Fertiliser avec des acides aminés
La fertilisation foliaire ou racinaire à base d'acides aminés a un triple effet sur les plantes : nutritionnel, biostimulant et anti-stress abiotique. Elle aide les cultures à résister aux conditions difficiles comme le froid, les ravageurs, la sécheresse, le stress oxydatif et permet une meilleure assimilation des engrais traditionnels.
Description
Les acides aminés, aussi bien que les protéines et les autres dérivés qu'ils forment, interviennent dans l'ensemble des processus biologiques des organismes vivants, végétaux et animaux. Dans les plantes, les différents acides aminés sont présents en différentes proportions et vont remplir différents rôles. Il y a des centaines d'acides aminés, mais seulement 22 sont dits acides aminés essentiels car ils forment les protéines.
Ils sont tous importants et une carence peut avoir des conséquences notables. En production végétale, les traitements à base d'acides aminés doivent donc être pensés en fonction des besoins de la plante : phase de croissance, situation de stress due au gel ou à la sécheresse,...
Les produits disponibles dans le commerce sont souvent composés d'acides aminés d'origine animale ou obtenus par synthèse chimique. Ils sont alors moins assimilables par la plante et peuvent, dans certains cas, entraîner des phytotoxicités.
Les acides aminés, constituants de base des plantes
Les propriétés chimiques et biologiques d'une protéine dépendent du nombre et du type d'acides aminés qui la composent et de l'ordre dans lequel ils se situent dans la molécule. Les acides aminés ou leurs dérivés interviennent dans tous les processus biologiques.
Tous les acides aminés végétaux n'ont pas la même importance dans les cycles biologiques des plantes et sont présents dans des proportions différentes.
Par exemple :
- La lysine, la méthionine et la tryptophane sont nécessaires à de faibles concentrations tandis que le glutamate et l'aspartate, par transamination donnent naissance à tous les autres acides aminés, sont présents dans les plantes en grandes quantités.
- La proline agit sur la gestion de l'eau pour les cultures, renforce les parois cellulaires et les plantes sont donc plus résistantes aux conditions climatiques défavorables.
- La glycine est cruciale dans la formation des tissus végétaux et est un des premiers composés utilisés dans la synthèse de la chlorophylle et est donc un moyen de prévention de la chlorose.
- La lysine et l'arginine sont actifs dans la stimulation de la photosynthèse et retardent le processus de sénescence.
Tous les acides aminés sont importants et interdépendants, et la carence ou l'absence de l'un d'entre eux peut bloquer la synthèse des autres.
Période d'utilisation
La teneur en acides aminés varie en fonction de l'état physiologique de la plante. Les concentrations sont plus élevées durant les périodes de dormance lorsque la synthèse des protéines diminue (accumulation des acides aminés). En période de croissance, ces réserves sont utilisées pour la synthèse des protéines, et par conséquent leur concentration diminue.
Donc le meilleur moment pour les traitements est lorsque la plante a un besoin spécifique et important d'acides aminés : phase de croissance, de développement et de formation des fruits, ou lorsque le gel, la sécheresse ou tout autre stress abiotique ont modifié la capacité de synthèse de la plante.
Deux sources d'acides aminés
Il existe des acides aminés d'origine végétale et animale.
L'efficacité d'un engrais avec des acides aminés n'est pas due seulement à la concentration totale en acides aminés et à leur état d'agrégation, mais aussi l'équilibre des proportions dans lesquels chaque acide aminé est présent.
Les acides aminés d'origine végétale
Au travers de leur origine et du processus de production par hydrolyse enzymatique, ils fournissent des acides aminés sous une forme et un équilibre plus approprié pour les plantes, pour une efficacité maximale et une qualité de l'action optimale. En analysant les acides aminés contenus dans les plantes, on peut voir qu'ils sont tous optiquement actifs et lévogyres, contrairement à ceux produits par synthèse chimique ou par hydrolyse alcaline ou acide. Les acides aminés végétaux conservent donc leur pleine fonctionnalité biologique.
Seuls les acides aminés lévogyres peuvent être assimilés et utilisés dans les cycles biologiques des plantes. Les acides aminés dextrogyres ne sont pas reconnus par la fonction enzymatique et ne sont pas utilisés dans la synthèse des protéines dans les meilleurs des cas, sinon dans le pire des cas, ils peuvent créer des situations de phytotoxicité.
Grâce à l'origine exclusivement végétale (pas d'utilisation de déchets animaux ou de déchets provenant des tanneries,...) et à leur procédé de fabrication, les acides aminés végétaux ne contiennent pas de résidus d'antibiotiques (des résidus de fermentation), d'éléments traces métalliques (chrome, plomb, mercure...), de chlorures ou tous autres contaminants.
Les acides aminés d'origine animale
Ils contiennent de l'hydroxyproline et de l'hydroxylisine, 2 acides aminés non métabolisés par les plantes et donc non utiles pour elles. À l'inverse, les teneurs en aspartate et en glutamate sont plus élevées pour l'origine végétale, car ils contribuent directement au développement de la plante.
Ils sont issus de sous-produit animaux, tels que les déchets des tanneries, des cuirs ou d'équarrissage. Certains acides aminés fragiles sont détruits par le process de fabrication pour les origines animales (tryptophane, cystéine, lysine.….). La glycine, principalement présente dans le collagène, a un effet stimulant à faible concentration et est phytotoxique à partir d'un certain dosage.
Enfin, les hydrolysats animaux stimulent principalement la rhizosphère, tandis que les hydrolysats végétaux stimulent directement le végétal.
Les avantages
Les fertilisants à base d'acides aminés végétaux sont rapidement absorbés et incorporés dans la plante. Grâce à leur capacité à pénétrer les membranes cellulaires et à s'intégrer dans les processus métaboliques, ils sont capables en quelques heures de remplir leur fonction dans les plantes.
L'apport d'acides aminés végétaux est donc essentiel lorsque la plante est soumise à des conditions de stress pour la synthèse d'acides aminés. Cette application permet des économies d'énergie considérables, permettant de rééquilibrer et de retrouver des conditions optimales pour le développement des plantes.
Les principaux effets sont triples : nutritionnels (5 % d'azote), phytostimulante et/ou anti-stress abiotique.
Les conséquences des apports sur les cultures sont nombreuses, tout dépend du stade d'apport :
- Augmentation du rendement et de la qualité.
- Meilleure pollinisation et nouaison.
- Qualité organoleptique des fruits et légumes augmentée.
- Ralentissement du phénomène de sénescence.
- Absorption azotée optimisée (même pour les formes minérales).
Avec l’apport direct d'acides aminés, la plante s’économisera une dépense énergétique supérieure, étant donné qu'elle n’aura pas besoin de réaliser les transformations biochimiques de l’azote inorganique en aminoacides.
Les apports d'acides aminés
Foliaire
En application foliaire, la fertilisation va agir comme un activateur du développement végétatif en apportant les aminoacides et peptides les plus nécessaires à la plante.
L’ortie à une signature nutritionnelle et de résistance intrinsèque grâce aux acides aminés qu’elle contient et qui serviront de base pour la synthèse des protéines[1].
Les associations avec d’autres produits comme des phytosanitaires ou des engrais foliaires sont généralement possibles, à l’exception de ceux contenant du soufre et autres produits alcalins (pH>8).
Racinaire
En application sous forme d'arrosage, la fertilisation apporte au sol des nutriments d’absorption directe par la plante, en améliorant l’activité microbienne du sol, son humification, sa minéralisation et son activité chélatrice.
Thé de compost oxygéné
L’utilisation des acides aminés dans le thé de compost oxygéné (TCO) permet d’augmenter la pénétration, le pouvoir couvrant et l’assimilation du thé par les cultures.
Enrobage des semences
Le principe est simple : la plante a besoin d’avoir accès à la lumière pour faire la photosynthèse, et produire des sucres réducteurs, à partir desquels, avec de l’azote, ils forment des acides aminés qui interviennent dans les métabolismes (constitution de protéines, synthèse des vitamines, etc.) de germination et de croissance du système racinaire.
Par l’enrobage avec des acides aminés, la plante cultivée n’a plus besoin d’avoir accès à la lumière, elle a tout de suite accès aux éléments des enrobages, lui permettant une bien meilleure dynamique de croissance que les adventices. L’enrobage permet d’augmenter la surface d’exploration des racines en début de cycle. De plus on peut y ajouter des microorganismes qui seront directement fonctionnels au semis, impliquant un meilleur contrôle de la symbiose initiale.
Par exemple, Trichoderma, champignon neutre très compétitif, se développe dans le système racinaire de la plante et y occupe l’espace durant toute la campagne tel un bouclier pour faire barrage aux champignons pathogènes.
Pour aller plus loin
Restauration de la Fertilité des Sols & Acides Aminés par Konrad Schreiber :
Sources
- Les acides aminés, les briques de toutes les cellules ? - Biobase.
- Les acides aminés, les briques de toutes les cellules ? - Arbo Bio infos.
- Acides aminés -L lévogyres – Haute assimilation – Utilisable en Agriculture Biologique - Auxine.
- Terre de vers : Mathias et les applications naturelles - Chambre d'Agriculture Marne.
- ↑ Vichard, J. (2021). La phytothérapie appliquée aux vignes expliquée par les plantes.
Annexes