EARL Friendly Flock
Élevage de brebis toute l'année en extérieur
Leenart Claasen, Nanouk Dognies
Lennart Claasen et Nanouk Dognies se sont récemment installés après avoir été berger pendant de nombreuses années de troupeaux dont ils n’étaient pas propriétaires. Ils ont maintenant un troupeau de brebis qui sont au pâturage toute l’année dans trois zones de France différentes.
Historique de l’exploitation et contexte pédoclimatique
Présentation de la ferme
Contexte
- Localisation : Valleraugue, Hérault
- Nom de l’exploitation : EARL Friendly Flock
- Site web de l’exploitation : https://friendlyflock.fr/
- UTH : 2
- SAU : 1300 ha (terres qui ne leur appartiennent pas)
- Cheptel : 300 Brebis , 230 de la race Raïole (race des Cévennes), et 70 caussenardes de garrigues, pour la viande.
- Ancienne profession : Berger avec sa femme pendant 13 ans
- Sol : Acide et caillouteux
- 3 climats différents, pâturage toute l’année :
- Climat méditerranéen : été chaud et sec, hivers doux, précipitations irrégulières avec des épisodes cévenols
- Précipitations = 700 à 900mm/an
- Tmoy = 15,3 °C
- Climat cévenol
- Climat montagnard (Savoie)
- Climat méditerranéen : été chaud et sec, hivers doux, précipitations irrégulières avec des épisodes cévenols
Historique
- Installation en 2021 avec 130 brebis mères dans les Cévennes à 1h30 de Montpellier
- Augmentation du cheptel progressivement grâce à l’acquisition d’un nouveau site dans le Languedoc
- 2024 : Passage à 300 brebis (mais possibilité d’en prendre davantage car beaucoup de fourrage disponible)
- Achat d’une partie de troupeau d’un ancien éleveurs (prêt des terres en commodat sans payer une location)
- Louer potentielle d’un terrain à la commune
- Bergerie à sa disposition (elle est prêtée) pour l'agnelage si besoin
- Potentiellement prendre un berger pour la garde des brebis dans la garrigue à Saint-Paul-et-Valmalle pour les mois de janvier, février et mars afin de limiter leur déplacement
- Projet de prendre potentiellement des brebis en pension pendant l’hiver
Enjeux locaux
Les enjeux locaux sont essentiellement la valorisation des ressources végétales de la garrigue trop peu utilisées aujourd’hui et les problèmes de fortes sécheresses dans la région pendant la période estivale.
Cheminement vers une agriculture plus durable
Les étapes vers un changement de pensées
Lennart a longtemps été berger et a travaillé avec le 3LM Savory hub, sur la santé des plantes avec John Kempf. Il a aussi travaillé pour une entreprise dans l’analyse de sève et le Haney test (AgroLeague). Leenart et sa femme Nanouk décident de s’installer et d’acheter un troupeau (même si c’était difficile initialement car ils n’avaient pas d’argent) pour se reconnecter avec la nature et les animaux. Il n’y a pas de transition à proprement parler du système d’élevage puisque celui-ci est directement conduit en 100% pâturage. En revanche, la conduite du pâturage a évolué au cours des années pour que les pratiques soient les plus adaptées à l’environnement de travail.
En complément de son expérience en tant que berger, Lennart a participé à de nombreuses formations sur le sol, les plantes, le pâturage et l’alimentation animale pour mener à bien son projet :
- 2013 : Formation berger au Merle
- 2018 : Gestion holistique sur l’impact des brebis sur le sol et le surpâturage
- Formation Ranching for profit aux Etats-Unis pour l’aspect économique d’un système de pâturage
Objectifs souhaités
L’objectif souhaité était d’avoir environ 400-500 brebis, qui pâturent toute l’année (brebis en liberté hors agnelage, et conduite au filet pendant cette période) et de réduire au maximum les charges d’exploitation liées aux bâtiments, au matériel agricole et à l’alimentation.
Pratiques innovantes
Le pâturage est libre dans les Cévennes et en Savoie, et tournant dynamique à Saint-Paul-et-Valmalle dans le Languedoc. Les brebis et les agneaux sont toute l’année en extérieur. Ce pâturage permet une valorisation des ressources fourragères de différents milieux, d’éviter que la végétation ne se referme.
Les pâturages dans les Cévennes sont composés de différentes strates :
- herbacée avec des graminées, et des légumineuses principalement, ainsi que d’autres genres d’espèces :
- plante médicinale : thym
- fougères
- arbustes : chêne des garrigues
- arbrisseaux : rosier soyeux, Cistes à feuilles de sauge
- arbres : châtaignier
En Savoie, le pâturage est constitué de prairies d’altitude, et dans le Languedoc, les terres sont composé de garrigues, de friches et de prairies.
Par ailleurs, grâce à leur expérience et aux formations auxquelles ils ont participés, Lennart et Nanouk savent comment conduire le troupeau afin d’éviter le surpâturage tout en considérant le sol et la biodiversité environnante (parc de nuits dans les zones les moins fertiles pour restituer le fumier).
Protection du sol et de la biodiversité
Dans les Cévennes il y a un fort enjeu sur l’érosion. En effet, bien que les pentes des collines soient végétalisées principalement avec des châtaigniers et des chênes verts, il persiste encore de l’érosion. C’est en maintenant et restaurant des surfaces enherbées sous ces arbres que Lennart et Nanouk pensent pouvoir améliorer leur système.
Ils prêtent une attention particulière à leur sol et aux espèces végétales qu'il supporte. Pour suivre la santé de leur sol et de leurs prairies, ils font faire des suivis écologiques par l’entreprise allemande Land Generation à deux échelles de temps différentes. Le suivi écologique à court terme permet de suivre la santé des prairies chaque année alors que les suivis long terme permettent de suivre les changements qui s'opèrent au niveau du sol tous les 5 ans tel que l’infiltration de l’eau ou la quantité de matière organique.
Enjeux mis en évidence en 2023 suite au premier suivi écologique effectué :
- Les graminées de saison chaude ne sont pas encore présentes sur tous les sites.
- Processus écosystémiques interrompus sur les sites arbustifs.
- Effet positif de la présence d'arbres dans les zones arbustives.
- La régénération a commencé sur les sites impactés par la gestion des animaux, malgré la présence de conditions difficiles (pentes abruptes, vents forts, étés difficiles, événements météorologiques extrêmes).
- Les sites avec de la litière apportée montrent une réaction positive.
- Les impacts de l'érosion sont moindres que ce que l'on aurait pu s’attendre, la forme du terrain crée de petits obstacles pour la collecte de l’eau.
Pour l’instant, 14 parcelles dans les Cévennes sont suivies à court terme :
- 3 parcelles de forêt
- 4 parcelles de forêts clairsemées
- 6 parcelles en garrigue
- 1 prairie
15 indicateurs du fonctionnement de l’écosystème sont mesurés sur chaque parcelle, comme par exemple l’abondance de la couverture du sol, la décomposition de la litière ou encore l’érosion.
Ces indicateurs permettent de calculer un pourcentage de fonctionnement de 4 processus écologiques sur l’ensemble des parcelles :
- Le cycle de l’eau
- Le cycle des minéraux
- Les flux d’énergie
- La dynamique des communautés
À partir de ces processus écologiques, un score d’indice de santé écologique (Ecological Health Index (EHI)) est calculé sur l’ensemble des parcelles.
image du diapo
Amélioration globale de l’écosystème entre 2023 et 2024 :
- Amélioration globale de l’indice de santé de l’écosystème (EHI) et des 4 processus écosystémiques.
- Augmentation de l'abondance du couvert vivant (flux d'énergie) et de la vitalité globale des graminées de saison fraîche.
- Forte amélioration de la santé des graminées et des légumineuses.
- Réduction des espèces contextuellement indésirables.
Ces suivis permettent de savoir si la gestion qu’ils ont de leur troupeau a des impacts positifs ou négatifs sur les sols, et ainsi de modifier ou non les pratiques en place en accord avec ce qui est observé. Lennart et Nanouk sont par ailleurs contents de voir des changements sur l'état de dégradation des prairies. Par exemple, les parcs de nuit des brebis sur une parcelle dégradée et moins fertile, permettent une nouvelle végétalisation l’année suivante.
Pour favoriser la santé du sol et des prairies, Lennart n’hésite pas à “gaspiller du fourrage”. Selon lui, il n'est pas grave de laisser une parcelle avec de l’herbe qui a été couchée par les brebis ou de l’herbe qui n’est pas laissée de manière homogène sur la parcelle. Cela permet aussi au sol de bien fonctionner et d'accueillir de la biodiversité.
Pour finir, la stratégie de retour en pâture d’une parcelle au maximum tous les ans permet à l’herbe de bien faire ses racines, ce qui assure un bon fonctionnement du sol et une résilience de la prairie s’il n’y a pas de surpâturage.
Expérimentations et objectifs à venir
Lennart est plutôt satisfait de son mode de production.
Les objectifs à venir sont :
- Amélioration continue de la conduite du troupeau. Plus de résilience face aux changements climatique, sociétal…
- Poursuivre la planification du pâturage pour valoriser au mieux la ressource sur les différents sites. Ils veulent aussi “faciliter” la vie des brebis avec une meilleure alimentation
- Agnelage plus tôt pour une meilleure valorisation des ressources en estive par les agneaux et avoir un meilleur poids carcasse (objectif de 15-18kg). Croisement mérinos précoce pour les mâles
- Adapter continuellement les pratiques pour limiter le stress des brebis face à des changements de zones
- Garder un contact plus régulier avec les consommateurs (car aujourd’hui il y a une coupure de commercialisation en été lorsqu’ils sont en estive)
- Diversification des revenus car aujourd’hui ils sont trop dépendant des aides de la PAC. Idées de diversification :
- Visite des parcelles pâturées,
- Formations (gestion du pâturage, gestion de la ressource fourragère, …)
- Utiliser des nouvelles technologies s’il en a l’opportunité
Système de production
Atelier d’élevage
Gestion des prairies :
Lennart et Nanouk possèdent un cheptel de 300 brebis qu’ils font pâturer sur 1300 ha répartis entre le Languedoc, les Cévennes et la Savoie.
- 300 ha de pâture dans le Languedoc,
- 500 ha dans les Cévennes,
- 500 ha dans les estives en Savoie.
Les brebis sont transportées en camion. Ils ont donc trois strates d’altitude pour le pâturage (200 m d’altitude en Languedoc, de la moyenne montagne dans les Cévennes et de la haute montagne en Savoie), ce qui permet d’éviter les inconvénients de chaque zone. En effet, l'hiver serait trop rude en Savoie, et l’été trop chaud en Languedoc par exemple. Ces terres ne leur appartiennent pas. En effet, ils sont en commodat, ou en location sur les terres qu’ils font pâturer.
Les brebis sont 100% élevées en plein air dans un système très extensif. Elles sont gardées 9 mois, et en filet les trois mois restant car c’est la période d'agnelage.
Le rythme de pâturage des brebis est raisonné par rapport au temps de repos nécessaire des prairies pâturées. Le temps de retour est de minimum un an, bien qu’il arrive parfois à Lennart et Nanouk de remettre une prairie à pâturer exceptionnellement au bout de 8 mois. Le temps de pâturage est plutôt court, c'est-à-dire inférieur à une semaine, et souvent les brebis restent sur un même site 3 à 4 jours si elles sont gardées. Lorsqu’elles sont conduites en filet, elles restent une journée. Ils font très attention à ne pas surpâturer.
Gestion du troupeau :
Les brebis sont de race raïole principalement (210 têtes) et de race Caussenarde de garrigue pour les 90 brebis restantes qu’il a acquises cette année. S’ils comptent garder les raïoles en pure, ce n’est pas le cas des caussenardes car ils ne souhaitent pas changer de bélier. Par ailleurs, les raïoles étant une race ancienne cévenole, elles sont très adaptées à leur terrain de pâture, et très rustiques.
La rusticité recherché :
- bonne adaptation aux terrains difficiles,
- une bonne marche,
- adaptation à la vie 100% en extérieur,
- résistance immunitaires aux parasites et aux maladies
En effet, ils ne pourraient pas élever des blanches du massif central avec leur système actuel, car elles ne sont pas assez rustiques. A l’agnelage, ils conservent pour l’instant toutes les femelles car ils souhaitent accroître le cheptel. A terme, ils souhaitent renouveler 20% du cheptel, soit 40 brebis pour 300 mères. Ils utilisent uniquement la monte naturelle avec plusieurs béliers.
Taux de mortalité :
En 2023 :
- Ayant acquis des brebis habituées à un système plus intensif, et à des conditions plus douces en bergerie, les deux premières années le taux de mortalité à l'agnelage a été très élevé. En effet les nouvelles conditions ont stressé les brebis conduisant à un taux de mortalité de 20%.
En 2024 :
- Taux de 40% d’avortement à cause de la chlamydiose que le troupeau avait attrapé pendant les estives. Ainsi l’année dernière il a eu 50 agneaux.
Taux de fertilité :
Le taux de fertilité est autour de 0,3-0,5 agneaux par brebis, mais ils ont pour objectif d’arriver à un agneau par brebis. Lennart et Nanouk veulent un troupeau très rustique et préfère donc maintenir l'agnelage à l’extérieur. Cependant, cette année, ils ont trouvé un terrain autour d'une bergerie et comptent l’utiliser s’il y a à un temps pluvieux pendant les agnelages. Ils pensent y abriter les mères et agneaux jusqu’à qu’ils aient 5 jours avant de les remettre dehors avec le reste du troupeau.
État de santé du troupeau :
L’état de santé du troupeau est estimé à vue d'œil, les indicateurs de bien-être sont :
- L’état de la laine. En effet, les premières années, les brebis perdaient leur laine, probablement à cause du stress causé par leur changement de mode de vie. Aujourd’hui, les raïoles vont mieux que les caussenardes nouvellement acquises qui commencent à perdre leur laine (adaptation système plus extensif).
- Observation des crottes des brebis, pour constater des diarrhées et donc des maladies.
- L’état corporel des brebis
Gestion des maladies :
Lennart et Nanouk ne font pas de traitement préventif. Ils utilisent des antibiotiques au cas par cas lorsque cela est nécessaire, ou désinfectent les plaies si besoin.
Ils n’utilisent pas de vermifuge, sauf en cas de besoin chez les brebis. C’est un critère pour eux dans la conduite de leur troupeau. Effectivement, ils ne gardent pas les brebis qu’ils ont dû vermifuger, car ils veulent avoir les brebis les plus rustiques possibles. De même, à terme ils souhaitent ne pas vermifuger les agneaux, mais ils y sont pour l’instant contraint à cause du stress causé par le changement (augmentation de la pression parasitaire). Ainsi, ils font des traitements contre le ténia en début d’estives, c'est-à-dire fin juin, puis un mois après contre la coccidiose.
Garde du troupeau :
Leenart et Nanouk ont une dizaine de chiens de conduite et 5 chiens de protection. Parmi les chiens de conduite ils ont des kelpies et des beaucerons. Ils vont faire un petit élevage de beaucerons pour pouvoir complémenter leur revenu. Parmi les chiens de protection, ils ont 2 kangals, deux berger roumains des Carpathes, et un chien de la serra de Estrela (chien de montagne portugais). Pour protéger le troupeau contre le loup, ils remarquent que s’il y a un seul ou deux chiens de gardes le troupeau n’est pas bien gardé. Ils conseilent d’avoir des classes d’âge au sein de la meute pour que les plus vieux chiens éduquent les jeunes. De plus, ils expliquent qu’il faut avoir suffisamment de chiens pour pouvoir séparer le troupeau tranquillement. D’où le fait d’avoir 4 à 5 chiens de garde.
En 2024, ils ont uniquement perdu 7 brebis à cause du loup.
Commercialisation et stockage de la production
Toute la commercialisation des agneaux se fait en vente directe lorsqu’ils ont 7 à 8 mois. La vente se fait par :
- Bouche à oreille principalement
- Site internet
La majorité des ventes se fait dans les Cévennes auprès d’une population âgée. Ces ventes sont réalisées tout au long de l’année sauf pendant les estives car ils ne sont pas sur la ferme, ce qui leur pose un problème. En effet, cela casse la vente directe, il est donc nécessaire de rappeler les clients de l'année passée dès la fin de l’été.
Vente et prix :
Les agneaux et brebis de réformes sont abattus au Vigan, dans un petit abattoir tenu par des producteurs dans lequel Lennart donne également de son temps. Les agneaux sont vendus à :
- 18€/kg pour une demi-carcasse,
- 17€/kg pour un tiers de carcasse,
- 19€/kg pour un quart de carcasse. Cependant, peu de quart de carcasse sont vendu car ce n’est pas très pratique pour eux sur la répartition de la viande.
Les produits peuvent être également sont écoulés via la plateforme “Pour de bon” auprès de laquelle les produits sont vendus plus chers pour prendre en compte le coût de la livraison par Chronofresh.
Jusqu'à présent, ils ont réussi à vendre l’intégralité des agneaux produits, mais ils considèrent que c’est aussi dû au fait qu’ils n'avaient que 50 agneaux. Ils espèrent en avoir 100 l’année prochaine et en tirer une marge de 150€ par agneau, marge qui décroît si la carcasse est aux alentours de 13-14 kg et qui croit si elle est autour de 16-17kg. Aujourd’hui, ils ont une moyenne autour de 14 kg par carcasse, mais espèrent arriver autour de 15-18 kg/carcasse en moyenne dans les prochaines années.
La viande de brebis de réforme est quant à elle revendue en plats cuisinés, tels que des terrines ou des couscous. Les carcasses des brebis sont transférées à Rogue dans l’atelier de Fabia, puis les bocaux sont revendus dans les magasins locaux autours de l'atelier, dans les Causses dans et dans les Cévennes. En 2023, ils ont réformé 17 brebis.
Freins à la transition
Lennart à identifié plusieurs freins à leur système :
- Tout d’abord, il y a les freins liés au contexte local. En effet, les hivers seraient trop rudes pour les brebis en Savoie, et les étés trop chauds dans le Languedoc. En ayant trois sites, ils ont réussi à contourner ce problème.
- Cependant, cela a pour conséquence qu’ils ne sont jamais vraiment chez eux. Ainsi ils aimeraient à terme engager un berger pour s’occuper des brebis lorsqu’elles sont dans le Languedoc.
- Enfin, Lennart soulève la question de l’adaptation aux changements de l’environnement. “Est-ce que nous saurons suivre la vitesse de ce changement pour s’adapter au fur et à mesure ?”
- Le loup dans les Cévennes représente également un frein qui est cependant compensé par les aides loup de la PAC.
Bilan social
Leenart n’est pas encore totalement satisfait de son système même s’il est content de faire ce qu’il fait. En effet, il reste encore beaucoup d’améliorations. Il est conscient qu’ils se sont installés dans des zones difficiles notamment dans les Cévennes ce qui implique de nombreux défis comme de fortes pentes et une faible ressource fourragère due à la couverture des arbres.
Leenart et Nanouk travaillent tout le temps.
Volet économique
Charges en 2024 :
- Gasoil 6-7000€/an
- 20t de foin 4000€
- Trajet Languedoc - Cévennes 1700€ l'aller-retour en prestation de service
- Trajet Cévennes - Savoie 5000€ l'aller retour (ça reste une grosse charge mais c’est moins cher que d’acheter du foin)
- Leur salaire 3-4000 € brut /mois pour eux deux.
Produits 2024 :
- Marge par agneaux en moyenne 150€ tout dépend du poids de la carcasse.
- Aides de la PAC 80 000€
Leenart et Nanouk se rémunèrent à hauteur de 3 à 4000€/mois pour les deux. Ils considèrent que c’est une rémunération faible mais ça leur permet de “tenir financièrement” pour payer leurs charges personnelles.
Leenart affirme qu’ils sont très dépendant de la PAC. Ils reçoivent les aides des droits au paiement de base (DPB), l’indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN), les aides loups et une mesure de MAEC dans le Parc National des Cévennes. Ils reçoivent en tout 80 000€ de la PAC. Ils pourraient en avoir encore plus en demandant à ce que l’aide loup puisse prendre en charge 80% du salaire d’un berger pendant les estives.
Il y a une belle marge d’amélioration de l’aspect financier car ils sont encore dans une phase d’installation où le cheptel n’a pas atteint la taille voulue, ainsi que son bon fonctionnement (beaucoup d’avortements et haut taux de mortalité). De plus les charges de fonctionnement seront similaires à celles d’aujourd’hui mis à part peut-être l’engagement d’un berger pour 4 mois de l’année (de janvier à avril) dans le Languedoc à hauteur de 3 000€/mois.
Enjeux et perspectives
Conseils pour d’autres agriculteurs
Lennart donnerait les conseils suivants pour les éleveurs ou des personnes voulant s’installer :
- Planifier le pâturage avant la saison en fonction de l’état des parcelles les années précédentes et de la taille du troupeau.
- Être clair sur ce qu'on veut, avoir une ligne directrice. Leenart à l’impression que les éleveurs n’ont pas forcément d’objectifs bien définis.
- Se former sur les objectifs de la ferme, pour trouver continuellement des solutions pour s'améliorer
- Revenir à la base : sol, végétation = alimentation des brebis et derrière on obtient une viande de meilleure qualité
- Rester ouvert d’esprit et utiliser les nouveaux outils/technologies si on en a l’opportunité “sans casser notre créativité”.
Avenir de la profession agricole
Leenart voit assez positivement l’avenir de la profession agricole. Il souligne l’importance de s’adapter face aux différents enjeux locaux et globaux (dérèglement climatique, changement de consommation alimentaire, changements sociétaux…). Il explique que les nouvelles technologies peuvent être très intéressantes pour faciliter la vie des éleveurs à condition qu’elles soient adaptées à la situation et les objectifs des éleveurs.
La version initiale de cet article a été rédigée par Jarod Garin, Coraline Guigou et Lucile Regouby,