha dont 220 en Agriculture Biologique.
- UTH : 2,45 UTH.
- Production : grandes cultures et production de canards et de poulets label rouge.
- Sol : Coteaux argilo-calcaire et boulbènes.
- Travail du sol : Labour tous les 2 ou 3 ans, désherbages mécaniques et travail superficiel.
- Système irrigué : 80 % de la SAU irrigable (100 ha irrigué chaque année).
- Labels : Agriculture Biologique et Label Rouge.
- Modes de commercialisation : vente en coopérative (Euralis et Val de Gascogne).
- Prestations supplémentaires : Unité de méthanisation.
Étapes de mise en place
- 2004 : Optimisation de l’irrigation sur l’exploitation avec la mise en place de sondes qui permettent de modifier les pratiques d’irrigation Jean-Louis se rend ainsi rapidement compte que le premier déclenchement a lieu trop tôt et le dernier ne permet pas d’avoir un gain suffisant pour couvrir les dépenses engendrées. 2 tours d’eau sont ainsi économisés.
- 2016 : Création d’une ASA (Association Syndicale Autorisée) avec des agriculteurs voisins. Au total, 7 irrigants constituent cette ASA et ils peuvent ainsi construire un projet de modernisation de l’irrigation sur leurs exploitations.
- 2017-2018 : Réalisation des travaux (enterrement des conduites et changement de la pompe) et achat du matériel.
Au total, il aura fallu presque 3 ans entre la création de l’ASA avec la naissance du projet et la première campagne d’irrigation.
Investissement
Le coût total des travaux dans les 7 exploitations s'est élevé à près de 1,5 millions d’euros. La région avait en partie financé ce projet à hauteur de 67,5 %. Les 42,5 % restants ont été financés par les 7 agriculteurs en fonction de leurs droits de pompage. En plus des travaux, Jean-Louis a aussi investi dans du matériel d’irrigation plus performant.
Il a acheté des enrouleurs qui peuvent être enclenchés depuis une application mobile. De plus les canons sont équipés de sondes qui permettent d’adapter la pression en fonction des conditions, pentes…Un pivot a aussi été acheté, il permet d’éviter les pertes par évaporation en amenant l’eau au plus proche du sol.
Bilan
Environnemental
- 98,7 % de l’eau est utilisée, pas de fuites.
- Possibilité de déclencher l’irrigation au meilleur moment.
Social
- Pour l’agriculteur, le premier avantage concerne le gain en termes de la qualité de travail. L’irrigation est beaucoup moins chronophage : pas d’installation de tuyaux d’irrigation chaque année, plus besoin de courir partout car la plupart des actions sont pilotées depuis le téléphone. Cela a permis de dégager du temps pour les autres activités de l’exploitation.
- Le groupe d’agriculteurs qui a participé à ce projet est resté très soudé et a par la suite réalisé d’autres projets.
Economique
- Grâce à l’adaptation de la pression, la réduction de 2 tours d’eau et les apports localisés sur le pivot, la SAU irriguée a été doublée sans consommer plus d’eau annuellement. En moyenne 1 500 m3 d’eau sont utilisés par ha.
- Accès à des contrats semences.
- A stabilisé les revenus et a permis de développer l’exploitation.
Les conseils pour réussir
- Premièrement, ce projet n’aurait pas été réalisable sans subvention.
- Il est essentiel de se faire accompagner par des organismes spécialisés pour l’ingénierie même si cela a un coût. La réalisation de l’étude a coûté près de 100 000 euros mais a grandement facilité la mise en place du projet par la suite. La Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (nouvellement Rives et Eaux) avait réalisé cette étude .
Les problèmes rencontrés
Plusieurs points de blocage sont apparus au cours de ce projet.
- Il a été compliqué d’obtenir le droit d’enterrer les conduites qui traversaient les parcelles d’autres agriculteurs, surtout ceux qui n’ont pas accès à l’irrigation.
- Après la réalisation de l’étude, certains agriculteurs de l’ASA ont eu « peur » du trop gros investissement, et ont longuement hésité à poursuivre ce projet.
- Un dernier point de vigilance concerne le choix de l’entreprise qui réalise les travaux. Il y a eu plusieurs fuites lors de la mise en fonctionnement qui ont créé des tensions et de la frustration.
Perspectives d’évolution
Les enfants de Jean-Louis, Delphine et Rémi, qui ont aujourd’hui pris la relève aimeraient continuer ce travail et le réaliser sur de nouvelles parcelles puisque l’exploitation s’est agrandie de quelques hectares.
A terme, l’objectif serait de continuer à diminuer les volumes d’eau utilisés par hectare.