Gérer l'ambiance de sa nurserie
Gérer l'ambiance de sa nurserie est primordial pour limiter la mortalité et favoriser la croissance des veaux. L'ambiance regroupe 5 points principaux :
- Le couchage (surface, volume...).
- L'hygiène.
- La ventilation.
- L'abreuvement.
- L'alimentation.
Nous verrons ici comment réfléchir l'ambiance de sa nurserie et quels sont les leviers à activer pour l'améliorer et ainsi assurer le bien-être et la croissance optimale des veaux.
Les risques en cas de défaut d'ambiance
Une mauvaise ambiance est le premier facteur de risque des troubles respiratoires. On estime que pour chaque veau malade, l'éleveur doit dépenser au minimum 150 € de frais de vétérinaire. De plus, cela affectera sur le long terme leur croissance (notamment celle des poumons) et leur carrière.
Une mauvaise ambiance peut aussi être à l'origine de diarrhées à cause du développement des germes environnementaux et de stress thermique. Un défaut d'ambiance est ainsi responsable d'une augmentation de la mortalité des veaux et impacte leur croissance ainsi que leur future carrière laitière.
En cas de mauvaise ventilation, respirer de l'air vicié peut aussi être dangereux pour l'éleveur.
Enfin, un défaut d'ambiance entraîne un vieillissement plus rapide du bâtiment.
Les différents points à réfléchir
Orientation
On oriente le bâtiment en fonction des vents dominants. Ceux-ci dépendent de chaque région, il faut donc regarder la rose des vents pour la région concernée et placer son bâtiment perpendiculairement à ces derniers. Ainsi, le bâtiment sera plus facilement ventilé et profitera de l'effet vent.
Il faut aussi vérifier que le site autour du bâtiment est dégagé. Il est ainsi recommandé qu'il n'y ait pas d'obstacles à moins de 20 mètres du bâtiment.
Ventilation sans courant d'air
Le renouvellement d'air est nécessaire pour une ambiance saine : cela permet d'évacuer la vapeur d'eau (respiration, excrétion…) et les gaz nocifs (NH3, CO2…). Cette ventilation doit cependant se faire sans courants d'air ! Ceux-ci peuvent changer le ressenti en terme de température.
Ainsi, il faut que les quatre côtés du bâtiment possèdent des ouvertures notamment pour l’été. Quand le bâtiment fait plus de 20 mètres de large, il est recommandé d'avoir une faîtière, c'est-à-dire une ouverture au point le plus haut du toit pour profiter de l'effet cheminée.
Il n'y a pas de norme pour limiter ces courants d'air, seulement des recommandations de l'institut de l'élevage. Ainsi, on distingue deux périodes avec deux seuils différents de vitesse d'air :
- L'hiver on accepte un maximum de 0,25 m/s de vitesse d'air pour éviter les coups de froid.
- L'été on tolère une plus haute vitesse d'air, jusqu'à 1 m/s en moyenne.
Une erreur fréquente est de tout fermer en hiver pour garder la chaleur. Cette pratique est à proscrire absolument car cela empêche l'air de circuler. La vapeur d'eau et les gaz nocifs s'accumuleraient et amplifieraient donc les problèmes de santé chez le veau.
Luminosité
La lumière pour les veaux est surtout importante pour leur bien-être et pour un meilleur séchage de la paille. On recommande au moins 100 lux pour les veaux.
Confort thermique
Les veaux sont moins sensibles au froid qu'à la chaleur. Une température supérieure à 10°C est tout de même recommandée pour les premières semaines. Plus le veau grandira, plus il pourra supporter le froid. Les températures optimales dépendront de l'âge. En effet, à sa naissance, le veau n'est encore qu'un monogastrique et son estomac dégage donc beaucoup moins de chaleur (60 W) qu'une vache adulte (1200 W). Il faut aussi éviter les courants d'air et les grandes différences de température : on le limite à 5°C en hiver.
Les veaux sont cependant plus sensibles à la chaleur et aux écarts de température. Le thermomètre est un bon point de repère. Un thermo-hygromètre est encore plus recommandé pour avoir aussi l'humidité relative. La température maximale acceptée pour un veau dépend en effet de cette humidité. On peut mettre le thermomètre à deux mètres au-dessus du veau pour qu'il ne le touche pas, et au-dessus du trottoir (cornadis), pour ne pas gêner l'éleveur lors du curage de l'air paillée.
Il faut aussi éviter les matériaux non isolants comme le béton ou la tôle et plutôt opter pour du bois. On évite aussi de mettre les cases des veaux contre les parois non isolantes.
Pour toute nouvelle construction :
- Il faut isoler la toiture car celle-ci est, dans le bâtiment, le premier poste de rayonnement de chaleur en été et de froid en hiver.
- La lumière doit être amenée latéralement pour ne pas que les veaux aient trop chaud.
- On peut aussi utiliser un bardage amovible, que l'on fermera plus l'hiver mais qu'on ouvrira davantage l'été pour que l'air soit renouvelé. Faire attention cependant à ce que le bardage ne soit pas trop bas pour éviter les retombées d'air froid.
Si ces solutions naturelles ne suffisent pas, on peut utiliser des ventilateurs et, en dernier recours, coupler ceux-ci avec des brumisateurs. Les brumisateurs sont à utiliser obligatoirement avec les ventilateurs pour éviter l'accumulation d'humidité dans le bâtiment qui favoriserait l'apparition de germes environnementaux.
Les écarts de températures entre jour et nuit doivent au possible être limités à une différence de 5°C en hiver et 8°C en été.
Humidité
D'après l'institut de l'élevage, il faut éviter de dépasser 75% d'humidité relative, seuil à partir duquel les germes environnementaux se développent le plus.
Surface et volume du couchage
Les recommandations pour la surface et le volume par veau dépendent de l'âge de celui-ci et du type de logement. Ci-dessous l'exemple pour les aires paillées.
| Âge | Surface
totale (m²/tête) |
Dont aire
paillée (m²/tête) |
Volume d'air
optimal nécessaire (m3/tête) |
|---|---|---|---|
| 0-2 mois | 2,5 | 2 | 5 à 7 |
| 2-6 mois | 3 | 2 | 10 à 12 |
| 6-12 mois | 5 | 2,5 | 15 |
| 12-18 mois | 6 | 3 | 20 |
| 18-24 mois | 8 | 4 | 30 |
| > 24 mois | 10 | 5 | 35 |
Pour réduire les volumes, on peut utiliser des faux plafonds amovibles.
Bien penser à renouveler la paille de manière régulière et vérifier qu'elle reste sèche.
Pour plus d'infos sur les bonnes conditions de couchage des veaux, consultez la page Améliorer la croissance des veaux de 0 à 3 mois.
Autres
Le bâtiment ne doit pas être rempli de poussière et le taux de CO2 doit aussi rester convenable pour éviter un mauvais développement des poumons du veau et un retard de croissance.
Le diagnostic ambiance
Si l'éleveur souhaite évaluer les performances de son bâtiment, éviter les chutes de production et les problèmes sanitaires pendant les périodes critiques, et est intéressé pour aller plus loin dans la compréhension de l'ambiance de son bâtiment, il peut réaliser un diagnostic ambiance.
Ce diagnostic ambiance permet de :
- Améliorer le bien-être des animaux et le confort de travail.
- Accroître les performances de production des animaux.
- Diminuer les charges liées à la santé des animaux.
- Anticiper l'évolution des bâtiments en lien avec le changement climatique.
Le diagnostic ambiance permet à l'éleveur d'être accompagné et de peaufiner ses plans, par exemple d'agrandissement. Après un questionnaire pour identifier la problématique et les pratiques de l'éleveur, l'expert, à l'aide de capteurs, collectera les données à plusieurs points du bâtiment. Il analysera ensuite ces données pour mettre au point avec l'éleveur un plan d'action qui sera adapté à son cas.
Il sera possible de réaliser une contre visite un an après, lors de conditions météo similaires à celle du premier diagnostic réalisé, pour vérifier l'impact des changements effectués et réaliser des ajustements si besoin.
L'entreprise de conseil Eilyps propose par exemple le diagnostic BREEDER AIR. Pour plus de détails, cliquez ici.
Pour aller plus loin
A partir de la 26ème minute :
Annexes
Fiche technique
Fiche technique
Fiche technique
Impacts et actions suite à un stress thermique en élevage bovin
Culture et production
